"Sur la période d'octobre à décembre, nous avons payé 4,5 milliards xpf de ces factures", Oraihoomana Teururai a relevé le challenge avec brio depuis sa nomination en septembre dernier. C'est d'ailleurs pour ces compétences que sa ministre de tutelle, Minarii Chantal Galenon Taupua, l'a sollicité en urgence pour faire taire la polémique "Jambet" et relever l'OPH. L'administration croulait alors sous les dettes, d'abord envers les fournisseurs, puis à cause de loyers impayés.
La situation commence à s'équilibrer, il y a eu l'embauche du nouvel agent comptable, beaucoup de soutien des agents de l'OPH et du conseil d'administration. C'est un jeune, il a essayé !
Minarii Chantal Galenon TaupuaMinistre du Logement
"Désolé" de démissionner
Éponger les dettes et redresser une entreprise, Oraihoomana a su faire, mais le management et la gestion des ressources humaines, c'est une autre affaire... Le jeune homme a préféré se retirer tant qu'il le pouvait encore. Son intérim était de six mois avant d'être confirmé au poste de directeur. Il a finalement posé sa démission mercredi 17 janvier. Un choix qu'il assume pleinement devant ses employés -attristés par la nouvelle- et les médias.
Je suis désolé que les salariés de l'entreprise aient du apprendre cette nouvelle dans la presse avant que j'ai pu leur annoncer moi-même. Mais au-delà de ça (...), je souhaite les remercier vivement : j'ai eu la chance d'avoir un personnel de qualité, qui a su se fédérer autour de leur directeur général.
Oraihoomana Teururai
Et après ?
Les délais de paiement sont à peu près revenus à la normale bien que l'OPH affiche toujours une dette de 2 milliards XPF due aux loyers impayés qui reste encore à recouvrer. "Évidemment que les résorber du jour au lendemain n'est pas chose aisée. Il faut comprendre déjà les raisons de ces impayés et mettre en place les actions qui vont bien surtout dans l'accompagnement" commente Oraihoomana Teururai. Cette tâche reviendra donc à son succésseur dont le nom n'est pas encore connu. La ministre a annoncé qu'un appel à candidature allait être lancé mais il faudra décider des modalités.
J'ai l'intention de mettre en place un jury, et ce jury sera composé des membres du conseil d'administration qui connaissent bien les besoins de l'OPH. J'ai demandé à ce que les ministres ne soient pas membres du jury mais c'est sûr que j'aurai le dernier mot avec le président du Pays.
Minarii Chantal Galenon TaupuaMinistre du Logement
En attendant, Toriki Ateni, directeur adjoint de l'OPH, prend les rênes de l'administration par intérim. Ce dernier ne s'est d'ailleurs pas encore positionné sur son souhait de candidater ou pas sur le poste.
Si Oraihoomana Teururai envisage de rester au sein du conseil d'administration afin de poursuivre son travail sur la feuille de route stratégique des actions à mener pour relever définitivement l'OPH de cette mauvaise situation financière, une partie du personnel s'inquiète de le voir quitter la direction.
Aujourd'hui on est dans le flou. Ce qui m'intéresse, c'est l'intérêt général de la boîte. Et on est contents de son travail ! Qui sera la prochain directeur ? Si c'est pour ruiner l'OPH, on n'est pas d'accord. Je pense que ça suffit. On ne va pas revenir derrière, il faut qu'on avance.
Jean-Pierre TefaafanaReprésentant du syndicat A ti'a i mua
Une partie des salariés inquiets
Car en effet, une certaine instabilité demeure au sein de l'office polynésien de l'habitat depuis plusieurs années. Après une grève en 2020, les syndicalistes avaient à nouveau protesté en 2021. Cette année-là, Jean-Pierre Tefaafana pointait alors du doigt une mauvaise optimisation du personnel et le non-paiement des fournisseurs et des entreprises qui dépendent de l’OPH, entre autres.
En un an, trois démissions se sont succédées au poste de directeur, pour différentes raisons. Moana Blanchard, Yan Jambet puis Oraihoomana Teururai... "Je me pose beaucoup de questions" livre Jean-Pierre Tefaafana, en espérant que cette démission ne soit véritablement pas lié à une quelconque mésentente avec le ministère. "Les salariés soutiennent ce directeur" insiste le syndicaliste. Mais Oraihoomana Teururai rassure une fois pour toute : "ils ont été un peu frustrés de me voir partir. Malgré la rigueur que j'ai imposé, ils ont su apprécier le travail que j'ai réalisé pour eux et pour la population. J'entends leur peine mais ils respectent le choix que j'ai fait. Je les remercie."