Il s'agit, selon eux, de "propos irresponsables". Jeudi 17 novembre, Thierry Queffelec (Préfet de Guyane) et Philippe Dulbecco (Recteur de l'académie) ont répondu à un communiqué publié par le Mouvement de Décolonisation et d'Emancipation Sociale quatre jours auparavant.
"Elles n'ont aucun caractère éducatif"
Ce dernier évoquait les opérations de fouilles menées au collège Arsène Bouyer d'Angoma et au lycée Bertène Juminer de Saint-Laurent du Maroni le 7 novembre dernier. Le secrétaire du MDES, signataire du courrier, qualifie ces pratiques de "manœuvres policières brutales" auxquelles il s'oppose.
Le MDES considère que ce sont les responsables des établissements et leurs équipes pédagogiques qui doivent éduquer les élèves, les sensibiliser aux dérives de la société et vérifier qu'ils respectent le règlement intérieur [...] Le MDES exige que ces opérations commando ne se renouvellent plus.
Extrait du communiqué du MDES
Les membres du mouvement ajoutent : "Elles n'ont aucun caractère éducatif [...] et sont, dans les faits et symboliquement, absolument contre-productives."
Une réponse aux phénomènes de violence
Mais selon le Préfet et le Recteur, "ces contrôles n’ont pour seul but que de déceler et soustraire armes, stupéfiants ou tout autre objet interdit et dangereux en milieu scolaire, à la lumière des incidents violents survenus ces derniers mois, dans et aux abords de nombreux établissements scolaires de Guyane, qui ont ému la population et traumatisé à juste titre la communauté éducative, les parents d’élèves et les élèves."
Ils poursuivent : "On n’apprend pas, on n’enseigne pas dans un environnement hostile, lorsque que l’on craint pour son intégrité physique, lorsque les menaces sont trop fortes". Les opérations seraient, par ailleurs, réalisées à la demande de l'encadrement. Selon le Ministère de l'Intérieur, dans les écoles, seul un officier de police judiciaire (OPJ) peut fouiller les effets personnels d'un élève (sac, casier...). Ce dernier doit être présent en cas de fouille de ses affaires.
Elles peuvent avoir lieu dans n’importe quel établissement de France, et permettent d’éviter que armes, stupéfiants ou autres matières dangereuses ou interdites ne pénètrent dans les établissements scolaires, qui doivent en toutes circonstances demeurer des sanctuaires de l’éducation, de l’acquisition du socle commun de compétences, des connaissances et de culture et de l’éducation à la citoyenneté.
Extrait du communiqué du Recteur et du Préfet de Guyane sur la lutte contre les violences scolaire
"C'est l'échec total de la politique de l'Etat", estime Jean-Victor Castor
Jean-Victor Castor, député de la 1ère circonscription de la Guyane et membre du MDES, était l'Invi Thé Café de Charly Torres, ce vendredi 18 novembre 2022, lors du Mayouri Info. Selon lui, "c'est l'échec total de la politique de l'Etat, dans ses compétences régaliennes, notamment en matière de sécurité, qui fait qu'aujourd'hui les écoles sont impactées". Il invite le Préfet à "faire son boulot à l'extérieur des écoles de façon à ce qu'il y ait de la sécurité dans les écoles".
Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice, a également évoqué la question lors de son intervention, dans l'émission Place Publique (numéro du 22 octobre 2022). Elle est revenue sur la vidéo d'élèves du lycée Elie Castor, à Kourou, dans laquelle ils simulent la consommation de drogue. Cette scène a donné suite à une opération de fouilles.
Ces opérations ont été déclenchées par cette vidéo, et par des événements violents qui ont eu lieu devant des établissements scolaires, c'est-à-dire sur la voie publique... Et cette nuance n'est pas inutile, elle est même essentielle. Parce que nous avons, collectivement, un devoir de protection de notre jeunesse.
Christiane TAUBIRA, ancienne Garde des Sceaux- Invitée de Place Publique (22/10/2022)
L'ex-députée de Guyane considère que cette aide passe par l'information, l'accompagnement, l'entraînement et la protection des jeunes et adolescents du territoire. "Dans l'environnement criminel - qui est vraiment le décor et le bruit de fond dans lequel grandissent ces élèves - est-ce que, ce que nous avons à faire en urgence, c'est d'aller fouiller les sacs des élèves ? Lorsque les actes de violence sont perpétrés sur la place publique, il faut sécuriser les établissements.", estime Chrisitane Taubira.