Y a-t-il eu méprise sur le sujet des hausses de rémunération pour les catégories D ? La rencontre prévue mercredi soir à la présidence aurait permis d'éclaircir certains points. La FRAAP avance que le pays n'a pas respecté son engagement, d'augmenter de "20 points" le salaire des agents de catégorie D. Moetai Brotherson avait précisé sur nos ondes qu'il s'agissait de revaloriser de 20 points les premiers échelons - soit les plus bas salaires de la catégorie D - et s'occuper par la suite des autres échelons de cette même catégorie.
Or, lors du conseil supérieur de la fonction publique (CSFP), il a été décidé en présence des syndicats CSTP-FO et A ti'a i mua une augmentation de 5 points pour l'ensemble de la catégorie D et plus largement tous les cadres d'emploi.
Le ton est monté d'un cran du côté de la FRAAP, qui a alors menacé de déposer un nouveau préavis de grève dès le début de l'année prochaine. Pour Gérard Barff, il n'a jamais été question de 5 points : "il fallait dire : est-ce que c'est 20, 10, 15... Il n'y a pas de 5 points ! Le départ c'est 20 points, et la dernière catégorie - c'est par échelon - on arrive à 10 points, ceux qui sont en fin de carrière". Le secrétaire général délégué de la FRAAP a accusé le gouvernement et le président de se "foutre de sa gueule".
Invitée sur notre plateau le 27 décembre au lendemain du rendez-vous manqué avec le syndicat, la ministre de la fonction publique admet avoir fait quelques ajustements depuis la signature du protocole d'accord, considérant que tout le monde méritait sa part du gâteau.
"Ce n'est pas tout le monde qui en aurait profité"
"C'est justement de cela qu'on voulait discuter avec la FRAAP. Ce que président avait annoncé, c'est une augmentation de 20 points sur les plus faibles salaires, pas pour l'ensemble des catégories D", confirme Vannina Crolas. Mais "on a pris une alternative en deux temps. (...) Avec la majorité des membres du CSFP, on a accepté d'augmenter dans un premier temps pour l'ensemble des catégories D de 5 points avant d'entamer une refonte en profondeur de tous les cadres d'emploi notamment des catégories D pour une amélioration durable des rémunérations" justifie-t-elle.
Parce que si on avait effectivement appliqué ce qui avait été convenu lors de la signature du protocole d'accord, on aurait augmenté la rémunération de 683 agents sur 1 852 donc ce n'est pas tout le monde qui en aurait profité.
Vannina Crolas, ministre du Travail et de la Fonction publique
Les syndicats CSTP-FO et A ti'a i mua sont d'accord avec cette proposition. Mais est-ce que l'argument sera suffisant aux yeux de la FRAAP pour ne pas partir en grève ? "On peut les comprendre parce que cela fait douze ans que leur situation n'a pas été la priorité des gouvernements précédents. Mais la revalorisation des catégories D n'était pas prévue cette année au CSFP. Il était prévu au premier CSFP de l'année prochaine mais on a accepté suite au protocole d'accord de les insérer dans les priorités qui avaient été définies, notamment les infirmiers et les assistants sociaux éducatifs qui ne sont pas reconnus à leur juste valeur. On a voulu également, par principe d'équité et d'égalité de traitement, à une compétence égale, avoir le même niveau de rémunération. Donc on a accepté d'intégrer et de mettre en place une mesure d'urgence pour les catégories D. Et ils vont entrer dans le même cycle de refonte , cette fois-ci de tous les cadres d'emploi. La fonction publique date de 95 et donc effectivement il y a des améliorations, des ajustements à faire" poursuit la ministre.
Les prestataires touristiques craignent une nouvelle grève
Après avoir bloqué des milliers de passagers début décembre, un second débrayage pourrait avoir de lourdes conséquences sur l’activité aéroportuaire et le secteur touristique. Sur ce point, la FRAAP s'était déjà exprimée : "c'est aussi au président de bien réfléchir. S'il y a des problèmes, désolé les touristes et les pensions de famille, adressez-vous au président : pourquoi il ne respecte pas l'engagement qui a été fait ?" a lâché Gerard Barff.
Par ailleurs, il faudra équilibrer ces augmentations de salaire. Vannina Crolas parle de sacrifice et envisage de "réajuster des postes, en fonction des priorités qu'on aura discutées avec l'ensemble des organisations syndicales".
La ministre ajoute que la porte du président et de son ministère restent ouvertes, si la FRAAP accepte d'entamer des discussions.