Quarante-neuf personnes sont actuellement en quatorzaine stricte à Saint-Pierre, après être venues de métropole ou de l’étranger. Marie Daoudal, journaliste à SPM la 1ère, est arrivée le 5 avril. Elle raconte son quotidien à l’hôtel Robert, dont elle ne sort sous aucun prétexte.
"Bonsoir, vous pouvez aller directement dans votre chambre. La clé est sur la table, mais en principe vous n’en aurez pas besoin car vous ne sortirez pas pendant votre séjour." Depuis mon arrivée à Saint-Pierre et Miquelon, le dimanche 5 avril, je suis logée à l’hôtel Robert. J’ai une chambre avec kitchenette, plus spacieuse que le petit studio parisien où je vivais auparavant. Je n’en sors jamais, à part pour faire quelques pas sur le balcon. Un collègue fait mes courses et m’apporte de la nourriture régulièrement. La gérante de l’hôtel me donne de temps à autre un balai et descends mes poubelles. Bref, je vis confortablement sans mettre le nez dehors. Je suis sur l’archipel depuis maintenant neuf jours et je ne sais même pas à quoi ressemblent les rues et les bâtiments du quartier où j’habite.
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Je savais, en me rendant à Saint-Pierre, que je serai mise en quatorzaine stricte. Depuis le 20 mars, tous les nouveaux arrivants sont soumis à cette mesure, destinée à éviter la propagation du nouveau coronavirus sur le territoire. Sur l'archipel, il n'y a pour le moment qu'un seul cas de Covid-19 confirmé. Cela signifie que nous devons nous confiner seuls ou avec nos compagnons de voyage pendant une durée de 14 jours, à l’issue de laquelle nous serons soumis à un test de dépistage du nouveau coronavirus. Ceux qui habitent ici n’ont pas le droit de rentrer chez eux s’ils ont de la famille à la maison. Ils sont, comme moi, logés dans une chambre d’hôtel réquisitionnée par l’État. Nous ne pouvons pas sortir pour faire nos courses ou de l’exercice. En cas de problème de santé, nous devons rester enfermés et appeler le 15. En fait, nous n’avons pas le droit de sortir du tout.
Ma vie ici peut sembler solitaire. Elle l’est un peu. Pourtant, j’ai des interactions sociales presque tous les jours. Ma famille et mes amis restés confinés en métropole m’appellent souvent – parfois sans penser au décalage horaire, à mon grand désarroi. On organise des apéros virtuels, on joue à des jeux en ligne et on spécule sur la fin du confinement. Mes parents me demandent ce qu’il y a de neuf dans ma vie. "Aujourd’hui, j’ai réussi à faire marcher la télévision !" "Super, ma chérie."
Chaque matin, je reçois aussi un appel de l’autorité territoriale de santé. Au début, ils voulaient que je leur dise si j’avais des symptômes et quelle était ma température – je dois la prendre matin et soir, et la noter sur une feuille qui m’a été remise à l’aéroport. Désormais, après une semaine de quarantaine stricte, ils me demandent simplement comment je vais. "Bon, très bien. Dans ce cas, à demain !" lancent-ils quand je réponds que tout va bien.
Autre rendez-vous quotidien, celui avec les gendarmes. Ils passent, à heure variable, pour s’assurer que je respecte la quatorzaine. Parfois, ils s’arrêtent pour papoter, à un mètre de ma porte, et s’assurer que je n’ai besoin de rien. "C’est la première fois que vous venez à Saint-Pierre ? Ca doit faire bizarre de ne pas pouvoir visiter. Vous allez voir, on est bien ici."
Dans l’ensemble, je vis plutôt bien ma quatorzaine. J’ai la chance de pouvoir télétravailler et échanger avec mes nouveaux collègues. Cela occupe mes journées. Je ne sais pas si je serais aussi guillerette si je n’avais pas à écrire des articles comme celui-ci. Je sais qu’il existe un service de soutien psychologique pour les personnes isolées, on m’en a parlé à l’aéroport. Pour le moment, je ne ressens pas le besoin d’appeler.
Quand je ne travaille pas, je cuisine, lis ou regarde la télévision. Je mets souvent Saint-Pierre et Miquelon la 1ère. Pas parce que je suis "corporate", mais parce que je veux en savoir plus sur cet archipel où je vais vivre pendant six mois. Dimanche soir, j’ai ainsi appris dans un documentaire que Saint-Pierre et Miquelon était une plaque tournante du trafic d’alcool pendant la Prohibition américaine.
Quand il fait beau, je sors sur le balcon et scrute les environs. La mer au loin, avec parfois des passants qui se promènent – les chanceux ! – pendant leur heure de balade autorisée. Et les maisons voisines de l’hôtel. L’une d’entre elles a une porte à l’étage, qui ne donne sur aucun escalier. Je passe une bonne partie de cette quatorzaine à me demander pourquoi.
Il n’y a que le week-end où je n’ai vraiment rien à faire. Mes journées sont alors moins rythmées – et plus sujettes à l’ennui. Pour éviter de déprimer, je me lance des défis. Pour Pâques, j’ai décidé de me lever tôt et de faire du sport grâce à des cours en ligne. Ca n’a pas duré longtemps. Je me suis vite retrouvée à honorer une tradition pascale bien plus réjouissante : la dégustation (en très grande quantité) de chocolats.
