Peu importe la mauvaise météo. À l’abri du kiosque à musique et des parapluies, une centaine de personnes ont afflué samedi matin à la place des Cocotiers, à l’initiative de parents d'élèves originaires de Maré. La violente agression d’un homme de l’île des Pins par des jeunes de Nengone, filmée en début de semaine et diffusée sur les réseaux sociaux, a déclenché une vague de bagarres et d’insécurité, suscitant de très fortes réactions. Comme un électrochoc.
Lire notre point de situation : Sécurité, important dispositif à Nouméa pour empêcher des jeunes de s'affronter
Trouver une voie du pardon
Les parents qui ont répondu à l'appel ce samedi souhaitent avant tout faire passer un message d’apaisement. Ils veulent trouver une voie du pardon. De nombreuses prises de parole ont eu lieu, souvent chargées d’émotion. Et de colère, parfois. Tous ont exprimé à quel point il était important de revenir au calme et au dialogue. Il a été question de valeurs, d'éducation, de respect, de coutume mais aussi du danger d'internet.
Il faut vite que ça se calme. La haine engendre la haine.
Un jeune originaire de Maré
Sentiment de responsabilité
Il ressort de cette rencontre au kiosque à musique que les participants, vieux comme jeunes, même n'étant pas de la famille des auteurs présumés de l’agression, se sentent responsables. Ils aspirent à trouver une solution au nom de tous les Si Nengone.
Le groupement des parents de Maré sur Nouméa déplore avec beaucoup de tristesse ce qu'il s'est passé. On peut comprendre le défoulement, le déchaînement de violence, qui s'est produit mais on doit aussi se montrer responsables, et pour la sécurité de nos enfants, et pour l'ensemble de la jeunesse kanak.
Sylvestre Hmae, représentant des parents de Nengone
Les Kunié aussi
La veille, au même endroit, une démarche similaire était organisée par les parents d'élèves kunié. Eugénie Gouraya a participé. Ce qu'il s'est passé avec Kilo, dit-elle en parlant de l'homme frappé au Mwâ Kââ, "on n'a pas su retenir. On a laissé cette vidéo circuler, et tout."
On reconnaît qu'on est tous responsables de ce qu'il s'est passé avec nos jeunes. On est tous responsables, aussi, pour appeler à l'ordre et apaiser, chacun à son niveau.
Eugénie Gouraya, participante à la réunion des Kunié vendredi à Nouméa
Pas en cours cette semaine ?
Décision a été prise par les parents maréens de ne pas envoyer en cours, durant toute une semaine, leurs enfants scolarisés dans le secondaire, à Nouméa mais aussi Bourail. Ils travaillent à présent sur une coutume de pardon, en concours avec le Sénat coutumier. Elle pourrait avoir lieu samedi prochain, au Mwâ Kââ.