Après douze années à la tête de l’Union calédonienne, Daniel Goa ne se représente pas à la présidence du plus vieux parti indépendantiste de Nouvelle-Calédonie. Il évoque des raisons de santé, et considère que l’heure est venue de laisser la place à d’autres candidats...à une nouvelle génération de décideurs.
NC la 1ère : Pourquoi ne pas vous représenter à la présidence de l’Union calédonienne ?
Daniel Goa : C'est une question de santé qui dure depuis des années et aujourd'hui, avec les nouvelles émergences qu'on a vues depuis les événements [de la mi-mai] et les élections nationales, on a de la ressource. On peut faire les changements sans s'inquiéter de la suite. C'est le discours qu'on entend couramment, c'est le discours de la jeunesse et je pense qu'ils n'ont pas tort. Je pense que c'est le moment de prendre les responsabilités, c'est à leur tour.
Cette année, quels sont les points cruciaux de votre discours d’ouverture ?
Le premier, c'est que je retourne un peu sur les quelques années durant lesquelles j'ai présidé, pour mettre en avant la charge qui pèse sur mes épaules et les responsabilités qu'il faut assumer. On a signé un accord de paix [ les Accords de Matignon et l'Accord de Nouméa ] et vous savez, pour les jeunes de l'Union calédonienne, c'est plutôt action, action, discussion et ensuite accord.
Lorsqu'on a mis 20 ans de paix, il a fallu réapprendre à vivre, à marcher d'une seule jambe. Je crois que notre manquement, c'est qu’on n'a pas été assez réactif pour remettre nos instances sur le terrain. Donc la prise de conscience de la jeunesse, ça nous revient à la figure.
Il y a des jeunes qui n'ont pas la conscience politique parce qu'on n'a pas fait le travail sur le terrain.
Daniel Goa, président de l'Union calédonienne
À l’époque, on formait les commissaires politiques. On avait deux formations annuelles, les commissaires politiques étaient les patrons de cette dynamisation de nos structures sur le terrain. On a complètement abandonné tout ça. C’est un mea culpa. J'y étais pendant une dizaine d'années et donc je suis autant responsable que les premiers présidents.
Le Palika et l’UPM ont pris leurs distances avec le FLNKS. Les scissions au sein du Front ne risquent-elles pas de fragiliser les discussions sur un futur accord politique ?
Le seul tort qu'on peut reprocher, c'est qu'ils [le Palika et l’UPM] annoncent ça dans les médias alors que c'est une affaire de famille. On sait que l'objectif final est là, on est tous dessus, après c'est la manière d'y arriver.
Peut-être qu'à un moment donné, il y a eu des discussions qui ne se sont pas tenues. Il y a besoin de clarification. Mais ce n'est pas le divorce !
Daniel Goa
Quand je parle de clarification, c'est important, puisque le FLNKS a confirmé la présence des nationalistes. Le Front a aussi fait entrer des jeunes qui ont des messages à dire. Il faut que nos partenaires [Palika et l'Upm] reviennent et qu'on aborde tous ces sujets. Ce n'est pas en les fuyant qu'on va les régler, c'est en les assumant.
Quand l'UC reviendra-t-elle autour de la table pour discuter de la suite ?
L'UC a toujours été là. Il faut revenir sur notre histoire. Tous les accords qu'on a vécus, c'est l'UC. Aujourd'hui, l'UC est toujours là. Je l'ai dit aux deux présidents [président du Sénat et de l’Assemblée nationale] que nous sommes preneurs des discussions. Mais qu'on sorte du schéma installé par Gérald Darmanin ! On revient à la méthode qu'on avait l'habitude d'utiliser.
Là, on attend que les réalités du pays, les réalités politiques, soient prises en considération. Les deux présidents ne se sont pas beaucoup avancés parce que je pense qu'ils laissent la marge de manœuvre aux discuteurs. C’est ce qui manquait pendant les discussions avec Gérald Darmanin, il n'y avait pas de marge de manœuvre.
Quels sont les thèmes qui seront évoqués lors de ce congrès ?
Le premier point, c'est la partie politique. Puis, il y a une séquence sur le plan économique. On a des choses à aborder ensemble parce qu'on glisse tout doucement vers le néocolonialisme. Ce n'est pas le but de l'Accord de Nouméa. Ce n'est pas le but de la décolonisation. Troisième point, le fonctionnement de l'Union calédonienne et de ses structures. Il faut les revoir. C'est à cause de cela que les jeunes sont en colère aujourd'hui.