La campagne sucrière n'a pas démarré que les planteurs sont déjà inquiets. Le motif de leur inquiétude, c'est d'ailleurs le retard de démarrage de cette campagne 2023 pour le bassin Nord-Est.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Les cannes matures, la main d'oeuvre prête
Mais les planteurs eux, s'apprêtaient à démarrer dès la fin juin. Les cannes sont arrivées à maturité, et la main d'oeuvre est prête à commencer la coupe. D'où l'inquiétude des planteurs adhérents du syndicat UPNA (Unis pour nos agriculteurs), rassemblés ce mercredi pour pousser un coup de gueule.
La main d'oeuvre contrainte au chômage technique
"Les salariés attendent que la campagne démarre pour livrer les cannes et travailler. Nous voulons démarrer cette campagne de bonne heure pour relancer la campagne suivante", peste Dominique Clain, président de l'UPNA et agriculteur dans l'Est.
"Les cannes sont matures, les fleurs sont en train de s'éparpiller et les rats sont en train d'attaquer les champs. La main-d'oeuvre est obligée d'aller au chômage technique, on risque de perdre ces gars qui vont aller travailler avec quelqu'un d'autre et en début de campagne ou retrouv a ou sans ouvriers"
Dominique Clain, président de l'UPNA
Envoyer les cannes au Gol en attendant
Pour le président de l'UPNA, les problèmes de chaudières entre Albioma et Tereos n'ont pas à interférer dans la campagne. "Ce qu'on demande, c'est qu'on prenne nos cannes pour les envoyer sur le Gol, pour cuire le maximum de cannes coupées à la main et avec la coupeuse péi et qu'on se mette déjà dans le bain de la campagne 2023", dit Dominique Clain.
Couper pour libérer les terrains et lancer la campagne 2024
Car pour les planteurs, l'urgence est de pouvoir couper les cannes mûres pour libérer les terrains, et enchaîner sur la préparation de la campagne suivante.
"Si on veut relancer la campagne 2024, il faut démarrer celle de 2023 le plus tôt possible, la première semaine de juillet"
Dominique Clain, président de l'UPNA
Selon le syndicat, plus le début de la campagne est retardé, plus les conséquences seront lourdes. "Arrivés au mois de novembre ça va nous pénaliser encore une fois sur la richesse et sur l'entretien de nos champs", peste Dominique Clain.
"Broyer 7 000 tonnes par jour"
Jean-François Sababady, président du Mouvement des paysans solidaires de La Réunion, était présent aux côtés de l'UPNA ce mercredi. Selon son calcul, en démarrant la campagne fin juillet, il serait "impossible" de broyer les 650 000 tonnes de cannes prévues à l'usine de Bois Rouge. "Il faudrait en 100 jours broyer 7 000 tonnes par jour sans tomber en panne. C'est impossible", estime-t-il. Pour lui, il faudrait déjà commencer le broyage des cannes à l'usine du Gol vers le 15 ou le 20 juillet pour remplir les objectifs de la campagne.
"C'est très inquiétant que dans le bassin Nord-Est, 1 400 planteurs doivent se soumettre à un retard d'un mois d'Albioma. (...) C'est un très mauvais signal pour la relance"
Jean-François Sababady, Mouvement des paysans solidaires de La Réunion
Afin de faire bouger les lignes, l'UPNA entend interpeller le préfet, la DAAF, et le ministère de l'Agriculture.
Une prévision d'1,350 million de tonne de cannes sur la campagne 2024
Ces inquiétudes s'ajoutent aux prévisions du CPCS suite à de récents sondages, fixant à 1,350 million de tonne le volume de cannes qui seraient coupées lors de la campagne 2023. "À chaque fois que le CPCS annonce des chiffres on est toujours en dessous. Il y a beaucoup de terrains agricoles en friche. Je ne suis pas confiant", lâche Dominique Clain de l'UPNA, rappelant à quel point la dernière campagne sucrière avait été mauvaise avec son 1,3 million de tonnes de cannes.
L'an dernier déjà, les usines avaient déjà commencé à broyer tardivement, après deux semaines de conflit et la signature de la convention canne.