Le nouveau préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, va pouvoir se mettre à la tâche après avoir été officiellement installé ce mardi 27 février par la ministre des Outre-mer, Marie Guévenoux, à l'occasion de sa visite dans l'île. "Je souhaite lui dire toute la confiance que le président, le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et moi-même avons en lui pour faire en sorte que la situation à Mayotte redevienne une situation où l'ordre public est rétabli et la paix durable", résume la ministre.
Cibler les fauteurs de troubles
"La première action du préfet consistera à aller à la rencontre des maires et à déterminer avec eux les actions à prendre à court terme pour le retour de la sécurité à Mayotte", a également précisé Marie Guévenoux après une réunion avec les élus. "On ciblera, dans le cadre du dialogue que le préfet aura avec les maires, des individus connus comme étant des fauteurs de troubles, des chefs de bandes, pour les interpeller."
Le préfet devra aussi s'atteler à la rédaction des deux arrêtés annoncés par la ministre : la régulation des ventes de machette et la catégorisation des chiens utilisés comme chien d'attaque afin de les euthanasier. L'objectif est fixé, mais il faudra désormais déterminer de manière pratique et juridique comment ces mesures s'appliqueront dans le département.
Wuambushu 2 dans près d'un mois
Toujours en concertation avec les élus, François-Xavier Bieuville devra préparer le déploiement de la deuxième opération Wuambushu dès le mois d'avril. Une nouvelle opération d'ampleur contre les habitats informels, l'immigration et la délinquance. Si elle est très attendue par les Mahorais, beaucoup gardent un souvenir mitigé de la première opération Wuambushu, avec des résultats loin des objectifs affichés. Les attentes sont d'autant plus fortes que certains élus et représentants de collectif demandent cette fois l'intervention de l'armée pour lutter contre la délinquance.
Aller au bout du démantèlement du camp du stade de Cavani
Le préfet devra également aller au bout du démantèlement du camp de migrants du stade de Cavani. La nouvelle opération organisée dimanche a été sa première intervention sur le terrain, après son arrivée la veille. 308 réfugiés ont été envoyés dans l'Hexagone, 410 migrants sont toujours sur place. "Au regard de leur statut administratif, ils seront pris en charge hors de Mayotte ou éloignés vers leur pays d’origine", a déjà précisé la préfecture.
Comme ce fut le cas après la première opération de démantèlement fin janvier, l'enjeu sera aussi d'éviter que les départs soient compensés par de nouvelles arrivées. Pour cela, le préfet devra mettre en place une autre annonce du ministre de l'Intérieur : le déploiement "d'un rideau de fer maritime" contre l'immigration, même si peu d'informations ont été confirmées sur ce dispositif.
Lever les barrages et faire face aux conséquences
Pour la mise en place de ces mesures, le préfet et la ministre des Outre-mer ont martelé la nécessité de lever les barrages, après cinq semaines de mobilisation contre l'insécurité et l'immigration. Si plusieurs barrages ont déjà été levés, certains restent fermement en place, notamment au carrefour Ngwezi à Chirongui. Après une réunion des forces vives à Longoni, une rencontre avec le préfet est prévue ce mercredi. Dans un communiqué ce dimanche, les manifestants avaient "sollicité de toute urgence l'ouverture d'un dialogue constructif".
Une fois les barrages levés, il faudra ensuite faire face aux conséquences du mouvement, qui a profondément touché le monde économique, entre des activités à l'arrêt et des conteneurs de marchandises retenus au port de Longoni.
Des tours d'eau jusqu'en 2025 ?
Autre conséquence des barrages : l'arrêt des travaux de forages. Si les tours d'eau ont été allégés avec une coupure un jour sur trois, la crise de l'eau est loin d'être terminée, comme l'a annoncé l'ancien préfet Thierry Suquet, lors de sa dernière intervention publique, durant une conférence sur le plan de prévention contre l'arrivée du choléra. Malgré le remplissage des retenues collinaires, les coupures devraient se poursuivre jusqu'à ce que la production permette de compenser la consommation d'eau. En ligne de mire : la mise service attendue fin 2025 de l'usine de dessalement d'Ironi Bé.