"Rony, tu resteras dans notre cœur pour toujours", pouvait-on lire sur le tee-shirt de quelques participants à la conférence de presse organisée par le "Kolèktif Gwadloup kont vyolans a jandam" (Collectif guadeloupéen contre la violence des gendarmes), ce vendredi 4 octobre 2024. Ils rendaient ainsi hommage à Rony Cély, l’homme de 39 ans abattu par un gendarme, dans le bourg de Goyave, le 9 janvier dernier. Sa famille reste en attente de la vérité sur les faits qui ont mené à ce drame.
Aujourd’hui, ses proches, ses avocats et leurs sympathisants ont tenu à faire le point sur l’enquête. Ils avaient promis de le faire, dès l’obtention d’informations concrètes.
Une instruction qui risque de tourner court
L’avocate de la famille de Rony Cely avait sollicité un certain nombre d’actes : des auditions, des compléments d’expertise et, surtout, une confrontation entre les personnes présentes le jour des faits. Elle s’étonne qu’aucune suite ne leur soit donnée.
Une confrontation qui nous semblait avoir apporté des éléments de nature à justifier que la juge d’instruction en tire conséquence. Mais, curieusement, nous avons reçu ce qu’on appelle un avis de fin d’information.
Maître Maritza Bernier, avocate de la famille de Rony Cély
Cet avis de fin d’information annonce l’étape des réquisitions du Parquet.
Seulement voilà : le tireur n’a, à ce stade, que le statut de "témoin assisté", regrette l’avocate.
Une procédure d’interpellation inadaptée ?
Lorsque Rony Cely a été mortellement touché par plusieurs balles, cet homme, qui souffrait de schizophrénie, était en pleine crise. Il s’était attaqué à plusieurs personnes du voisinage, avant l’intervention des forces de l’ordre.
Pour Me Bernier, il s’agissait d’une "interpellation d’un individu atteint de troubles mentaux, dont les gendarmes ont connaissance". L’avocate considère que le protocole adéquat, en pareille situation, n’a pas été appliqué.
Il y a des manquements dans le traitement de cette affaire. Lorsque vous êtes face à une personne agitée, atteinte de troubles mentaux, vous en référez avant l’interpellation, au centre 15, au centre 18, aux médecins qui, eux, vont décider, ou non, de faire venir du renfort médical.
Maître Maritza Bernier, avocate de la famille de Rony Cély
Il aurait mieux valu privilégier le dialogue, du point de vue de la défenseuse, qui précise que "la sommation, ce n’est pas un dialogue".
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