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Actuellement, je réfléchis à d’autres activités pour occuper les jours à venir. J’ai déjà effectué la moitié de ma quatorzaine. Les huit prochains jours passeront vite. J’espère surtout que mon test Covid-19 se révèlera négatif, sans quoi je devrai rester en quarantaine. J’ai hâte de pouvoir enfin marcher dans la rue et faire mes courses moi-même… attestation dérogatoire de sortie en poche, bien évidemment.
À lire aussi > Coronavirus : les coulisses d'un voyage Paris - Saint-Pierre au temps du confinement
Je savais, en me rendant à Saint-Pierre, que je serai mise en quatorzaine stricte. Depuis le 20 mars, tous les nouveaux arrivants sont soumis à cette mesure, destinée à éviter la propagation du nouveau coronavirus sur le territoire. Sur l'archipel, il n'y a pour le moment qu'un seul cas de Covid-19 confirmé. Cela signifie que nous devons nous confiner seuls ou avec nos compagnons de voyage pendant une durée de 14 jours, à l’issue de laquelle nous serons soumis à un test de dépistage du nouveau coronavirus. Ceux qui habitent ici n’ont pas le droit de rentrer chez eux s’ils ont de la famille à la maison. Ils sont, comme moi, logés dans une chambre d’hôtel réquisitionnée par l’État. Nous ne pouvons pas sortir pour faire nos courses ou de l’exercice. En cas de problème de santé, nous devons rester enfermés et appeler le 15. En fait, nous n’avons pas le droit de sortir du tout.
Des coups de fil quotidiens
Ma vie ici peut sembler solitaire. Elle l’est un peu. Pourtant, j’ai des interactions sociales presque tous les jours. Ma famille et mes amis restés confinés en métropole m’appellent souvent – parfois sans penser au décalage horaire, à mon grand désarroi. On organise des apéros virtuels, on joue à des jeux en ligne et on spécule sur la fin du confinement. Mes parents me demandent ce qu’il y a de neuf dans ma vie. "Aujourd’hui, j’ai réussi à faire marcher la télévision !" "Super, ma chérie."
"Je dois vérifier tous les jours que je n'ai pas de symptômes."
Chaque matin, je reçois aussi un appel de l’autorité territoriale de santé. Au début, ils voulaient que je leur dise si j’avais des symptômes et quelle était ma température – je dois la prendre matin et soir, et la noter sur une feuille qui m’a été remise à l’aéroport. Désormais, après une semaine de quarantaine stricte, ils me demandent simplement comment je vais. "Bon, très bien. Dans ce cas, à demain !" lancent-ils quand je réponds que tout va bien.
Autre rendez-vous quotidien, celui avec les gendarmes. Ils passent, à heure variable, pour s’assurer que je respecte la quatorzaine. Parfois, ils s’arrêtent pour papoter, à un mètre de ma porte, et s’assurer que je n’ai besoin de rien. "C’est la première fois que vous venez à Saint-Pierre ? Ca doit faire bizarre de ne pas pouvoir visiter. Vous allez voir, on est bien ici."
Rythmer ses journées
Dans l’ensemble, je vis plutôt bien ma quatorzaine. J’ai la chance de pouvoir télétravailler et échanger avec mes nouveaux collègues. Cela occupe mes journées. Je ne sais pas si je serais aussi guillerette si je n’avais pas à écrire des articles comme celui-ci. Je sais qu’il existe un service de soutien psychologique pour les personnes isolées, on m’en a parlé à l’aéroport. Pour le moment, je ne ressens pas le besoin d’appeler.
Quand je ne travaille pas, je cuisine, lis ou regarde la télévision. Je mets souvent Saint-Pierre et Miquelon la 1ère. Pas parce que je suis "corporate", mais parce que je veux en savoir plus sur cet archipel où je vais vivre pendant six mois. Dimanche soir, j’ai ainsi appris dans un documentaire que Saint-Pierre et Miquelon était une plaque tournante du trafic d’alcool pendant la Prohibition américaine.
"Je suis un peu jalouse des personnes qui ne sont 'que' confinées. Alors que beaucoup ne sortent pas tellement plus que moi."
Quand il fait beau, je sors sur le balcon et scrute les environs. La mer au loin, avec parfois des passants qui se promènent – les chanceux ! – pendant leur heure de balade autorisée. Et les maisons voisines de l’hôtel. L’une d’entre elles a une porte à l’étage, qui ne donne sur aucun escalier. Je passe une bonne partie de cette quatorzaine à me demander pourquoi.
Il n’y a que le week-end où je n’ai vraiment rien à faire. Mes journées sont alors moins rythmées – et plus sujettes à l’ennui. Pour éviter de déprimer, je me lance des défis. Pour Pâques, j’ai décidé de me lever tôt et de faire du sport grâce à des cours en ligne. Ca n’a pas duré longtemps. Je me suis vite retrouvée à honorer une tradition pascale bien plus réjouissante : la dégustation (en très grande quantité) de chocolats.
À lire aussi > Conseil scientifique : un déconfinement "prudent et progressif peut se discuter" à Saint-Pierre et Miquelon
Actuellement, je réfléchis à d’autres activités pour occuper les jours à venir. J’ai déjà effectué la moitié de ma quatorzaine. Les huit prochains jours passeront vite. J’espère surtout que mon test Covid-19 se révèlera négatif, sans quoi je devrai rester en quarantaine. J’ai hâte de pouvoir enfin marcher dans la rue et faire mes courses moi-même… attestation dérogatoire de sortie en poche, bien évidemment.