Discussions parisiennes, absence des indépendantistes, solution consensuelle : ce qu’on peut retenir de l’entretien de Thierry Santa, président du Rassemblement-LR

Thierry Santa reçu le 23 octobre 2022 au journal télévisé.
Semaine très parisienne pour les acteurs politiques de Nouvelle-Calédonie, du moins ceux qui participeront aux rencontres à l’invitation de l’Etat, dont la "convention des partenaires". Ce sera le cas de Thierry Santa. Avant son départ, le membre du gouvernement et président du Rassemblement-Les Républicains a livré sur le plateau de NC la 1ère sa vision de la séquence à venir.

Des rencontres bilatérales, et la fameuse convention des partenaires qui aura lieu vendredi. Ceux des politiques calédoniens qui ont accepté l’invitation de l’Etat ont de quoi faire, cette semaine, à Paris. Le patron du Rassemblement, membre non indépendantiste du gouvernement Mapou, en sera. Dimanche 23 octobre, avant de prendre l’avion, il est venu en parler au journal télévisé de NC la 1ère. Ce qu’on peut en retenir.

Absence indépendantiste ? "Dommage"

Ni le FLNKS ni les partis qui composent le front indépendantiste ne comptent participer à ces rendez-vous. Jacques Lalié y assistera en tant que président de la province Îles. "C’est dommage", a réagi Thierry Santa sur notre plateau. "Ç’aurait pu être l’occasion de recommencer à renouer les fils du dialogue. On aurait pu commencer à discuter de la manière d’organiser les discussions d’avenir, c’était l’objectif de ces rencontres parisiennes." Et d’ajouter : "C’est de leur responsabilité. La parole qui a été donnée à un moment donné aujourd’hui n’a pas été tenue."

"Besoin d’avancer"

Quel enjeu à ces rencontres, dans un tel contexte ? "On a surtout besoin d’avancer", pose l’élu loyaliste. "Nous, nous serons présents. Une partie de la société civile sera présente puisque les présidents de chambre consulaire seront là, et c’est une bonne chose (…). Avec ces personnes-là, il faut qu’on commence à réfléchir à ces discussions d’avenir et le jour où les indépendantistes intègreront la démarche (…), on aura au moins avancé sur cette organisation, sur la définition des sujets, les thématiques, le planning éventuellement, des discussions à venir."

"Une étape" plus qu’un échec

Dans l'absence de délégation indépendantiste, Thierry Santa se refuse à voir un échec de Jean-François Carenco, ministre délégué aux Outre-mer qui était venu en Calédonie pour préparer le terrain. "Je ne crois pas que ce soit un échec, je pense que c’est une étape. C’est sûr que c’est une étape qu’on aurait voulue plus productive, puisqu’il espérait les faire venir à Paris. Mais le fait est qu’il a réussi à renouer le contact avec toutes les composantes indépendantistes. Ce que n’avaient pas pu faire les représentants de l’Etat depuis de nombreux mois avant lui."

Et d’exprimer son espoir de lendemains plus constructifs : "Que les indépendantistes reviendront autour de la table, parce que ce n’est que comme ça qu’on sortira par le haut de la situation dans laquelle nous sommes. Peut-être que ça nécessitera un déplacement de personnalités nationales dans les semaines ou dans les mois qui viennent, pour arriver à convaincre les leaders indépendantistes de commencer ces discussions d’avenir".

Concertation entre loyalistes

Jeudi 27, place à des bilatérales entre le gouvernement central et des représentants non indépendantistes, qui se concerteront avant. "On a prévu effectivement une rencontre le 26 entre les représentants du Rassemblement et ceux du groupe les Loyalistes", confirme Thierry Santa.  "Je ne sais pas si les représentants de Calédonie ensemble y participeront (…). L’objectif étant de définir un peu la colonne vertébrale commune."

