Après le congrès du FLNKS, une motion politique ferme et un communiqué cinglant contre les actions de blocage

Conférence de presse du FLNKS le 26 mars 2024, à Nouméa.
"Exigé", le retrait du projet de loi constitutionnelle sur l'ouverture du corps électoral. "Illégitime", la troisième consultation. "Irréversible", le processus de décolonisation. Le FLNKS a présenté la motion qui suit le congrès tenu samedi à Dumbéa. Son bureau politique s'est aussi fendu d'un communiqué sans concession, face à la mobilisation sociale et politique qui cible le gouvernement Mapou.

Si besoin était, le FLNKS se fend d'un message clair, juste avant que le projet de loi constitutionnelle soit examiné par le Sénat. Dans la motion issue du 42e congrès, tenu à Dumbéa samedi, il "réaffirme son opposition ferme au dégel du corps électoral citoyen et à la modification de la répartition des sièges du Congrès". Des "parties intégrantes de l'accord global" envisagé pour écrire le futur du pays.  

Demande de retrait

Une fois de plus, l'Etat est taxé d'un "manque d'impartialité" qui "menace les discussions pour un avenir apaisé en Kanaky". Nouvelle condamnation de la méthode, qualifiée de "passage en force". Comme déjà indiqué, le Front de libération nationale kanak et socialiste "exige le retrait définitif" du texte. Ses relais au Congrès sont chargés de "déposer une proposition de résolution demandant à l'Etat de retirer son projet de loi". Il est aussi annoncé l'envoi d'une délégation "pour défendre notre position auprès des parlementaires nationaux dans les prochains jours".  

Le vœu d'une médiation

Pour autant, le front indépendantiste "assure la nécessité de poursuivre sur la voie du dialogue et du consensus". Il demande "une mission de médiation conduite par une personnalité de haut niveau, afin de garantir l'impartialité de l'Etat et favoriser la reprise des discussions". 

"Trajectoire" confirmée

FLNKS qui persiste : il "réaffirme l'illégitimité de la troisième consultation", celle du 12 décembre 2021, "en raison de la non participation du peuple kanak". Autre confirmation, celle de la "trajectoire" actée au congrès de Nouméa, fin février 2023. À savoir "la poursuite du processus irréversible de décolonisation" et la volonté d'obtenir "un ultime processus qui met en œuvre une programmation d'accession à l'indépendance".

Appel à mobilisation

Plus largement, cette motion de politique générale appelle "l'ensemble des citoyens de ce pays à se mobiliser (…) pour protester contre la stratégie de recolonisation de l'Etat français et contre la déstabilisation des institutions". Le FLNKS soutient "ses" responsables engagés dans les institutions locales et se dit confiant "dans leur capacité à prendre les bonnes décisions pour sortir le pays des difficultés actuelles". Ces mots interviennent dans le contexte de bras de fer de plus en plus tendu autour de la TET, la taxe sur l'équilibre tarifaire proposée par le gouvernement Mapou. Et de "boycott" annoncé par les élus Loyalistes et Rassemblement. 

"Instrument"

Opposés à ce qui a été surnommé la "taxe carburant" et, de façon plus globale, à une pression fiscale supplémentaire, des manifestants empêchent depuis jeudi l'approvisionnement normal des stations-service. Le mouvement, qui perturbe l'activité du pays, doit franchir un cran ce mercredi. Dans un communiqué, le bureau politique du FLNKS accuse purement et simplement le collectif Agissons solidaires d'être "l'instrument des Loyalistes et du Rassemblement". Des politiques, est-il asséné, "qui cherchent à déstabiliser nos institutions et le pays en espérant récupérer le pouvoir par la force".

"Absence de réaction des autorités"

"Comportements nostalgiques de l'époque coloniale", "groupes radicaux" : les propos sont sans concession. "Ces pratiques, formule le communiqué du BP, ne sont pas sans rappeler, au début des années 1980, les actions de mouvements d'extrême-droite qui ont attaqué les institutions pour contrer la réforme fiscale d'alors qui instituait l'impôt sur le revenu, et dont le véritable objectif était de faire tomber le gouvernement FI-FNSC." Bureau politique qui "s'interroge", écrit-il, "sur l'absence de réaction des autorités chargées de préserver la liberté de circulation".

Faudra-t-il se mobiliser pour lever la pression de ces groupes illégitimes sur nos institutions et rétablir la liberté de circulation ?

Communiqué du 26 mars 2024 par le bureau politique du FLNKS

Vers l'élargissement

Finissons sur un autre point marquant de la motion dévoilée ce mardi. Le 42e congrès du FLNKS "prend acte de l'unité du mouvement indépendantiste, afin d'être plus forts dans la conduite de la décolonisation de notre pays". Il "acte la volonté des différents mouvements indépendantistes, nationalistes et progressistes de s'unifier, pour faire face aux différents enjeux politiques, sociaux et économiques actuels". L'ambition : travailler sur la charte du front "afin de créer les conditions à l'intégration des groupes indépendantistes et nationalistes". L'USTKE ou encore le Parti travailliste ont été partie prenante de cet important rendez-vous politique.

Synthèse par Aiata Tarahu et Franck Vergès

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