C'était avant la pandémie et le confinement. En 2019, l'économie de la Nouvelle-Calédonie a été globalement marquée par «une légère amélioration sur fond de fragilités et d'incertitudes». Une analyse présentée par l'Institut d'émission d'outre-mer dans son rapport annuel.
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Les rapports annuels de l'IEOM, ce sont de véritables mines pour se renseigner sur un territoire. Celui présenté lundi à Nouméa (à consulter ici) ne déroge pas à la règle. L’Institut d’émission d’outre-mer y présente comme à chaque fois une carte d’identité très fournie de la Nouvelle-Calédonie. Mais l’essentiel des quelque 200 pages décrypte surtout l’année économique passée.
Synthèse de ce rapport :
Magali Ardoini, responsable du service des études à l'IEOM, au micro de Dave Waheo-Hnasson et Laura Schintu :
Yann Caron en longueur dans l'Invité de la matinale radio, avec Charlotte Mestre.:
Synthèse de ce rapport :
Petite progression de l'emploi salarié privé
Et pour caractériser 2019, l'IEOM insiste sur l'idée d’un «léger mieux». Un léger mieux pour l'emploi salarié privé, qui a progressé de + 0,3% l’an dernier. 205 emplois supplémentaires, et la première hausse en quatre ans. Mais la situation varie selon les secteurs.Magali Ardoini, responsable du service des études à l'IEOM, au micro de Dave Waheo-Hnasson et Laura Schintu :
Certains secteurs se sont mieux portés en 2019, notamment dans les services. On a eu des bons chiffres sur le tourisme, on sait que ce sera différent en 2020. Et d'autres secteurs [ont créé] de l'emploi dans le secteur des services non marchands, des services à la personne, des services aux entreprises (qui se développent), le numérique, les banques-assurances...
- Magali Ardoini, responsable du service des études à l'IEOM
Intérim
Le directeur de l’IEOM apporte une autre nuance : les emplois créés étaient surtout intérimaires. «Ils ne sont pas forcément pérennes et ça ne traduit pas des anticipations fortes des entrepreneurs», traduit Yann Caron. «Ils ajustent leurs effectifs aux besoins.»Croissance ralentie
En 2019, le chômage avait légèrement baissé, avec un taux de 10,9 %. La fréquentation touristique atteignait un record. L'économie affichait un taux de croissance positif. Mais elle continuait de ralentir, entraînant une baisse des recettes fiscales.Des entrepreneurs pas si positifs
L'indicateur du climat des affaires, apprécié auprès des chefs d’entreprise, «s'est sensiblement redressé en 2019». Sauf que si on l'observe sur une période longue, modère Yann Caron, «les entrepreneurs restent globalement beaucoup moins positifs que dans les années antérieures parce qu'on a une croissance de l'économie qui est plus faible. Nous disons, à l'IEOM, qu'on est rentrés dans un cycle de croissance ralentie. Globalement, une croissance de l'ordre de 1 %, quand, pendant pas mal d'années, on a eu une croissance très soutenue, de l'ordre de 3 % en Nouvelle-Calédonie.»Déjà tendu dans le public
Le secteur public était confronté à des tensions budgétaires importantes. L'IEOM signale que l'an dernier déjà, certaines collectivités connaissaient des taux élevés d'endettement. Autres éléments : la problématique des comptes sociaux, toujours d'actualité. Un secteur du nickel sous tension. Le BTP déjà en souffrance, la filière a perdu mille emplois durant les dernières années.Près de dix mille personnes sont parties
En 2019, notre solde migratoire était négatif, 9 900 personnes ont quitté la Calédonie. Et un autre point de fragilité traduit une incertitude. «Un des moteurs forts de l'économie en Nouvelle-Calédonie, comme dans la plupart des outre-mer, c'est la consommation des ménages. Et là, elle est plutôt terne», commente le directeur de l’Institut. «Ils sont dans une position prudente, ils ont plutôt tendance à épargner.» Pourtant, l'inflation et les taux d'intérêt s'avéraient faibles.A l'aube du Covid
Evidemment, le Covid-19 s'est inscrit dans le paysage, depuis. Alors, un travail pour rien ? Non, a répondu Yann Caron mardi, dans notre Invité de la matinale. «Ce qui est très intéressant et important, c'est de mesurer le point de départ. Les évolutions de 2020 vont se mesurer, aussi, à l'aune de ce qu'il s'est passé en 2019», insiste le directeur de l’IEOM.2019 en résumé
C’est-à-dire ? «Un petit mieux, une légère amélioration par rapport à une année 2018 un peu traumatisante. C'était l'année du premier référendum, une année d'attentisme, aussi. Plusieurs signaux nous montrent que l'année 2019 a enregistré un peu d'amélioration. Mais une légère amélioration, dans un contexte qui reste d'incertitude et aussi de fragilité.»Plusieurs signaux nous montrent que l'année 2019 a enregistré un peu d'amélioration. Mais une légère amélioration, dans un contexte qui reste d'incertitude et aussi de fragilité.
- Yann Caron, directeur de l'IEOM
Reste à évaluer 2020
Ce qui nous intéresse encore davantage, c’est l’état de l’économie en cette drôle d’année 2020. Pour évaluer les conséquences de la pandémie et du confinement sur la Calédonie, un nouvel élément va bientôt être connu : en août, l'Institut d’émission doit publier son indicateur trimestriel du climat des affaires.Evaluation en plusieurs fois
«Il y a un premier niveau de conséquences qu'on a mesuré dans le cadre d'un travail avec nos collègues du Cerom (l'Isee, l'AFD et l'IEOM). Il a montré que le mois de confinement lui-même avait un impact à peu près à hauteur d'environ 3,5 % du PIB», rappelle le directeur. «Et puis on est en train de faire tout un travail pour mesurer les impacts de plus long terme.»Une économie plus diversifiée qu'en Polynésie, par exemple
Premier enseignement, «on a la chance en Nouvelle-Calédonie, d'avoir une économie assez diversifiée, qui repose sur plusieurs piliers et qui donc est moins affectée qu'elle ne l'est dans d'autres régions, et notamment en Polynésie.»Yann Caron en longueur dans l'Invité de la matinale radio, avec Charlotte Mestre.: