Transport maritime : D'importantes pertes de produits frais après un nouveau déroutage vers la Colombie

Des fruits moisis sont arrivés par le bateau ce lundi 20 mars au matin, signe d'un retard dans la livraison mais aussi suite à un problème de réfrigération d'un des conteneurs.
Des marchandises livrées ce lundi 20 mars par bateau ont dû être jetées. Les causes : des conteneurs déviés en Colombie et la défaillance du système de réfrigération de l'un d'entre eux. Dix-sept clients sont impactés par d'importantes pertes de produits frais. Un grossiste de l'archipel exprime son regret face à cette situation.

C'est devenu une mauvaise habitude. Un nouvel acheminement de marchandises en provenance d'Europe dérouté vers Carthagène en Colombie cause une fois encore des pertes pour les commerçants, les restaurateurs et les consommateurs de Saint-Pierre et Miquelon. C'est la troisième déviation de ce type depuis janvier. Et manque de chance, à cela s'ajoute la défaillance d'un conteneur et de son système de réfrigération. 

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Alain Beaupertuis est grossiste. Il devait livrer des produits à 17 clients. Ce lundi matin, lors de l'ouverture du conteneur, force a été de constater que de nombreux produits devaient être détruits. 

Le conteneur a eu un dysfonctionnement depuis au moins 10 jours. Il est monté à 25° Celsius en température pour un container qui doit rester entre +2 et+4 degrés.

Alain Beaupertuis, grossiste

Alain Beaupertuis trouve cette situation une nouvelle fois très regrettable : "sur les trois conteneurs que l'on a reçus, c'est le deuxième qui se promène en Colombie et qui génère des pertes énormes. A un moment donné, on se demande si on doit continuer, car travailler dans ces conditions, ce n'est pas possible".

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A l'intérieur du conteneur du grossiste, des produits frais et des marchandises pour les fêtes de Pâques.

Pour faire venir un container de produits frais, entre le moment de la commande et l'arrivée à Saint-Pierre et Miquelon, il faut compter deux mois.

Alain Beaupertuis, grossiste

Pertes financières et mécontentement des clients

Alain Beaupertuis se demande s'il doit continuer ou non son activité dans ces conditions. Pour lui, "Saint-Pierre et Miquelon est le dernier souci de l'État" [...] On a donné tellement de pouvoir aux transporteurs maritimes qu'on en est là maintenant".

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Des pertes qui "auront un impact sur le prix de vente des marchandises". Alain Beaupertuis précise que ces problèmes sont dûs au transporteur maritime mondial Hapag-Llyod : "Cela n'a rien à voir avec la délégation de service public".

Pour le grossiste local, "Ils font ce qu'ils veulent, quand ils veulent. Plutôt que de "perdre" une journée à attendre dans un port, ils préfèrent aller dans un port où ils vont être déchargés aussitôt. Ils se moquent des conséquences que ça peut avoir sur une petite population comme nous". 

Des produits frais invendables.

Absence de produits frais aussi à Miquelon

Du côté des commerçants de Miquelon, la déception est une nouvelle fois à son comble. La perte des marchandises est aussi pour Marina Detcheverry, gérante d'un commerce de la commune "un manque à gagner pour moi et un manque de produits frais pour la population".

C'est un problème qui devient récurrent, c'est usant de travailler dans ces conditions.

Marina Detcheverry, gérante d'un commerce

Pour cette gérante, l'alternative la plus rapide est de faire venir les produits frais du Canada. Des biens de premières nécessités arrivent d'Halifax une fois par semaine.

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En ce qui concerne les marchandises en provenance d'Europe, il est parfois difficile de fournir la clientèle de Miquelon en fromage, en charcuterie et en produits laitiers français. Même les chocolats de Pâques avaient pris la direction de la Colombie.