Manuel Valls maintient la pression sur le groupe Bernard Hayot. Le 22 janvier dernier, le ministre des Outre-mer, interpellé par le député de la Martinique, Marcellin Nadeau, sur les marges des distributeurs et au premier d'entre eux GBH, Manuel Valls n'avait pas mâché ses mots.
Il y a des groupes très performants, voire un grand groupe très performant, qui joue souvent un rôle d'étouffement de l’économie et du pouvoir d’achat.
Manuel Valls, le 22 janvier 2025
Le lendemain, il avait évoqué des pressions.
Il y a dans les pratiques économiques des relents de colonialisme. En évoquant, hier, ces sujets, j’ai vu d’ailleurs comment les lobbies aujourd’hui sont en train de réagir. Je vois bien qu’on veut m’empêcher d’agir. Ce n’est pas nouveau. Et bien ensemble nous serons plus forts, pour faire face à cette volonté de ne pas réformer.
Manuel Valls
Le ministre, loin de se démonter, continue en ce sens, dévoile Libération, dans un article publié ce jeudi 30 janvier.
Dans un courrier daté du 28 janvier, envoyé à Stéphane Hayot, directeur général de GBH et consulté par le quotidien, Manuel Valls va plus loin et assume ses propos.
J’ai tenu un propos clair, un propos de vérité qu’il aurait fallu tenir depuis longtemps.
Manuel Valls dans un courrier adressé à Stéphane Hayot
Une déclaration qui tranche... La vie chère et les pratiques des grands groupes dans les Outre-mer ont rarement été abordées de cette façon, notamment par les politiques.
Manuel Valls semble vouloir faire bouger les choses en opérant "une transformation profonde des économies des territoires ultramarins", selon le journaliste Emmanuel Fansten de Libération. Il compte mettre au centre de ces changements, la "concurrence" et la "transparence".
Il pointe également du doigt les marges arrières pratiquées par le groupe "qui peuvent atteindre jusqu’à 25 % du chiffre d’affaires, n’apparaîtraient jamais dans les comptes d’exploitation des magasins mais seraient réparties entre d’autres sociétés", écrit Libération.
Le ministre des Outre-mer souhaite plus de visibilité et annonce vouloir "rénover durablement les pratiques commerciales dans les territoires ultramarins" en engageant un échange "franc et engagé" aux acteurs économiques impliqués.
La riposte de GBH
Dans un communiqué publié lundi (27 janvier 2025), GBH riposte et dénonce une campagne de déstabilisation à son encontre.
Accusé d’opacité financière, d’abus de position dominante et de pratiques anticoncurrentielles, le géant de la distribution en Outre-mer rejette en bloc ces allégations. Il affirme même être l’un les plus contrôlés des Outre-mer.
GBH aussi annonce porter plainte contre X pour dénonciation calomnieuse. Une plainte qui viserait les lanceurs d’alerte à l’origine d’une plainte citoyenne contre X pour "entente" et "abus de position dominante". Elle comprend déjà plus de 1 000 personnes.