Même si nous avons des différences dans nos visions d’avenir (…), on a des principes communs, d’une Calédonie française, démocratique, plus égalitaire, plus équilibrée socialement.

Thierry Santa à propos du bloc non indépendantiste

Sur la base de "fondamentaux"

L’invité du JT a précisé ces "fondamentaux" : "Les compétences régaliennes doivent être exercées par l’Etat. Le corps électoral doit être ouvert à nouveau. La répartition des compétences entre les institutions doit faire l’objet de discussions pour améliorer le système actuel. Le financement des collectivités, également. C’est tous ces éléments fondamentaux que nous devons définir ensemble, avec les autres partenaires loyalistes, de manière à essayer de porter la même parole."

"L’Etat doit nous dire ce qu’il attend"

Thierry Santa pointe au passage ce qu’il estime être un élément important des bilatérales précédant la convention des partenaires. "C’est aussi, nous, poser la question à l’Etat de ce qu’il veut. Il doit nous dire ce qu’il attend de l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. C’est bien à trois partenaires que nous arriverons à trouver la solution équilibrée, la solution consensuelle de demain."

La foi en une solution consensuelle

Avant de voir signer les Accords de Matignon, avant l’Accord de Nouméa, la situation en Nouvelle-Calédonie était autrement tendue, resitue Thérèse Waïa durant cette interview. Est-il juste de dire que le contexte actuel est beaucoup plus apaisé et qu’une solution peut être trouvée ? "C’est notre conviction de toujours, au Rassemblement, qu’une solution sera trouvée et cette solution sera partagée entre tous", répond Thierry Santa. "Elle doit satisfaire les attentes fondamentales de chacun et ça, c’est possible. Contrairement à ce que beaucoup de Calédoniens pensent."

Cette solution, on ne la trouvera que si on est capables de sortir de nos postures traditionnelles. Si on est capables de ne pas écouter les plus virulents d’entre nous et qu’on [fait] l’effort d’écouter celui qui est en face, pour aller chercher cet équilibre entre nous nécessaire pour l’avenir.

Thierry Santa

"Moins la pression" à Paris

En toile de fond, cette impression, souvent exprimée, que les partenaires calédoniens doivent aller à Paris pour réussir à se parler. "C’est bien parce que, hélas, beaucoup de mes collègues n’arrivent pas à dépasser ces postures traditionnelles", renchérit-il. "A Paris, on arrive mieux à discuter parce qu’on a probablement moins la pression de nos tendances les plus dures et que ça permet de débloquer des discussions et d’avancer sur des sujets."

"Pas de temps à perdre"

"Je vous l’accorde, formule Thierry Santa, le contexte actuel est moins tendu que ce qu’on a pu connaître à la fin des années quatre-vingts au moment des Evénements et ensuite, au moment du préalable minier. Mais on n’a pas de temps à perdre, non plus, parce que la situation économique et sociale est en train de se dégrader à une vitesse phénoménale, avec les problèmes de vie chère que ça engendre, les problèmes d’inflation, les problèmes budgétaires des collectivités. Tout cela, il faut qu’on le traite et on ne le traitera que quand on aura apaisé la situation institutionnelle."

Questions d'internaute

Un internaute se demande si le gouvernement central pourrait utiliser l’article 49.3 de la Constitution - celui qui permet de faire passer un projet de loi sans débat - pour les décisions concernant la Calédonie. "L’avenir nous le dira, rétorque l’invité politique. Mais imposer les choses, ce n’est pas la meilleure solution, en tout cas pas une solution pérenne."

Il faut que les gens viennent autour de la table, prennent leurs responsabilités et comprennent que ce qu’attendent la majorité des Calédoniens, y compris mélanésiens, c’est des discussions, c’est sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes.

Thierry Santa

Autre question d’internaute, ses propositions en matière de lutte contre la vie chère. Eléments de réponse ici, dans l’entretien complet avec Thérèse Waïa :

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