Les machines à glace sont mises à disposition des coopératives de pêche, pour les pêcheurs professionnels, ainsi que des particuliers. Il y en a 12 à Tahiti, 37 au total en Polynésie française, ainsi que neuf chambres froides.
Ces machines à glace appartiennent à la Direction des Ressources Marines (DRM), qui les gère dans le cadre d'un service public.
Moana Mamaatuaiahutapu, le directeur adjoint de la DRM, explique : "Une fois qu'on a le foncier, soit communal, soit Pays, on peut engager la procédure d'aménagement du site, pour mettre à disposition la machine à glace. La procédure qui nous concerne au niveau de la DRM, qui est de mettre à disposition l'équipement en prêt."
Cependant, la gestion des machines à glace par certaines coopératives de pêche fait l'objet de critiques de la part de pêcheurs.
Par exemple, lors de l'inauguration de la nouvelle marina de Vaitupa, le 10 mai 2024, des pêcheurs côtiers se sont manifestés avec colère. Des pêcheurs de Faa'a ont regretté le refus catégorique d'Albert Tapi, dit "Bébé Gros", président de la coopérative de Motu Ovini Rava'ai de Faa'a, de leur permettre d'acèer à la marina et de leur fournir de la glace.
Ralph Van Cam, le président du syndicat des pêcheurs côtiers, argumente : "C'est pas pareil de dire qu'ils ne veulent pas payer, non. On dit on va dialoguer encore, ça fait neuf mois que ça dure. Moi je dis, c'est tellement simple de leur donner le bip [du portail, NDLR], de les laisser rentrer, qu'ils puissent accèder à leur outil de travail [leur bateau, NDLR], qu'on leur donne la glace."
Cette situation soulève des questions sur la gestion équitable et transparente des moyens de production de glace, mis à disposition des professionnels de la pêche par les autorités. Le 31 janvier 2025, la direction des ressources marines a donc décidé de mettre fin à ce conflit, en arrêtant la machine à glace de la marina de Vaitupa.
Le maire de Faa'a, Oscar Temaru, dont la commune est propriétaire du site de Vaitupa, envisage de prendre le contrôle de la machine, ou d'acheter tout simplement une nouvelle machine à glace qui restera la propriété de la mairie. Or, fin mai 2024, le maire avait sommé la coopérative Motu Ovini Rava'ai de quitter les lieux, une décision pas encore appliquée à ce jour.
Albert Tapi, le président de la coopérative Motu Ovini Rava'ai, déclare : "Si ça continue comme ça, peut être que la mairie va acheter une machine à glace. La commune va choisir à qui donner. Je ne comprend pas, ici à Faa'a, le quai appartient à la mairie, sauf la machine à glace, qui appartient à la DRM."
C'est le cas à Rangiroa, où la machine à glace a été entièrement financée par la mairie, pour les pêcheurs des atolls des Tuamotu de l'ouest.
Lorsqu'une commune a besoin de se procurer de la glace, elle en fait la demande, par écrit à la DRM, pour obtenir un équipement. La gestion de la station de glace peut alors être assurée par la mairie , comme c'est le cas à Hitia'a et Mataiea, ou bien par une coopérative.
"La DRM va étudier cette demande, si effectivement elle est envisageable ou pas. Est-ce qu'il n'y a pas déjà une machine à glace juste à côté ? Est-ce que la demande de machine à glace est vraiment justifiée ?" précise Moana Mamaatuaiahutapu, le directeur adjoint de la DRM.
À la presqu'île, la coopérative Hava'e de Teahupo'o a bénéficié de deux machines. L'une fournit jusqu'à une tonne de glace pour la quinzaine de pêcheurs affiliés à la coopérative. Et l'autre, jusqu'à deux tonnes, lorsqu'il y a de grands évènements, comme les concours de pêche, ou les compétitions de surf comme la Teahupo'o Pro.
"Il y a des conditions pour entrer dans la coopérative. Il faut être licencié [comme pêcheur professionnel, NDRL]. Il faut être résident de Teahupo'o. Il faut avoir son permis de navigation à jour. Et il faut un capital... enfin, on avait versé un capital de 20.000 francs" détaille Elvina Parker, la présidente de la coopérative Hava'e.
À Paea, la glace est destinée prioritairement aux pêcheurs professionnels, comme c'est le cas ailleurs. Ils représentent environ 70% de la production de la glace, tandis que les particuliers en consomment 30%.
Les coopératives ont la possibilité de fixer les tarifs. Entre 12 et 20 francs pacifiques le kilo, conformément à la réglementation de la direction des ressources marines.
"Par contre, nous pouvons naviguer à l'intérieur de ces prix. Ça signifie qu'on peut faire descendre si on veut, mais pas au-dessus. On ne doit pas être au-dessus. [On navigue entre ces prix, NDLR] en fonction de la rentabilité, parce qu'il y a quand même des charges pour entretenir toutes ces machines. Il y a un site à entretenir. Un employé à payer" tient à souligner Wilber White, le secrétaire de la coopérative Tamarii Rava’ai no Paea.
La direction des ressources marines a enregistré à ce jour, 360 pêcheurs côtiers actifs, et 2.000 pêcheurs lagonaires détenant une carte CAPL, délivrée par la chambre d'agriculture et de la pêche lagonaire.