Matahi Drollet réitère son message : "la nature va perdre une autre bataille"

Matahi Drollet fait une deuxième vidéo devant les travaux du PK 0, pour s'opposer à la décision des organisateurs des JO 2024 de garder la tour en aluminium, même en plus légère.
Après sa première vidéo vue 20 millions de fois, Matahi Drollet réitère son message dans une seconde vidéo. Malgré les ajustements concédés par le comité olympique et le Pays, le nouveau projet de tour "plus sobre" menace toujours l'environnement aux yeux du surfeur.

Dans sa nouvelle vidéo, Matahi Drollet fait intervenir Mati Hoffmann, qui a participé à la construction de la tour en bois. Ce dernier affirme que, creuser de nouvelles fondations dans le platier, engendreraient des dégâts inévitables. De son côté, Moetai Brotherson avait tenté de minimiser les choses au micro de nos confrères de TNTV : "on a l’impression que c’est le Centre Vaima qu’on allait construire sur le platier. Non. On n’est pas dans le gigantisme. On a vu les conditions dans lesquelles les plots seraient posés. Je pense qu’on a toutes les garanties" avant de revoir sa copie avec une tour plus petite mais toujours en aluminium et sur de nouvelles fondations. Elle est d'ailleurs presque déjà entièrement construite et il ne serait financièrement pas envisageable de laisser le projet à l'abandon au vu des investissements engagés. 

La tour en aluminium actuellement en construction.

À cet argument s'ajoute celui du respect des normes de sécurité, inlassablement mis en avant par le comité des jeux olympiques et son président Tony Estanguet. Les organisateurs s'appuient par ailleurs sur le travail d'experts et se targuent d'être accompagnés d'un comité pour la transformation écologique des Jeux. Mais, comme l'avait déjà souligné Cindy Otcenasek, la présidente de l'association Vai Ara No Teahupoo, Matahi Drollet regrette de ne jamais avoir pu mettre la main sur ces fameuses études d'impact "malgré des centaines de demandes auprès du gouvernement. Certaines personnes nous confient même qu'elles ne peuvent rien dire à ce sujet. Est-ce que vous essayez de nous cacher quelque chose ?" interroge le surfeur. 

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Tour à tour, Matahi Drollet s'adresse à Anne Hidalgo puis à Moetai Brotherson.

La maire de Paris, dont le voyage à Tahiti avait beaucoup fait parler de lui et fait désormais l'objet de signalements, avait déclaré dans le Quotidien de Yann Barthès sur TF1 : "lorsque je suis arrivée en Polynésie cette contestation a été assez virulente et le président de la Polynésie que j'ai vu avec qui on a travaillé, m'a dit : je préfère que tu ne viennes pas sur la vague." Ce que Matahi conteste fermement en disant que, depuis le début des protestations, les habitants de Teahupoo ralliés à la cause ont manifesté "pacifiquement et sans violence".  

Le surfeur polynésien rappelle aussi au président du Pays ce "bon moment avec vous un dimanche matin en vous montrant le lagon et l'esprit de Teahupoo. Alors, entendre qu'on aurait pu mettre en danger la maire de Paris est offensant. Aucune compétition au monde ne devrait endommager l'écosystème". 

Titouan Bernicot, fondateur de Coral Gardeners, vient appuyer les arguments de Matahi. "Ce projet aura un impact sur l'écosystème de Teahupoo. Aujourd'hui, il est difficile de prédire les conséquences mais une chose est sûre : il y a aura un impact. Chaque fois que l'on modifie l'environnement, les conséquences apparaissent plusieurs années après, et il est alors trop tard pour agir. Les coraux sont les poumons et les forêts de nos océans et ils produisent 50 pourcent de l'oxygène que l'on respire tous les jours." Ce dernier alerte également sur le fait que les coraux pourraient avoir complètement disparus d'ici 2050. 

"Il y a toujours un impact" avait aussi admis Tony Estanguet avant de revoir le projet -à savoir une tour de 9 tonnes contre 14 tonnes initialement prévues et d'autres caractéristiques détaillées par voie de communiqué. 

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Pour autant, le surfeur n'est pas rassuré par ce nouveau projet. "Je me devais de faire une deuxième vidéo pour vous dire qu'ils nous mentent. (...) Je regrette que les enjeux financiers prennent le dessus sur l'environnement.

La pétition lancée par l'association Vai Ara o Teahupoo le 16 octobre dernier réunit désormais plus de 166 000 signataires.