EN IMAGES. Un défilé du 1er-Mai à Nouméa encore plus politique que d’habitude

Parmi les slogans mis en avant durant le défilé du 1er mai 2024, l'opposition à l'ouverture du corps électoral.
Les participants à la marche organisée chaque 1er mai à Nouméa par l'USTKE appellent à la défense des travailleuses et travailleurs. Mais il s'agit aussi de refuser le dégel du corps électoral tel qu'il se profile au Parlement, de réagir à la situation politique locale et d'évoquer la crise du nickel.

La marche a commencé aux alentours de 9h30. En ce 1er-Mai 2024 à Nouméa, elle est partie comme d’habitude de la Deuxième Vallée-du-Tir, à hauteur du siège de l’USTKE. Le traditionnel défilé qui marque la journée internationale des travailleuses et travailleurs a traversé la route, entre deux lignes de voitures forcées à la patience, et a commencé à longer la grande rade dans une ambiance animée et bon enfant.

Départ de la marche du 1er mai à Nouméa ©René Molé / NC la 1ère

"Dire notre Non ferme au dégel du corps électoral"

"Le message dans ce 1er-Mai, pour l’USTKE, en tant que syndicat indépendantiste, est bien entendu un message politique", résume la présidente du syndicat, Mélanie Atapo. "On se remobilise encore, et on profite de cette tribune du 1er-Mai, pour dire notre Non ferme au dégel du corps électoral." Interview par David Sigal et Thierry Chapuis.

©nouvellecaledonie

Les organisateurs annoncent environ cinq mille participants, quand les forces de l'ordre en décomptent quelque 2 500. 

Des participants de tous les âges, à cette marche du 1er mai.

Présence forte de la CCAT

Ce qui change des années précédentes, c’est notamment la présence d’un cortège estampillé CCAT. La Cellule de coordination des actions de terrain n’existait pas, au moment du défilé 2023, elle a été créée en fin d’année dernière. Vitrine d’une partie de la mouvance indépendantiste et souverainiste, elle participe en force.

Le cortège de la CCAT à la marche organisée par l'USTKE le 1er mai 2024, à Nouméa.

L'enjeu du corps électoral

En toile de fond, donc, le bras de fer actuel : l’ouverture du corps électoral qui se profile à travers le projet de loi constitutionnelle bientôt examiné par les députés. 

Le contexte politique et institutionnel est évoqué en bonne place.

Sur les banderoles

“Corps électoral gelé non négociable”, lit-on sur une banderole. Sur une autre, portée en tête d’un cortège, il est marqué : “Toutes leurs lois scélérates n’y feront rien : tôt ou tard, la nation kanak sera libre, indépendante et souveraine.” “Comment construire un avenir de paix ?”, interroge celle-ci, en ciblant le camp loyaliste et en évoquant “tous ces oiseaux migrateurs qui viennent ici pour foutre le bordel”. Des slogans liés au nickel, aussi, notamment à la défense de l’usine du Nord.

La mobilisation a une dimension syndicale, politique et économique. Avec l'enjeu de la crise traversée par la filière nickel et la mise en sommeil de l'usine du Nord, outil du rééquilibrage.

À noter également le soutien exprimé à la cause palestinienne.

Cms-ContentHasMedia_19549202

Appel du FLNKS à participer

Le bureau politique du FLNKS a expressément appelé "à prendre part" à cette marche organisée par l'USTKE. Rappelons que le dernier congrès du front a entériné la possible "intégration des groupes indépendantistes et nationalistes" tels que l'USTKE ou son prolongement politique qu'est le Parti travailliste. Une réflexion est menée pour adapter la charte du FLNKS dans cet objectif.

Défilé du 1er mai 2024 à travers le centre-ville de Nouméa, sur le chemin du retour vers la Vallée-du-Tir.

La marche a suivi le front de mer, contourné la place des Cocotiers et rejoint son point de départ à la mi-journée.

Le reportage de David Sigal et Thierry Chapuis

L'USTKE et son traditionnel défilé du 1er mai ©nouvellecaledonie

Manifestation aussi à Paris

À Paris aussi, une action a associé 1er-Mai et opposition au dégel du corps électoral. C'était à l'appel d'un collectif appelé Cellule de coordination solidarité pour la Kanaky. Plusieurs centaines de personnes se sont mobilisées. La CGT leur a apporté son soutien. Voyez ce reportage de Gervais Nitcheu et Nordine Bensmaïl. On y entend Michel Lolo, membre de la CCSK ; Marie-Line Sakilia, élue sans étiquette au Congrès ; et Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

©nouvellecaledonie