1965-2022 : La Réunion et l’élection présidentielle, toute une histoire

La Réunion est devenue une étape incontournable dans la course à la Présidentielle. Réservoir de voix non-négligeable, les candidats la courtisent. De 1965 à aujourd’hui, les Réunionnais ont voté souvent dans la tendance nationale, mais parfois aussi à contre-courant.

Etape à part entière de la campagne électorale, La Réunion voit généralement défiler les candidats à l’élection présidentielle. Cette année, le Covid rebat les cartes.  

Gauche, droite, abstention, comment votent les Réunionnais ? Comment leur vote a-t-il évolué dans le temps ? S’inscrit-il dans la tendance nationale ou à contre-courant ? Quelle place pour les extrêmes ?  

Regardez l'histoire de la Présidentielle à La Réunion en dessins : 

2017, les résultats inédits de la dernière Présidentielle

Rappelez-vous les résultats de 2017 à La Réunion. Cette année-là, Jean-Luc Mélenchon arrive en tête du premier tour de l’élection présidentielle à La Réunion avec 24,53% des voix, suivi de Marine Le Pen, 23,46%, et d’Emmanuel Macron, 18,91%. Ce dernier remporte finalement le second tour dans le département, comme au niveau national.  

Emmanuel Macron est élu président de la République avec 60,25% des suffrages réunionnais, contre 66,10% au niveau national. Marine Le Pen récolte 39,75% des voix, contre 33,9% à l’échelle nationale.  

L’abstention atteint des records lors de ce scrutin. Elle culmine à 37,1%, contre 25,4% au national.  

La Réunion, réservoir de voix

Département le plus peuplé d’Outre-mer, l’île constitue un réservoir de voix non-négligeable. Un réservoir qui n’a cessé de croire ces dernières décennies, passant de 161 000 électeurs en 1965 à près de 640 000 électeurs en 2017, puis 675 000 en 2022..  

Etape incontournable de la campagne électorale

La Réunion apparaît au fil du temps comme l’une des étapes incontournables de la campagne électorale. Les candidats s’y pressent et ne ménagent pas leurs efforts lors de visites au programme généralement très chargé.  

Mais comme tous les domaines, la campagne électorale connaît un "avant" et un "après" Covid-19. Les meetings se font de plus en plus rares, tout comme les bains de foules. Dans cette course à l’Elysée quelque peu chamboulée, certains candidats ont choisi d’annuler, ou avec plus d’optimisme de "reporter", leur visite de présidentiable, d’autres l’ont maintenue.  

Marine Le Pen, candidate du Rassemblement National, était à La Réunion les 19 et 20 décembre derniers, après s’être rendue à Mayotte. Fin février, Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, passait quatre jours dans l’île intense, meeting compris. Report de visite en revanche pour Yannick Jadot et Eric Zemmour, dont les séjours étaient respectivement prévus en janvier et fin février.

La Réunion et la campagne, toute une histoire

De tout temps La Réunion a vu passer les candidats au fauteuil de président de la République. François Mitterrand est venu, "sans faire campagne" selon lui, en 1980 et 1988. C’est d’ailleurs en concorde qu’il reviendra la seconde fois.  

Jacques Chirac, venu en 1988 avec au programme de sa visite un arrêt par un élevage porcin, est revenu en 1994, pour une campagne de proximité toujours mais dans les familles cette fois, pour assurer son élection en 1995.  

Durant la campagne pour l’élection de 1995, l’accueil a été plus difficile pour Jean-Marie Le Pen. Des opposants ont manifesté contre le candidat du Front National. A l’époque, le chanteur de maloya, Danyèl Waro, avait été blessé une semaine plus tôt par un militant du Front National, à Saint-Gilles.     

Edouard Balladur est aussi venu à La Réunion cette année-là, et le slogan "Balladur un candidat sûr" s’affichait sur les pancartes. Lionel Jospin a, lui, rencontré Gramoun Lélé dans sa case à Bras-Fusil, puis a donné un grand meeting de campagne à Saint-Denis, toujours en 1995.  

En 2002, il revient et donne un meeting sur le parking du lycée professionnel de Saint-Pierre. Puis, c’est le défilé. Ségolène Royal en 2006, en 2011 et 2012 viennent François Bayrou, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Eva Joly ou encore Jean-Luc Mélenchon. Ce dernier revient en 2017, tout comme François Fillon, Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon et Emmanuel Macron.

D’abord à droite, le vote bascule à gauche en 1988

Des candidats de tous bords, qui courtisent une Réunion d’abord à Droite. Charles De Gaulle en 1965, Georges Pompidou en 1969 ou Valéry Giscard d’Estaing en 1981 recueilleront les votes réunionnais, avant que La Réunion ne "bascule" à Gauche en 1988, concourant ainsi à la réélection de François Mitterrand, puis de François Hollande en 2012.  

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Vote à contre-courant

Un vote à gauche, parfois même à contre-courant du national, comme en 1995 où les Réunionnais préfèrent le candidat socialiste Lionel Jospin à celui du RPR Jacques Chirac, qui remporte pourtant le vote national.  

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Face à Nicolas Sarkozy élu en 2007, La Réunion choisit une fois encore la gauche, préférant Ségolène Royal contrairement au reste du pays.  

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La Réunion et les "extrêmes"

De par l’ancrage local fort du PCR (Parti Communiste Réunionnais), le vote communiste tient une place particulière à La Réunion. En 1981, Georges Marchais arrive 2ème au premier tour, avec près de 22% des suffrages réunionnais, contre 15,35% au niveau national. En 1995, Robert Hue dépasse localement les 10%.    

En 2017, l’extrême gauche termine en tête du premier tour. Le candidat de La France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, recueille 24,53% des voix réunionnaises, contre 19,58% au national.  

Un autre extrême émerge lors de ce dernier scrutin : le Rassemblement National. Sa candidate, Marine Le Pen, totalise 23,46% des suffrages à La Réunion au 1er tour, un score record dans l’île pour le parti. De 1995 à 2007, il n’y dépassait pas les 5%. 

Deux extrêmes forts, face à Emmanuel Macron, élu au second tour par 60,25% des voix réunionnaises et un taux d’abstention, jamais égalé dans l’île, de 37%.

L’abstention, grande gagnante

Et si la grande gagnante était finalement l’abstention ? Lors de la dernière élection présidentielle, elle a battu des records. A La Réunion, comme au niveau national, les électeurs semblent de plus en plus durs à convaincre. Le taux d’abstention reste cependant plus fort à La Réunion.  

Avis donc aux 12 candidats en lice pour la Présidentielle de 2022. 

Les 12 candidats de l'élection présidentielle de 2022.