"C'est un immeuble-épave... Un bidonville moderne !", lancent sans hésiter Virginie Dorimont et Maryline Zitte. Ces deux locataires de la résidence Flacourt, à Sainte-Marie, ne cachent pas leur inquiétude teintée aussi d'agacement.
Depuis deux ans que l'affaire est médiatisée, les habitants de l'immeuble subissent toujours des infiltrations ainsi que cette vie au milieu d'un chantier permanent. Car les murs, consolidés par une cinquantaine d'étais, continueraient de se fissurer. Ils s'écarteraient toujours de quelques millimètres chaque année.
Revoir le reportage de Réunion La 1ère :
"On vit dans la peur"
"Quand il pleut, il y a des cascades", commentent avec ironie nos deux mères de famille. "On vit dans la peur qu'il se passe quelque chose..." Aujourd'hui, les locataires demandent qu'un nouvel arrêté de péril ordinaire soit prononcé pour une mise en sécurité définitive de leurs logements. Mais rien n'a véritablement changé depuis le premier arrêté prononcé en novembre 2020 par un expert judiciaire.
Interpellé, la SIDR avait répondu aux locataires qu'il n'y avait pas de danger immédiat pour les résidents. Et le combat s'est poursuivi sur le terrain judiciaire avec... une condamnation du bailleur social à verser un total de 100 000 euros de dommages et intérêts à une trentaine de familles pour leur avoir loué ces logements indécents.
Des résident qui attendent des solutions concrètes
Et depuis ? Pas grand chose, déplorent Virginie et Maryline. "Nous, on veut que ça avance, qu'il y ait du concret", lancent-elles dépitées. "Au niveau de la SIDR, on n'a pas de vraies réponses, ni de vraies solutions".
Les résidents sont toujours soutenus par la Confédération nationale du logement dans cette bataille. Erick Fontaine, administrateur de l'organisation, y va lui aussi de sa petite note d'humour : "C'est le seul immeuble de France qui est mobile !", lance-t-il.
La CNL toujours mobilisée
"C'est un immeuble de la honte où on loge des Réunionnais et l'on voit qu'au fil des années, rien n'est entrepris pour arrêter la dégradation de cet immeuble", estime le défenseur des locataires en difficulté.
"Les locataires ont interpellé le maire qui a eu le "privilège" de visiter ce taudis. Il a écrit au bailleur social et au préfet et nous avons renouvelé notre demande d'arrêté de péril ordinaire au bailleur parce qu'il s'agit d'une situation inadmissible aujourd'hui".
Une visite du maire
Mais bien que le maire Richard Nirlo se soit déplacé, aucun arrêté de péril n'a pour l'instant été pris. L'arrêté obligerait pourtant le bailleur à effectuer des travaux sous des délais imposés par la municipalité.
Aux yeux d'Erick Fontaine et des locataires qu'il représente, les logements "deviennent de plus en plus indécents, voire insalubres". Les travaux de restauration sont estimés à hauteur de 5 à 6 millions d'euros. Un comble pour un "immeuble neuf qui n'a pas 7 ans", relève encore le représentant de la CNL qui estime que le seul levier pour faire réagir la SIDR reste le levier financier. Il entend ainsi demander la suspension du versement des loyers.