Rendez-vous ce lundi avec un ancien locataire de la résidence des jeunes travailleurs (RJT). Il a bénéficié du dispositif et pu profiter d'un loyer réduit de 20 000 xpf, tout près de Papeete, le temps de décrocher un CDI. Mais lorsque le foyer a fermé, il a dû se démener avec un salaire modeste, pour retrouver un toit à prix décent.
C’était un tremplin pour nous, comme une passerelle. Cela nous permettait de nous rapprocher de la ville. Ça a été compliqué parce-qu'il a fallu faire les recherches le plus vite possible, il n’y avait pas le temps pour trouver un truc un décent. Il m’a fallu six mois pour pouvoir trouver un endroit à moi, ça été dur mais voilà, j’y suis arrivé.
Ancien locataire
Des loyers exorbitants
Comme ce jeune homme, ils sont environ 30 000 jeunes actifs en Polynésie, avec les mêmes difficultés de logement. 100 000 xpf minimum pour un studio sur Papeete... Alors, lorsque la résidence des jeunes travailleurs a ouvert, les demandes ont explosé : 21 places selon l'AISPF et une liste d’attente à rallonge… D’abord entre les mains de l’Agence immobilière sociale de Polynésie (AISPF), puis finalement rattachée à la Délégation pour la prévention de la délinquance de la jeunesse, le bâtiment a été repeint par les artistes du festival Ono'u et fièrement inauguré par le gouvernement Fritch, un an après la signature des premiers baux.
Réglementer ou fermer
Problème : la RJT ne dispose alors d’aucun cadre légal et creuse un trou dans les caisses de la DPDJ, selon le service, qui le loue 9 millions xpf, reversés dans le budget général du Pays au lieu de la DPDJ. Lors du changement de gouvernement, la nouvelle ministre de la Jeunesse Nahema Temarii et le nouveau chef de service de la DPDJ Teiva Chan, ont constaté ces anomalies.
"Nous avons pris la décision de mettre un terme à ce dispositif pour pouvoir recentrer la DPDJ sur son cœur de mission, qui est, au-delà d’une jeunesse responsable, la prévention de la délinquance. Comment chercher à héberger les jeunes primo salariés si on ne cherche pas d’abord à les insérer socialement et professionnellement ?" répond-il.
Aucun projet pour les jeunes travailleurs
Pas de projet de logement en cours, donc, pour les jeunes actifs du côté du ministère de la Jeunesse. Rien non plus du côté du ministère du Logement. À la Cité Grand de Pirae, le panneau de la résidence n'a pas encore été retiré même si le bâtiment est désormais utilisé comme hébergement d’urgence.
Cette résidence est revenue à l’OPH. J’avais besoin d'un hébergement d'urgence pour les familles sinistrées ou en difficultés, à savoir qu'il y a seize logements de disponible. Actuellement il y a huit familles qui habitent là-bas, des familles sinistrées de Mahina et de Faaa.
Minarii Galenon, ministre du Logement et des Solidarités
Une aide qui leur ait accordée temporairement assure Minarii Galenon, ministre du Logement et des Solidarités, suite aux inondations du 12 février 2024 et à l'incendie de Heiri le 20 janvier.
Jeunes actifs et couples sans enfants aidés par l'AISPF
L’AISPF propose l'unique aide existante pour les jeunes travailleurs en Polynésie. "25 logements à destination des jeunes actifs pour la deuxième année. (...) De plus en plus, on leur parle de colocation parce que je pense que c’est un changement de mentalité qu’il faut adopter avec la pression de la location immobilière ça peut être une solution" explique Vaiatu Frogier, directrice de l’association RAHU ORA - AISPF.
Moins de cinq des jeunes actifs de la RJT ont pû en bénéficier lors de la fermeture du bâtiment, et des dizaines de dossiers sont en attente malgré toute la bonne volonté des cinq employés de l’AISPF.
Depuis début 2024, l'Agence propose également une nouvelle aide au logement sur critères destinée aux jeunes couples sans enfants - pour l'instant limitée à cinq ménages.