"Nous allons rentrer dans la phase de reconstruction", a martelé le ministre des Outre-mer Manuel Valls durant ses deux jours déplacement à Mayotte ce jeudi 30 et vendredi 31 janvier. L'ancien Premier ministre l'a rappelé durant un entretien à Mayotte la 1ère. "Elle sera difficile, nous allons entamer cette phase à partir d'une évaluation des coûts, on va la connaître dans quelques jours, ou quelques heures, grâce à la mission qui a mené ces travaux et qui est rentré à Paris il n'y a pas longtemps", détaille Manuel Valls, qui avait estimé un peu plus tôt que la facture sera "sans doute au-dessus du milliard d'euros."
Pas de fonds d'urgence, mais des prêts
En revanche, le fonds d'urgence pour les Mahorais qui ne sont pas assurés, soit 90% de la population, évoqué par Emmanuel Macron ne devrait pas voir le jour, remplacé par les prêts garantis par l'État à taux zéro durant cinq ans, annoncés par François Bayrou. "On est en train de mettre en place ce dispositif, tout cela doit être voté dans la loi de finance, y compris les fonds prévus pour les communes pour les aider à reconstruire leurs équipements publics", précise le ministre des Outre-mer, qui reconnaît qu'il est "difficile de distribuer directement de l'argent, mais je pense que ce prêt sera supportable par tout le monde, surtout quand il s'agit de reconstruire son habitat." Le budget, actuellement examiné en commission mixte paritaire, permettra également à la filière agricole mahoraise de bénéficier "d'un soutien de 15 millions d'euros." Le ministre l'assure : les fonds européens sont mobilisés "pour ne laisser s'échapper aucun euro qui pourrait être bon pour Mayotte."
Manuel Valls, qui doit signer ce vendredi après-midi une convention d'objectif avec le président du conseil départemental, admet qu'il y a "une forme de rupture de confiance" avec l'État. "Un élu me le rappelait, moi-même comme Premier ministre j'avais annoncé beaucoup d'investissements, et après, il y a eu une forme d'absence ou de ralentissement", raconte-t-il, tout en rappelant qu'on "critique beaucoup l'État, mais l'État est présent."
Loi d'urgence, loi-programme et proposition de loi
Le Sénat doit se pencher la semaine prochaine sur le projet de loi d'urgence pour Mayotte. "Ce texte assouplit les procédures d'urbanisme, créer un établissement public, interdit la vente de tôle, habilite le gouvernement à mieux lutter contre l'habitat irrégulier et dit très clairement qu'il faut favoriser les entreprises mahoraises pour la reconstruction", énumère le ministre. La suite sera notamment confiée au général Facon, qui va diriger la mission Mayotte au sein de son ministère. Son travail sur place permettre de nourrir la loi Mayotte qui sera présentée d'ici quelques mois. "C'est une loi-programme avec des financements qui portera sur le renforcement en matière de sécurité, la lutte déterminée contre l'immigration illégale, beaucoup d'aspects en matière de développement économique, d'urbanisme, de foncier et de cadastre", détaille Manuel Valls. "Et puis il y aura aussi des aspects sur l'éducation, la culture, elle couvrira tout le champ et sera nourrie par le comité interministériel aux Outre-mer."
Avant cela une proposition de loi des Républicains sera examinée le 6 février pour restreindre le droit du sol dans le département. "Nous sommes en train de restaurer et d'améliorer tous les moyens de détection", annonce l'ancien Premier ministre, qui rappelle l'objectif d'atteindre 35.000 reconduites par an et d'établir "un véritable rapport de force avec les Comores." Reste aussi à estimer la population actuellement à Mayotte, un recensement doit être effectué par l'Insee et les municipalités. "J'ai entendu l'Insee nous dire qu'on ne peut pas être plus de 350.000 et quand je discute avec les maires, ils me disent tous que c'est 10,20 voire 40% de plus", s'étonne Manuel Valls. "C'est important pour les dotations qu'on doit aux communes, pour qu'on aille enfin vers la convergence sociale."