A chaque nouvelle affaire, c’est le symbole même de l’autorité qui s’effrite un peu plus. Derniers événements en date : la conduite en état d’ivresse de l’ancien président du Sénat coutumier Hugues Vhemavhe, ou d’élus politiques comme Daniel Goa, Paul Néaoutyine.
Autres faits marquants : l’accident causé sur un piéton par le président de la province des Iles Jacques Lalié après avoir grillé un feu rouge, la plainte déposée contre l’ancien troisième vice-président du Congrès Jean Creugnet pour des faits présumés d’agression sexuelle sur une hôtesse de l’air ou encore l’achat de voix à des élections municipales pour lequel Harold Martin et Willy Gatuhau sont renvoyés en cour d’appel… Pour n’en citer que quelques-uns.
Ce sont eux qui doivent montrer l’exemple parce que ce sont eux qui font les lois.
Un habitant
Une population en attente de probité
Le comportement de certains responsables politiques ou coutumiers égratigne sévèrement leur image auprès d'une population calédonienne qui attend davantage d’exemplarité, de la part de ceux qui dirigent le pays. "Quand on voit ce comportement-là, faut pas s’étonner de voir la jeunesse aller dans ce sens", s'agace un Calédonien. "Ce sont eux qui doivent montrer l’exemple parce que ce sont eux qui font les lois", estime un autre habitant.
Ecoutez ces réactions de citoyens recueillies par Marguerite Poigoune
Dans son numéro du mois d'octobre, le journal satirique Le Chien Bleu a d'ailleurs fait sa "Une" sur ces comportements problématiques.
Un dessin signé IceTi.
Un comportement citoyen, c’est d’abord le respect de la loi.
Yves Dupas, procureur de la République
Montrer l'exemple aux jeunes
Pour le procureur de la République, ce modèle incarné par nos autorités auprès de la jeunesse semble également essentiel. "C’est important, cet exemple qui est donné, notamment aux jeunes, qui attendent des messages clairs et forts sur les valeurs qui permettent une société soudée et solidaire entre toutes les communautés, insiste Yves Dupas. Un certain nombre de comportements brouillent complètement le chemin de cette citoyenneté. Ce qui compte, c’est que l’on puisse, vis-à-vis de ces jeunes, les amener à un comportement citoyen. Et un comportement citoyen, c’est d’abord le respect de la loi."
Parmi les personnes interrogées par NC la 1ère, la plupart estime que ces personnages publics doivent être sanctionnés pénalement comme les citoyens lambda, voire renoncer à leurs responsabilités d’élus. "Nos jeunes, dès qu’ils font des trucs comme ça, on les chope sur le champ. Et on les met en prison, fait valoir une habitante. Pour moi, la loi, c’est pareil pour tout le monde."
Pas d'inscription au casier judiciaire
Et aux yeux de nombreux Calédoniens, ce devoir d’exemplarité ne concerne pas uniquement nos élus. Mais aussi les personnes dépositaires de l’autorité publique, comme les forces de l'ordre. A l’image de ce gendarme, condamné mardi 3 octobre pour homicide involontaire et blessures involontaires après avoir dépassé dangereusement plusieurs automobilistes en 2022 à Boulouparis.
Le quadragénaire a été condamné à un an de prison ferme, une peine qu’il pourra effectuer avec un bracelet électronique. Mais sa condamnation n’a pas été inscrite à son casier judiciaire pour lui permettre de continuer à exercer en tant que gendarme.
Un exemple qui a choqué plus d’un citoyen sur les réseaux sociaux, et qui en rappelle un autre. En 2021, un policier avait vu sa peine de huit mois de prison avec sursis confirmée par la Cour de cassation. Et ce pour des violences en état d’ivresse sur sa soeur, avec une incapacité de travail supérieure à huit jours. Là aussi, la condamnation n’a pas été inscrite au casier judiciaire. Et le prévenu a ainsi pu continuer à exercer son métier de policier.
De tels faits contribuent à ternir l’image des représentants de la loi, pourtant en attente de plus de respect sur le terrain. Et entachent aussi la crédibilité des élus, alors que le désintérêt des électeurs pour la politique est de plus en plus manifeste.