Y a-t-il “volonté de Calédonie ensemble, de l’Eveil océanien et de l’Union calédonienne de faire tomber le dix-septième gouvernement” ?
Une déclaration télévisée
Son président, Louis Mapou, se posait la question, dimanche 21 octobre, au journal télévisé de NC la 1ère dont il était l'invité politique. Si une telle stratégie n'est pas avérée à ce jour, elle est nourrie par les communiqués émanant de deux des partis évoqués.
Deux plans de reconstruction
Au cœur du conflit, le plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction, le fameux S2R. Après sa présentation par le chef de l'exécutif, jeudi 17 octobre, au centre Tjibaou de Nouméa, voici ce qu'écrit Philippe Gomès. "Louis Mapou, signe le patron de Calédonie ensemble, n'a relayé aucune des requêtes du plan quinquennal exprimées par le Congrès à l'Etat en août dernier. Comme si le gouvernement n'était pas l'émanation du Congrès mais une institution autonome ne rendant de comptes à personne."
Des communiqués
Même écho du côté de l'Eveil océanien, comme le montre cet extrait de communiqué : "Nous constatons malheureusement que depuis le gel des discussions sur le pacte nickel, notre gouvernement est en roue libre et le fossé avec le Congrès est désormais comparable à la fosse des Mariannes." Faut-il voir là une volonté de faire chuter le gouvernement ? Le parti de Milakulo Tukumuli répond que ce n'est pas à l'ordre du jour.
Des critiques
"C'est un constat, qui devient factuel, sur une situation, délicate, qui existe entre le gouvernement de la Calédonie et le Congrès", déclare le conseiller Eveil océanien Vaimu'a Muliava, en ajoutant : "Je peux bien en parler, j'étais au gouvernement." Avant d'en démissionner fin août, juste avant que le Congrès ne renouvelle ses instances. "Dire que derrière, il y a une stratégie, ça, c'est un peu trop s'avancer", assure-t-il. Les griefs portés semblent donc liés à la méthode du gouvernement. Quoi qu'il en soit, pour l'instant, ni Calédonie ensemble ni l'Union calédonienne n'ont souhaité réagir à l'interrogation exprimée par le président Mapou.
Une analyse de Thérèse Waïa et Nicolas Fasquel :
Un gouvernement effectif depuis trois ans
Le dix-septième gouvernement collégial calédonien, dirigé par un indépendantiste pour la première fois depuis l'Accord de Nouméa, a été élu par le Congrès en février 2021. Justement après la chute du précédent liée à une démission des indépendantistes. Il a ensuite mis cinq mois à désigner sa présidence, le 8 juillet suivant.
11 membres
À ce jour, il est composé de :
- quatre membres de la plate-forme Avenir en confiance (Isabelle Champmoreau, Thierry Santa, Yoann Lecourieux et Christopher Gygès) ;
- trois membres Uni (Louis Mapou, Yannick Slamet et Adolphe Digoué) ;
- trois membres UC-FLNKS et Nationalistes (Gilbert Tyuienon, Mickaël Forrest et Laurie Humuni) ;
- ainsi qu'un membre Calédonie ensemble (Jérémie Katidjo-Monnier).
Les cas de figure possibles
Il existe différents cas de figure qui peuvent causer la démission de fait et le renouvellement du gouvernement collégial :
- après les élections provinciales, qui entraînent la recomposition du Congrès et ensuite l'élection du gouvernement.
- si le président ne peut plus exercer sa fonction.
- si c'est le cas pour un membre de l'exécutif, sans que ses suivants de liste ne puissent le remplacer.
- si une motion de censure est adoptée au Congrès. Pour être recevable, elle doit être signée par un cinquième des élus du boulevard Vauban (onze). Il lui faut ensuite être votée à la majorité absolue, ce qui représente 28 voix.