Une vingtaine de planteurs de cannes de l'UPNA (Unis pour nos agriculteurs) se sont donnés rendez-vous devant la préfecture ce mercredi matin du 25 janvier 2023. Pour contrer le temps pluvieux, ils sont venus équipés de chapiteaux, et avaient sorti les marmites pour un petit pique-nique partagé.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Car le but ce mercredi est de se rendre visible auprès du préfet, par qui ils demandent à être entendus. A l'ordre du jour, leurs nombreux problèmes de trésorerie, évoqués déjà lors d'une réunion de concertation samedi dernier à Sainte-Rose.
"On est incapables de relancer cette filière"
Ce qui les préoccupe depuis plusieurs jours, c'est le manque de trésorerie qui les frappe au lendemain d'une campagne sucrière désastreuse. Alors que l'inflation a fait exploser les prix des intrants, et qu'ils doivent déjà préparer la campagne 2023, les planteurs de canne sont venus expliquer leur désarroi. "La canne pou moin, lé au point mort", constate Nicolas Hoarau, planteur de cannes. "Au prix excessif de l'engrais, ma la diminué de moitié, et mi koné mi sa perde encore en tonnage parce que mi peu pa met' l'engrais au niveau habituel", alerte l'agriculteur de Saint-Joseph. Pendant ce temps, ses dettes s'accumulent. "Les banques n'acceptent pas facilement de suivre par rapport aux endettements en cours, il faut payer les prêts."
"Avec l'inflation qui dépasse le monde agricole, les agriculteurs subissent des augmentations énormes : ils n'arrivent plus à valoriser leurs champs par manque de trésorerie. Les banques leur ferment les portes, ils n'arrivent plus à payer leurs cotisations ni leurs impôts... On est incapables de relancer cette filière en 2023.
Dominique Clain, président de l'UPNA
L'attribution des 14 millions d'euros problématique
Le syndicat agricole souhaite être reçu par le préfet, et a rédigé une motion à son attention. Il souhaite plus particulièrement aborder le sujet du versement de l'aide des 14 millions d'euros, obtenue lors des négociations de la convention canne 2022-2027, destinée à compenser les surcoûts liés aux augmentations.
Problème : le mode de calcul pour son attribution prend en compte le nombre d'hectares de cannes exploité par chaque agriculteur, et non le tonnage réalisé. Comme le font valoir les syndicats depuis le mois de décembre, ce mode de versement porterait préjudice aux petits planteurs, qui sont aussi ceux qui éprouvent le plus de difficultés.
Un appel à l'intersyndicale
En décembre déjà, au lendemain de Noël, l'UPNA avait manifesté son mécontentement devant les locaux de la Direction de l'Agriculture, de l'Alimentation et des Forêts. À ce jour, Dominique Clain assure n'avoir reçu aucun retour, malgré les courriers envoyés au Département, au ministère, à la DAAF, ou encore aux députés européens. "Nous ferons part de ce problème au préfet encore une fois. Ce que nous voulons, c'est 11,23 euros par tonne de cannes, et non les 703 euros par hectare, c'est la meilleure solution pour relancer cette filière", estime Dominique Clain.
Ce dernier appelle d'ailleurs "les collègues de l'intersyndicale à nous rejoindre dans ce combat pour sauver le monde agricole".