Violences au sein du couple : quelles solutions pour les victimes et les auteurs ?

Proportionnellement à son nombre d'habitants, la Nouvelle-Calédonie est le territoire français qui a été le plus touché par les morts violentes au sein du couple en 2022. Trois femmes ont été tuées. Le point sur une partie des dispositifs d'aide aux victimes et aux auteurs.

En 2022, trois meurtres par conjoint ont été recensés en Nouvelle-Calédonie. Proportionnellement à son nombre d'habitants, le territoire est le plus touché de France. C'est ce qu'il ressort d'un rapport publié par le ministère de l'Intérieur, ce week-end. Alors qu'une femme a été retrouvée sans vie dans un champ à Thio, fin août, rappel d'une partie des dispositifs existants pour se mettre à l'abri et se faire soigner. 

1Transport et accueil d'urgence

Joignable au 05 30 30, la plateforme d'écoute gratuite et anonyme SOS écoute est reliée à un dispositif de transport et d'accueil d'urgence en familles. Créé en 2019, il fonctionne grâce à 37 transporteurs et 36 familles, tous bénévoles et formés, répartis dans les huit aires coutumières, îles Loyauté comprises. 

Les écoutants sont également en lien avec les services de police et de gendarmerie. Ils sont joignables du lundi au samedi, de 9 heures à 1 heure, et le dimanche, de 9 heures à 13 heures et de 17 heures à 1 heure. En dehors de ces horaires, le 17 prend le relais. 

En cas d'urgence, il est également possible d'envoyer un SMS au 50 00 67, gratuitement toujours. Nom, prénom, téléphone et adresse de la victime sont demandés pour organiser une intervention rapide des secours et la mise à l'abri par un transporteur dans une famille d'accueil.

Un dispositif d'accueil des victimes est par ailleurs en place au Médipôle. Il est ouvert du lundi au vendredi et joignable 20 83 40. 

2L'arsenal législatif

L’arsenal législatif pour protéger les victimes et prévenir les récidives de violences intrafamiliales, qu’elles soient physiques ou psychologiques, est de plus en plus étoffé. "En trente ans, des progrès énormes ont été faits dans la prise en compte et la rapidité de traitement de ces dossiers", note Anne-Marie Mestre, présidente de SOS Violences

La loi de juillet 2020 autorise par exemple la levée du secret médical si sont constatés un danger imminent et l’incapacité pour la victime de se prendre en charge. Pour aider à libérer la parole, depuis octobre 2022, les établissements de santé peuvent aussi valider un dépôt de plainte simplifié. Ce qui évite de passer par la case commissariat et favorise la discrétion. 

Les victimes peuvent également saisir le juge aux affaires familiales pour demander une ordonnance de protection rapide. Le procureur peut alors délivrer un téléphone appelé grave danger. Ou, depuis octobre 2022, imposer le port d'un bracelet anti-rapprochement au conjoint violent. Un dispositif géolocalisable.

Parce que parler n'est pas facile, les victimes peuvent appeler SOS Violences au 50 11 11, un numéro gratuit, pour être accompagnées dans les démarches judiciaires. 

3Bientôt un centre d'hébergement pour les auteurs ?

"C’est important que les femmes sachent qu’il n’y a pas une équation mathématique : 'si je dis quelque chose, il va aller au Camp-Est'. Ça peut être : 'si je parle, il va être pris en charge, on va lui offrir la possibilité d’aller mieux'", souligne Anne-Marie Mestre. Des stages de responsabilisation peuvent ainsi être ordonnés par la justice. 374 personnes y ont déjà participé, sur les 811 orientées par le tribunal. Les stages sont organisés par le Relais, le service de traitement des violences conjugales et intrafamiliales de la province Sud. 

À Nouméa et deux fois par mois à La Foa et à Bourail, le Relais propose une aide psychologique, juridique, éducative et sociale gratuite aussi bien aux victimes qu'aux auteurs. Pour compléter le dispositif, un centre d’hébergement pourrait être créé pour ces derniers en 2024. Une réunion en ce sens a été tenue au haut-commissariat le 31 août, annonce Anne-Marie Mestre.