"Je considère que la levée des barrages est une excellente nouvelle", annonce Thomas M'Saïdié, maître de conférences en droit public à l'université de Dembéni et consultant des forces vives sur les questions juridiques. "L'économie est exsangue, la situation est difficile et surtout on a été destinataire d'une lettre du ministre de l'Intérieur et de la ministre des Outre-mer." Cette lettre actant les mesures annoncées était l'une des conditions posées par les forces vives lors des négociations du 11 février pendant leur visite à Mayotte. "Les engagements y sont, la parole donnée a été respectée, il nous appartient de respecter la notre."
"Je comprends les personnes qui ont maintenus les barrages, c'est une traduction de la souffrance à laquelle nous sommes tous confronté", nuance l'universitaire qui insiste sur le fait que "Mayotte n'avancera pas dans la désunion la plus dure, mais dans l’union la plus pure." Il concède "qu'il y a une division au sein du mouvement, mais aussi au sein des parlementaires : les députés appellent à la mise en place de l'état d'urgence et les sénateurs ne sont pas d'accord avec cela. Comment voulez-vous qu'on soit crédible aux yeux de l'État ?"
La mise en place de l'état d'urgence
La mise en place de l'état d'urgence avait pourtant été écartée par la ministre des Outre-mer, Marie Guévenoux, lors de son passage à Mayotte ce mardi, expliquant que ce régime juridique n'aurait pas d'effet dans le département. "Je comprends les réserves de la ministre, mais elle préjuge de l'efficacité d'une action sans l'avoir essayée. Je lui ai dit : on approche du mois du Ramadan, on pourrait mettre l'état d'urgence dans l'attente de Wuambushu 2", poursuit Thomas M'Saïdié en ajoutant que cela permettrait notamment de faciliter les perquisitions des domiciles.
"C'est toujours la même logique. Paris propose ce qui doit être appliqué à Mayotte et refuse les demandes des Mahorais", dénonce le maître de conférence. "Les difficultés auxquels sont confrontés les Mahorais résultent tous d'une carence de l'État : la protection des frontières, l'insécurité", ajoute-t-il, en expliquant ces problèmes "étouffent" les autres problèmes du département comme le développement et la santé. "Si l'État faisait le job comme il se devait, on pourrait parler d'autre chose."