C'est devenu une mauvaise habitude. Un nouvel acheminement de marchandises en provenance d'Europe dérouté vers Carthagène en Colombie cause une fois encore des pertes pour les commerçants, les restaurateurs et les consommateurs de Saint-Pierre et Miquelon. C'est la troisième déviation de ce type depuis janvier. Et manque de chance, à cela s'ajoute la défaillance d'un conteneur et de son système de réfrigération.
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Alain Beaupertuis est grossiste. Il devait livrer des produits à 17 clients. Ce lundi matin, lors de l'ouverture du conteneur, force a été de constater que de nombreux produits devaient être détruits.
Le conteneur a eu un dysfonctionnement depuis au moins 10 jours. Il est monté à 25° Celsius en température pour un container qui doit rester entre +2 et+4 degrés.
Alain Beaupertuis, grossiste
Alain Beaupertuis trouve cette situation une nouvelle fois très regrettable : "sur les trois conteneurs que l'on a reçus, c'est le deuxième qui se promène en Colombie et qui génère des pertes énormes. A un moment donné, on se demande si on doit continuer, car travailler dans ces conditions, ce n'est pas possible".
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A l'intérieur du conteneur du grossiste, des produits frais et des marchandises pour les fêtes de Pâques.
Pour faire venir un container de produits frais, entre le moment de la commande et l'arrivée à Saint-Pierre et Miquelon, il faut compter deux mois.
Alain Beaupertuis, grossiste
Pertes financières et mécontentement des clients
Alain Beaupertuis se demande s'il doit continuer ou non son activité dans ces conditions. Pour lui, "Saint-Pierre et Miquelon est le dernier souci de l'État" [...] On a donné tellement de pouvoir aux transporteurs maritimes qu'on en est là maintenant".
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Des pertes qui "auront un impact sur le prix de vente des marchandises". Alain Beaupertuis précise que ces problèmes sont dûs au transporteur maritime mondial Hapag-Llyod : "Cela n'a rien à voir avec la délégation de service public".
Pour le grossiste local, "Ils font ce qu'ils veulent, quand ils veulent. Plutôt que de "perdre" une journée à attendre dans un port, ils préfèrent aller dans un port où ils vont être déchargés aussitôt. Ils se moquent des conséquences que ça peut avoir sur une petite population comme nous".
Absence de produits frais aussi à Miquelon
Du côté des commerçants de Miquelon, la déception est une nouvelle fois à son comble. La perte des marchandises est aussi pour Marina Detcheverry, gérante d'un commerce de la commune "un manque à gagner pour moi et un manque de produits frais pour la population".
C'est un problème qui devient récurrent, c'est usant de travailler dans ces conditions.
Marina Detcheverry, gérante d'un commerce
Pour cette gérante, l'alternative la plus rapide est de faire venir les produits frais du Canada. Des biens de premières nécessités arrivent d'Halifax une fois par semaine.
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En ce qui concerne les marchandises en provenance d'Europe, il est parfois difficile de fournir la clientèle de Miquelon en fromage, en charcuterie et en produits laitiers français. Même les chocolats de Pâques avaient pris la direction de la Colombie.
Là on n'a pas vraiment de solutions. Maintenant j'espère que Neoline sera la solution pour approvisionner Saint-Pierre et Miquelon dans des délais plus courts.
Marina Detcheverry, gérante d'un commerce
Alliance Europe songe à des alternatives
Du côté du transporteur local, les responsables sont conscients de la situation. Outre la défaillance d'un des conteneurs, ces déroutages récurrents vers la Colombie deviennent un véritable problème. La directrice d'Alliance Europe discutera cette semaine avec ses clients pour trouver des solutions au plus vite.
On a identifié des possibilités de transports avec d'autres transporteurs dont une en particulier. Nous allons en parler avec nos clients notamment pour l'acheminement des produits frais.
Valérie Chemla, directrice d'Alliance Europe
Des discussions sont aussi en cours avec le transporteur transatlantique Hapag-Llyod "pour avoir des conditions qui soient compatibles avec l'acheminement des marchandises jusqu'à Saint-Pierre et Miquelon".
Il faut que l'on réussisse à obtenir des conditions qui soient acceptables et qui n'engendrent pas de frais supplémentaires trop importants.
Valérie Chemla, directrice d'Alliance Europe
Alliance Europe cherche donc des solutions avec des délais de transports légèrement supérieurs notamment pour les produits frais. "Aujourd'hui, on a donc identifié un autre transporteur qui pourrait éventuellement acheminer ces conteneurs avec un temps de transport identifié sur le moment à 31 jours et qui pourrait aller jusqu'à 38 jours dépendamment de la logistique".
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En ce qui concerne les produits frais en provenance de France, il faudra patienter jusqu'au 24 avril, date du prochain arrivage dans l'archipel.
Voyez le reportage d'Élise Marné et Aldric Lahiton.