Au lendemain de l’annonce d’un accord entre l’État et Eramet sur la dette de la SLN, le directeur général de la Société Le Nickel était l’invité du journal de Nouvelle-Calédonie la 1ère ce mercredi 6 mars avec Stéphanie Chenais. Il a évoqué la situation de la SLN et la signature attendue à la fin du mois du pacte nickel.
La SLN dans une situation difficile
"La situation est très préoccupante" concède Jérôme Fabre, interrogé sur la SLN. "il y a une vague de production ultra low-cost en Indonésie et en Chine. Il faut pouvoir résister. On est inquiets, mais ce qui est important, c’est qu’il faut qu’on travaille sur ce qui est entre nos mains, la sécurité, produire le plus possible sur mine et à l’usine, et faire le maximum d’économies, donc produire au meilleur coût".
Survivre face aux producteurs ultra low-cost
Jérôme Fabre est également revenu sur les propos de la PDG d’Eramet, Christel Bories, accordé au journal anglais Financial Times. Des propos qui avaient fait grand bruit en Nouvelle-Calédonie. Elle y estimait que le pays avait "trop compté sur le nickel par le passé" et que la Calédonie pourrait devenir un territoire "purement minier", abandonnant la métallurgie.
"C’est un cri d’alerte sur le risque qu’il y a à ne rien faire, de voir nos usines disparaître, parce qu’il faut qu’on puisse résister. Aujourd’hui, les acteurs ultra low-cost contrôlent 75 % du marché, ça ne cesse d’augmenter, donc il faut qu’on se ressaisisse et il faut qu’on prenne des bonnes décisions" explique Jérôme Fabre.
"Ce que Christel Bories a dit, c’est qu’il y avait cette vague qui risquait de faire disparaître les producteurs traditionnels et que ceux qui survivront seront ceux qui seront aidés. En fait, elle a mentionné implicitement le pacte nickel. Et elle a dit aussi une autre chose que tout le monde connaît en Nouvelle-Calédonie, c’est qu’il n’y avait aucun autre secteur qui pourrait se substituer à la filière nickel pour préserver l’économie et la cohésion sociale en Nouvelle-Calédonie".
Pour Jérôme Fabre, il faut "arrêter de polémiquer et travailler à des solutions, notamment à travers le pacte nickel".
L’accord sur la dette de la SLN
En début de semaine, Eramet indiquait avoir conclu un accord avec l’État qui permettait d’alléger le poids de la dette de la SLN dans les comptes de la maison mère.
"C’est un accord très important" souligne Jérôme Fabre. "Les prêts viennent à la fois de l’État et d’Eramet, à peu près 50/50, 77 milliards de francs. Mais on n’avait pas le premier franc pour les rembourser. Il fallait bien qu’il y ait des décisions qui soient prises.".
Pour le directeur général de la Société Le Nickel, "l’État et Eramet travaillent dans l’intérêt de la SLN, ils prennent des décisions progressivement qui vont dans le sens de cette continuité d’activité".
Pacte nickel
L’idée du pacte nickel avait été lancée en novembre dernier par Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des finances. Après de nombreuses réunions et discussions, la signature du document est prévue à Paris le 25 mars prochain.
" Le pacte nickel, c’est le résultat d’un travail collectif qui a été fait dans le cadre d’une sorte de négociation avec beaucoup de parties prenantes. C’est un compromis" souligne Jérôme Fabre. "On attend de voir ce qui va se passer, on fait confiance à l’intelligence collective, mais on souhaite que le pacte nickel soit signé le plus vite possible".
Si les industriels ont déjà annoncé qu’ils signeraient le pacte, ils comptent désormais sur les politiques pour qu’il aboutisse.
"Nous on va le signer. C’est entre les mains des responsables politiques calédoniens, c’est eux qui ont les compétences, c’est eux qui doivent signer. […] On espère que les politiques calédoniens seront à la hauteur de leurs responsabilités et sauveront les usines calédoniennes".
Alors signé ou pas ? L’avenir du nickel calédonien sera peut-être scellé le 25 mars prochain à Paris.