Couvre-feu : le Conseil d’Etat rejette la requête de suspension du Lakou-LKP

Le Conseil d’Etat et le tribunal administratif de la Guadeloupe sont au diapason, quant au bien-fondé du couvre-feu instauré à Pointe-à-Pitre et aux Abymes, visant les mineurs. Les deux instances ont tour à tour rejeté la requête de suspension du Lakou-LKP.

Le couvre-feu pour les moins de 18 ans restera appliqué dans les rues de Pointe-à-Pitre et des Abymes, la nuit, de 20h00 à 5h00, au moins jusqu’au 22 mai 2024 ; il peut même être renouvelé, comme annoncé par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, lors de sa visite ministérielle en Guadeloupe, en avril dernier.

En effet, le Conseil d’Etat a confirmé, ce vendredi 10 mai 2024, l’ordonnance du Tribunal administratif de la Guadeloupe, rejetant la requête de l’association Le Lakou-LKP contre l’arrêté préfectoral instaurant cette mesure de lutte contre la délinquance des mineurs.

À Basse-Terre, le 25 avril dernier, le magistrat avait considéré qu’il n’y avait "aucune atteinte à la liberté fondamentale d’aller et venir des mineurs et que l’arrêté querellé était nécessaire, adapté et proportionné compte tenu des chiffres de la délinquance des mineurs, en nette augmentation dans les quartiers concernés".

C'est aussi l'avis du Conseil d'Etat qui, dans son ordonnance souligne notamment :

  • L’augmentation significative des faits de délinquance générale sur le territoire de la Guadeloupe (+18% entre le 1er trimestre 2023 et le 1er trimestre 2024) et du nombre de mineurs mis en cause pour ces infractions (+35 %) ;
  • Que le nombre de mineurs mis en cause a progressé à Pointe-à-Pitre (+53%) et aux Abymes (+50%) ;
  • Que l’interdiction temporaire de circulation des mineurs non accompagnés d’un parent ou d’un adulte exerçant l’autorité parentale est justifiée et ne revêt aucun caractère répressif. Cette interdiction se révèle adaptée à l’objectif de protection des mineurs.

Le couvre-feu est entré en vigueur le 22 avril. Ses détracteurs parlent d’une mesure liberticide ; ils dénoncent son aspect uniquement répressif, sans déploiement d’outils d’accompagnement des mineurs, en termes d’éducation et d’insertion notamment.

À LIRE AUSSI :