Malgré la pluie, près de 300 manifestants sont rassemblés au stade de Cavani ce dimanche 21 janvier à l'appel de plusieurs collectifs. Ils souhaitent s'opposer à la présence du camp de réfugiés installé dans l'enceinte du stade depuis plusieurs mois."On est là pour faire passer un message à l'État, que nous ne sommes pas d'accord avec la présence de ce camp", dénonce Madi Hamada, porte-parole du collectif des habitants de Cavani. "C'est le gouvernement français et tous les élus locaux qui sont responsables de ce problème."
Il évoque également "une provocation" face aux banderoles affichées et aux drapeaux français brandis en retour par les réfugiés et demandeurs d'asile présents dans le camp. "On n'est pas là contre les étrangers, tant qu'ils respectent les règles", ajoute un riverain. "Les étrangers viennent régulièrement sur le territoire, mais là ils viennent nous priver de nos infrastructures et ce n'est pas normal." Après plusieurs discours sur la pelouse du stade, les manifestants se sont rendus en fin de matinée au rond-point du stade. Une partie a pris la direction de la préfecture de Mamoudzou pour faire savoir leur colère. Les forces de l'ordre étaient présentes durant cette manifestation pour éviter tout débordement.
Un démantèlement annoncé par le ministre de l'Intérieur
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé ce mercredi le démantèlement prochain du camp et le rapatriement d'une quarantaine de réfugiés dans l'Hexagone. Il avait dénoncé "ceux qui utilisent manifestement le droit d'asile à des fins de détournement" ciblant notamment les ressortissants de l'Afrique des Grands Lacs. Une annonce après de nombreuses tensions liées à ce camp. Depuis une semaine, le secteur est le théâtre quasi-quotidien d'affrontements entre jeunes, certains migrants ayant été également pris pour cible, 17 ont été blessés le dimanche 14 janvier.
Plusieurs collectifs d'habitants se sont également mobilisés en bloquant notamment les accès du conseil départemental. Après une semaine de mobilisation, une rencontre avait été organisée avec la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Privet, lors de sa visite à Mayotte. Elle avait alors expliqué qu'il s'agissait "pour la grande majorité de personnes en situation régulière sur le territoire, soit par un statut de réfugié, soit par une demande d'asile qui est en cours", et que c'était à la préfecture de "régler la question du relogement au cas par cas de ces familles."
Un appel devant le Conseil d'État
Le président du conseil départemental a déjà annoncé qu'il avait fait appel devant le Conseil d'État. Le tribunal administratif ayant débouté sa demande de démantèlement. Le maire de Mamoudzou a envoyé un courrier au ministre de l'Intérieur en fin de semaine évoquant "des citoyens excédés par les provocations incessantes des migrants" et qui "s'en prennent aux services publics locaux considérant que les élus ne les défendent pas." Ambdilwahedou Soumaïla ajoute : "nous prenons acte de vos bonnes intentions, mais nous avons désormais besoin d'échéancier rapide et d'actes forts dans ce sens."