Comme chaque novembre, depuis neuf ans, l'interprofession élevage et viandes de Guyane (Intervig), organise son "mois de la viande locale". L'événement, dédié cette année à Jean Pierre Drelin, figure majeure de l'agriculture guyanaise, décédé 28 octobre, cherche à "promouvoir les productions locales auprès des consommateurs guyanais".
Grâce à ses journées portes ouvertes, "cooking shows", et autres "ateliers dégustations" organisés tout au long de novembre sur l'ensemble du territoire, l'interprofession cherche à "développer les ventes et augmenter les parts de marché des produits animaux locaux". Il y a en effet fort à faire puisque, si neuf foyers guyanais sur dix achètent de la viande, la production locale est très loin d'assurer l'autonomie alimentaire du territoire.
Un cheptel en baisse
Selon les dernières données Agreste à notre disposition, datant de 2020, un quart de la production de la viande bovine consommée est d'origine guyanaise. Ce chiffre descend à 15 % pour le porc et 12,6 % pour la viande caprine. Et si la Guyane est autonome en œufs, seuls 3 % des poulets consommés ont été élevés en Guyane.
Surtout, alors que la population guyanaise augmente de 1,7 % par an, le cheptel local est en perte de croissance depuis plusieurs années. Selon les données d'Agreste qui font référence en termes de statistiques agricoles, la Guyane comptait 16 195 bovins en 2022 contre 18 191 en 2018.
De même, le nombre de porcins a chuté de 4985 en 2018 à 3700 en 2022 - avec tout de même une légère reprise entre 2021 et 2022. Les deux principaux cheptels, qui avaient connu une forte croissance depuis le début du siècle (le nombre de bovins a doublé entre 2002 et 2017) peinent désormais à suivre la demande.
Une population en demande
Pourtant, celle-ci est bien présente puisque, selon les statistiques fournies par Intervig, rappellent que 48 % des Guyanais déclarent consommer de la viande de bœuf tandis que deux Guyanais sur cinq considèrent acheter régulièrement du porc.
Les freins à la production sont multiples, que ce soit le renchérissement du coût de la vie, et notamment des compléments alimentaires destinés aux animaux qui doivent être importés ou encore le manque d'infrastructures. En effet, la Guyane ne compte que deux abattoirs, à Rémire Montjoly et Mana, ce qui isole et renchérit les coûts de production des exploitations les plus éloignées.
Le développement et la structuration de la filière ne se feront pas non plus sans le soutien des consommateurs locaux. À ce sujet, Intervig mène depuis des années un travail de mise en valeur - notamment grâce à son label "produit issu de l'élevage de Guyane" - et des actions comme ce désormais traditionnel "Mois de la viande locale".
Seulement, la publicité risque de ne pas suffire, car la hausse des prix et l'appauvrissement général de la population, lié à l'augmentation des inégalités, réduit de plus en plus la capacité des ménages à acheter une viande locale, souvent de meilleure qualité, mais en moyenne bien plus chère que les produits importés.