Feuille de route, adversité, positions indépendantistes : ce qu'on peut retenir de l'entretien de Virginie Ruffenach, présidente du groupe AEC au Congrès

Virginie Ruffenach était l'invitée politique du dimanche le 20 novembre 202.
Une semaine avant la visite ministérielle attendue en Nouvelle-Calédonie, la présidente du groupe Avenir en confiance était l'invitée politique du dimanche sur NC la 1ère. Virginie Ruffenach a évoqué l'axe tracé par les représentants de l'Etat, les moyens de reprendre le dialogue entre partenaires ou encore les propos du sénateur Frogier.

Comment avancer vers la reprise du dialogue avec les indépendantistes ? Quelle méthode pour favoriser les convergences ? "Il y a des tas de forme de souveraineté, il y a des tas de forme d'appartenance à la République", disait le ministre délégué aux Outre-mer, en fin de semaine dernière. Une déclaration à retrouver dans cette synthèse de Dave Waheo-Hnasson :

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Un destin "au sein de la République"

Virginie Ruffenach a été interrogée dimanche soir sur les propos de Jean-François Carenco. "Ce qui est important", a insisté la présidente du groupe Avenir en confiance au Congrès, "c'est que la Première ministre ait affirmé que le destin de la Calédonie se situe au sein de la République désormais, lors de la Convention des partenaires. Ça a été également affirmé par le ministre Darmanin et aussi le ministre délégué." Pour l'élue non indépendantiste, c'est la feuille de route dans laquelle il faut s'inscrire.

Tout reste à construire. Nous avons un cap qui a été donné (…) Dans cela, il y a beaucoup de choses à faire. La personnalité particulière de la Nouvelle-Calédonie s'est déjà exprimée et doit continuer à s'exprimer. 

Virginie Ruffenach, présidente du groupe AEC au Congrès

Passer le cap de l'adversité

La vice-présidente du Rassemblement rebondit sur les déclarations de Pierre Frogier. Il a évoqué sur une autre antenne le besoin qu'indépendantistes et non indépendantistes se rencontrent d'abord "face à face", pour se "dire les choses", comme dans "une thérapie de groupe". "Avant une discussion sur un choix institutionnel", renchérit Virginie Ruffenach, "il y a une adversité très forte aujourd'hui, qui empêche toute construction de notre avenir (…) Il faut absolument (…) que nous retrouvions cette relation de partenaires que les hommes, auparavant, ont su trouver".

Après "la réparation", place à "la construction"

"Le sénateur a dit une chose très juste", retient-elle encore, "c'est que le temps des accords a été le temps de la réparation. Nous nous sommes tous engagés dans cette réparation, même si nous ne sommes pas forcément coupables de ce qui s'est passé par le passé", en termes de colonisation. "Aujourd'hui, la réparation est terminée. C'est le temps de la construction et elle doit se faire sur des bases apaisées, dans un pays où on se considère tous comme étant légitimes".

"Des déclarations outrancières"

Une allusion à la polémique récente sur le discours prononcé par le président de l'Union calédonienne, entre autres. "Je suis très respectueuse de la conviction des indépendantistes", formule l'invitée du JT. "Néanmoins, en marge de ces différents congrès, il y a parfois des déclarations outrancières, qui sont des chantages à la violence et qu'on doit dénoncer et ne pas accepter."

Groupes de travail

Concernant la participation aux groupes de travail qui vont être installés par l'Etat, "je ne peux pas concevoir que l'Union calédonienne (…) ne puisse pas être autour de la table des discussions", a-t-elle lancé. "Ce qu'attendent les Calédoniens, c'est que nous soyons à la hauteur de nos responsabilités, certainement pas dans des chantages ou des menaces que certains, pas tous, responsable politiques ont pu faire." Et quel est selon elle le défi principal pour les ministre et ministre délégué aux Outre-mer ? "Créer de la fraternité entre l'ensemble de la population calédonienne, faire du lien avec l'ensemble des responsables politiques."

Corps électoral : "l'Etat doit proposer un dispositif nouveau"

Un internaute lance Virginie Ruffenach sur un sujet qui lui est cher, les pistes quant au gel du corps électoral. "L'Etat doit proposer un dispositif nouveau, qui ouvre le corps électoral à la sortie de l'Accord de Nouméa", rétorque-t-elle en substance. Quant à l'opposition vent debout des indépendantistes sur ce sujet des plus sensibles : "Je comprends qu'ils sont sur leurs convictions à eux, sur une revendication. Pour autant, ce n'est pas acceptable. L'Etat devra (…) trouver des solutions pour le rouvrir."

En cas d'impasse

Que va-t-il se passer si les indépendantistes persistent dans leur volonté de ne plus discuter hormis d'indépendance, demande un autre ? "C'est très clair : nous, nous souhaitons un dialogue, une construction en commun. Nous considérons que nous ne pouvons pas construire l'avenir sans les indépendantistes. Mais si jamais ils sont bornés à rester dans des positions de cette nature, à ce moment-là, faisons jouer le fait majoritaire en Calédonie (…) Je crois que ce n'est l'intérêt de personne. L'intérêt c'est de redevenir des partenaires et de construire ensemble." 

C'est une chimère, de considérer qu'on peut avoir l'indépendance en Calédonie, quand par trois fois, les Calédoniens ont fait un choix très clair.

Virginie Ruffenach, présidente du groupe AEC au Congrès

Son entretien complet avec Thérèse Waïa :

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