Les policiers demandent aux élus et au gouvernement de se "remuer" contre la violence en Martinique

Voiture de police à Fort-de-France.
Au lendemain de la course-poursuite mortelle à Fort-de-France, la situation devient difficile notamment pour les policiers qui sont visés par des tirs pour la 5e fois depuis décembre 2018. Ils demandent aux politiques de "se remuer" contre la violence en Martinique.
"On va faire de la Martinique un territoire pilote pour les implantations de radars (...) On va mettre la main dans la poche des martiniquais (...) ça ne dérange aucun politique mais par contre en termes de sécurité ils ne bougent pas. Je crois qu'il faut maintenant se remuer et que tout le monde monte au créneau", déclare Thierry Beaucelin, le secrétaire départemental du syndicat Alliance Police.

Après la course-poursuite qui a provoqué la mort d'un jeune d'une vingtaine d'années (mardi 6 août 2019 à Fort-de-France), le syndicaliste témoigne de l'exaspération de ses collègues qui sont confrontés à une violence galopante. "Il s'agit de la cinquième ouverture de feu à laquelle les fonctionnaires de police font face depuis décembre 2018", rappelle Franck Robine, le préfet qui a apporté très tôt son soutien aux policiers.En revanche, en dehors de la déclaration commune (29 juillet 2019), au ministre de l’intérieur (Christophe Castaner) pour dire stop aux homicides et à la circulation d’armes à feu sur le territoire, les policiers s'étonnent du silence assourdissant des élus martiniquais quant au soutien aux policiers blessés dans l'exercice de leur fonction.
Personnes dans les rues de Fort-de-France.
Pour leur part, les personnes interrogées sont souvent choquées par une forme de banalisation de la violence par armes à feu en Martinique depuis quelques mois.

(Re)voir le reportage de Corinne Jean-Joseph et d'Olivier Nicolas dit Duclos.
 

Des moyens toujours nettement insuffisants contre l'entrée de la drogue et des armes en Martinique


Les faits donnent hélas raison aux policiers qui annonçaient une aggravation de la délinquance en Martinique, à cause de l'insuffisance de moyens. Pourquoi certains malfaiteurs soupçonnés de meurtres ou d'assassinats sont encore en liberté ? "Parce que nous n'avons pas assez d'agents sur le terrain", affirme Thierry Beaucelin.

Dans les faits, l'Office Central pour la Répression du Trafic Illicite des stupéfiants (OCRTIS) aurait besoin d'au moins 15 fonctionnaires supplémentaires pour la lutte contre la drogue et maintenant le trafic d'armes (au moins trois saisies en provenance du Venezuela depuis 2018).

Le Service Régional de Police Judiciaire (SRPJ), a besoin de renforts tant les sollicitations sont importantes depuis quelques mois. Idem pour la Brigade Anti-Criminalité (BAC) ou le Groupe d'Intervention de Nuit (GAN).

Toutes ces demandes sont relayées par la préfet de Martinique qui pour l'instant n'est pas entendu par le gouvernement...