Chez nos voisins de Nouvelle-Calédonie, les opposants au dégel électoral se mobilisent depuis plusieurs jours pour faire entendre leur voix. La question divise les Calédoniens et provoque des tensions. Le projet de loi constitutionnelle destiné à élargir le corps électoral pour les élections provinciales agite le Pays. L'examen du texte a débuté lundi 13 mai à l'Assemblée nationale.
Les opposants au projet ont manifesté violemment aux quatre coins du pays. Manifestations, feux, entraves à la circulation, interpellations, services publics perturbés : la journée et la soirée de lundi ont été très agitées sur le Caillou. Dans certains secteurs, le spectacle est désolant. Mardi matin, la compagnie Aircalin a même décidé d'annuler ses vols internationaux.
Une femme, qui devait accoucher, a été évacuée en urgence au Médipôle, mais elle n’a pas pu passer les barrages. Le bébé est mort in utero.
Un communiqué du haut-commissariat de la Nouvelle-Calédonie indique de "graves troubles à l'ordre public", annonce de "nombreux blessés" sans gravité parmi les forces de l'ordre, "de nombreux dégâts à Nouméa et dans l'agglomération", ainsi que "36 personnes interpellées qui seront présentées à la justice dans la journée." Le représentant de l'Etat en Calédonie "condamne avec la plus grande fermeté ces actes de violence" et décide dans l'urgence de prendre les mesures suivantes :
- Couvre-feu mardi 14 mai de 18 heures à 6 heures du matin, qui pourra être reconduit autant que nécessaire.
- Interdiction de tout rassemblement sur l'agglomération du grand Nouméa.
- Interdiction de transport et port d'armes sur tout le territoire calédonien.
- Interdiction de vente d'alcool sur tout le territoire.
Aiata Tarahu, depuis la Nouvelle-Calédonie, mardi 14 mai au matin (heure locale) :
Que dit ce fameux projet de loi ?
Depuis 2007, seules les personnes inscrites sur les listes électorales avant la date des accords de Nouméa de 1998 ainsi que leurs descendants peuvent voter aux élections provinciales. Les résidents arrivés après 1998 et de nombreux natifs sont, de fait, exclus du scrutin. Le dégel du corps électoral, voté par le Sénat début avril, prévoit ainsi d'autoriser les personnes nées en Calédonie ou domiciliées depuis au moins dix ans à voter aux prochaines provinciales. Ce qui ajouterait 25 000 votants, selon les estimations du gouvernement.
Un texte sensible qui trouble les négociations entre loyalistes et indépendantistes, sur l’avenir institutionnel de l’Archipel.
Après son examen par les députés et leur vote mardi, le projet de loi sera mis en pause, a informé l’entourage d’Emmanuel Macron dimanche. Le président de la République souhaite engager une série de rencontres avec les partenaires Calédoniens, à Paris.