Le parquet national financier se penche sur l’OPT de Nouvelle-Calédonie. Cette équipe de magistrats dédiés à la délinquance économique et financière a ouvert une enquête pour une suspicion de corruption dans l’attribution d’un marché. Sur la sellette, un projet de câble sous-marin.
Les magistrats financiers s’intéressent aux conditions d’attribution de marché d’un second câble sous-marin. L’affaire a été révélée par nos confrères du Canard enchaîné. Elle concerne un marché attribué le 22 avril 2020 à Alcatel submarine networks. Ce marché conséquent de 4,47 milliards de francs CFP doit permettre à la Nouvelle-Calédonie de se doter d’un second câble sous-marin, baptisé Gondwana 2, afin de sécuriser l’accès à Internet en cas de rupture de Gondwana 1 - c’est le câble qui alimente depuis 2008 la Calédonie via l’Australie.
Un premier appel d'offres
Ce second câble est un serpent de mer, dans les cartons depuis au moins 2016. Un premier appel d’offres avait échoué en 2018. A l’époque, l’OPT avait retoqué les projets candidats, portés :
- l’un par Alcatel (via Fidji);
- l’autre par Hawaiki submarine cable (via un raccordement au câble Transpacifique qui relie Sydney aux Etats-Unis).
Le président du conseil d’administration, Gaël Yanno, avait alors indiqué "que les marchés qui avaient été demandés et les appels d’offre qui avaient été lancés devaient être revus afin de réduire le coût".
Marché relancé
Le marché est relancé en 2019 pour un prix revu à la baisse (4,5 milliards de francs au lieu de 7) et avec une obligation de passer par Fidji. Dans ce contexte, seul Alcatel dépose une offre. Elle a été validée, il y a un an, par le conseil d’administration dont le président est devenu entre temps Yoann Lecourieux.
Enquête préliminaire
Pour les juges, ce marché aurait pu faire l’objet de délits de favoritisme, prise illégale d’intérêt et corruption d’agents publics. C’est en tout cas sur ces chefs d’accusation qu’une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet financier de Paris. Joint par NC la 1ere le jeudi 22 avril, ni l’OPT, ni le président du conseil d’administration Yoann Lecourieux n’ont souhaité s’exprimer.