Avenir institutionnel : les 5 points clés des discussions à Paris

Gérald Darmanin interrogé par NC La 1ère le dimanche 5 mars à la fin de sa visite, menée au pas de charge sur le Caillou
Le rendez-vous avec l'État sur l'avenir institutionnel du pays se déroulera du 11 au 15 avril. Chacune des délégations, indépendantiste et non-indépendantiste, sera reçue par la première ministre Elisabeth Borne avant de s'entretenir avec Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.

L'avenir institutionnel en discussion à Paris. Un sujet qui mobilise les partis politiques et l'État pour la semaine à venir. De nombreux enjeux sont au cœur de ces réunions. 

1 Les enjeux

Lors de sa visite en Nouvelle-Calédonie début mars, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, avait indiqué qu'il fallait réfléchir aux institutions et au projet à porter pour la Nouvelle-Calédonie. Estimant que cette dernière et l'État avaient "cinq mois pour travailler intensément", jusqu'à la réforme constitutionnelle proposée par le président de la République. "On doit sortir de l'incertitude. Garder la Calédonie dans la France puisque ça a été choisi comme ça par les Calédoniens. Et respecter la trajectoire qui avait été définie par l'Accord de Nouméa, avec une autonomie de plus en plus grande", avait-il indiqué.

Les réunions dites "bilatérales", qui réunissent l’État face à l'un des deux camps, sont l'une des caractéristiques de ces discussions sur l'avenir institutionnel. Un dossier important sera abordé pendant ces réunions : le corps électoral. "Nous ne sommes pas favorables, a priori, à l'ouverture général du corps électoral, mais il faut discuter d'un accord politique", avait indiqué le ministre lors de son interview avec NC la 1ère début mars. "Faute de quoi, le gouvernement national prendra ses responsabilités", assurait-il. "Nous ne convoquerons pas les électeurs calédoniens aux provinciales avec un corps électoral restreint." 

Un reportage de Sylvie Hmeun

©nouvellecaledonie

2 Les participants aux discussions

Cette fois, les indépendantistes seront bien présents à Paris à la table des discussions avec l’État dès le mardi 11 avril. Ils sont représentés par une délégation de huit personnes : Roch Wamytan, Gilbert Tyuienon et Mickaël Forest pour l’Union calédonienne (UC). Jean-Pierre Djaiwe et Adolphe Digoué du Palika (Parti de libération kanak), Aloisio Sako du RDO (Rassemblement démocratique océanien) et enfin, Jean Creugnet et Victor Tutugoro de l’UPM (Union progressiste en Mélanésie).

Du côté non-indépendantiste, c'est la confiance et la détermination qui priment. Ils sont également huit participants : Sonia Backès, Gil Brial, Nicolas Metzdorf et Françoise Suvé pour les Loyalistes, Alcide Ponga, président par intérim du Rassemblement, Virginie Ruffenach, elle aussi du Rassemblement et présidente du groupe l’Avenir en confiance, et pour Calédonie ensemble, Philippe Dunoyer et Philippe Gomès. 

En dehors des deux délégations historiques, Gérald Darmanin a invité l’Éveil océanien afin qu’il présente son projet : celui d’un Etat calédonien avec des souverainetés partagées avec la France.

3 La position des indépendantistes

Le front indépendantiste part "serein" et semble ouvert aux discussions mais avec un point non négociable : la modification du corps électoral des élections provinciales de 2024. "Nous sommes dans une sérénité des discussions qui s’ouvrent à Paris et il faut nous laisser le temps d’aborder les questions autour de ce contentieux avec les représentants de l’État, avant de songer à une ouverture avec les quatre composantes politiques de ce pays", commente Victor Tutugoro, chef de la délégation indépendantiste. Dans un communiqué du mercredi 5 avril, l'Union calédonienne reste ferme sur ses positions : "au cours de cette séquence parisienne, nos représentants discuteront du cadre politique et de la trajectoire recherchée pour parvenir à nos objectifs. À ce stade, ils ne négocieront rien et aucune décision ne pourra être actée. Cela implique qu'"il n’y aura pas de trilatérales tant que nos structures n’auront pas étudié et choisi les propositions discutées lors de cette séquence parisienne", a commenté l'UC.

Le Palika avait confirmé, lors de son assemblée générale le 1er avril, qu'il soutenait les objectifs fixés par le FLNKS concernant le maintien en l'état du corps électoral provincial. À Paris, l'un des enjeux sera d'échanger avec la Première ministre Elisabeth Borne, a indiqué le FLNKS lors de son bureau politique élargi du 29 mars. "Ça va être l’occasion de poser les choses, de redire les choses directement à la cheffe du gouvernement", avait commenté Pascal Sawa, premier secrétaire général de l'Union calédonienne, en charge de l'animation au sein du bureau politique. "Ça va être une grosse séquence. On a préparé nos équipes à cette rencontre."

4 La position des non-indépendantistes

À Paris, les non-indépendantistes sont "déterminés" car "il faut sortir de l’Accord de Nouméa", commente Gil Brial, porte-parole des Loyalistes. "On va aborder deux points difficiles : le corps électoral pour les élections provinciales et le droit à l’autodétermination. Nous sommes confiants car l’État a remis les indépendantistes autour de la table. Il a eu un discours qui fonctionne et qui est assez clair sur le fait que les élections provinciales ne pourront pas se tenir avec le corps électoral actuel."

Le Rassemblement- Les Républicains a également sorti une feuille de route pour les discussions parisiennes. Le parti se positionne notamment sur la question du gel électoral :  "Pour rassembler les Calédoniens et construire une société unie, le Rassemblement souhaite une citoyenneté positive et inclusive sur la base de valeurs partagées. L’ouverture sur le principe général du corps électoral provincial est un des paramètres de cette équation complexe."

Calédonie ensemble, représentée par Philippe Dunoyer et Philippe Gomès, défendra à cette occasion leur ambition de voir aboutir le "grand accord". Un accord où chaque sensibilité pourrait se retrouver grâce à consensus qu’ils souhaitent "définitif" "L'objectif est de chercher à aboutir à ce grand accord, celui qu'on espère définitif pour réviser le champ de nos institutions. Ce consensus doit nous permettre de réaffirmer l'unité du peuple calédonien, de consacrer une Nouvelle-Calédonie 'une et indivisible', nous permettre d'ouvrir la citoyenneté calédonienne et poursuivre sur les fondements des accords de Matignon et Oudinot", confirme Philippe Dunoyer.

Interview de Philippe Dunoyer de Calédonie Ensemble ©NC La 1ère

5 Les prochaines étapes

Les prochaines étapes des discussions seront le retour de Gérald Darmanin en Nouvelle-Calédonie pendant le mois de mai et la visite d'Emmanuel Macron en juillet.