Gouvernement, Congrès, comité des signataires, tables-rondes citoyennes…Ce qu’on peut retenir de l’entretien de Thierry Santa, président du Rassemblement-Les Républicains

Thierry Santa, invité du dimanche du 7 août 2022
Thierry Santa était l’invité politique du dimanche ce 7 août. Il est revenu sur les grands dossiers d’actualité pour la Nouvelle-Calédonie, les discussions sur l’avenir du pays mais aussi les rendez-vous à court terme comme le renouvellement du bureau (et du président) du Congrès.

L’actualité politique calédonienne de ces prochaines semaines et de ces prochains mois sera marquée par le renouvellement du bureau du Congrès, le comité des signataires prévu à Paris, et les discussions sur l’avenir du pays. Des rendez-vous durant lesquels le Rassemblement-Les Républicains compte apporter sa pierre à l’édifice. Pour en parler, le président du parti, Thierry Santa, était ce dimanche 7 août, l’invité du JT de NC la 1ère. Voici ce qu’on peut en retenir. 

Pas d’intérêt à faire tomber le gouvernement 

Pas vraiment d’accalmie politique en ce moment en Nouvelle-Calédonie pour Thierry Santa. Le président du Rassemblement-Les Républicains note plutôt des tensions et de la provocation de la part des uns et des autres. 

J’ai l’impression qu’il y a beaucoup d’agressivité alors que finalement, on devrait apaiser le débat politique pour créer les chemins d’un dialogue apaisé, serein.

Thierry Santa

L’ancien président du gouvernement estime que dans le contexte actuel, il n’est pas judicieux de vouloir faire chuter le gouvernement. 
"Quand j’entends les indépendantistes qui disent qu’ils ne veulent que discuter avec l’État, qui ne veulent plus discuter avec les non-indépendantistes alors que tout le monde sait que ça se terminera à la fin dans une négociation à trois… Quand j’entends la confédération Ensemble qui menace de faire tomber le gouvernement alors que dans l’état actuel des choses, je n’en vois absolument pas l’intérêt… Renverser un gouvernement, c’est quand il y a une autre majorité qui s’est constituée pour porter un nouveau programme, de relance économique, de réforme fiscale, de gestion des difficultés des Calédoniens de tous les jours. Là, je ne vois pas de majorité en ce sens. Donc, si c’est faire tomber un gouvernement pour créer de l’instabilité institutionnelle pour qu’ensuite pendant 18 mois derrière, la même majorité mette en oeuvre le même programme, je n’en vois absolument pas la nécessité".  

Un candidat loyaliste unique pour la présidence du Congrès ?

Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie doit se réunir le 30 août prochain pour renouveler son bureau et notamment son président. Cette fois, Thierry Santa espère bien que cette présidence reviendra à un loyaliste : 

Je fais partie de ceux qui considèrent que le président du Congrès doit représenter la réalité démocratique de la Nouvelle-Calédonie.

Thierry Santa

"En l’occurrence, la Nouvelle-Calédonie est non-indépendantiste, donc il faut un président non-indépendantiste" affirme celui qui milite pour qu’il y ait un candidat non-indépendantiste unique pour ce renouvellement de la présidence du Congrès. "Je considère que c’est de la responsabilité de ceux qui ont gagné les élections, qui sont aujourd’hui majoritaires, la confédération Ensemble, de trouver cet équilibre, de trouver ce candidat qui pourra être celui qui rassemblera le plus de voix autour de lui et au-delà du camp loyaliste parce qu’on n’arrivera à rien sans que l’Éveil océanien ne nous accompagne". 
Les discussions sont en cours indique-t-il. 

Une mission préalable pour préparer le comité des signataires

Le président du Rassemblement-Les Républicains a regretté la récente gestion du dossier calédonien par le nouveau gouvernement national : "J’ai le sentiment que l’État s’est un peu pris les pieds dans le tapis ces derniers jours, où les ministres ont annoncé leur venue pour ensuite annuler leur déplacement, pour ensuite annoncer par tweet l’organisation d’un comité des signataires".  
Pour lui, il faut préparer ce rendez-vous parisien par le biais d’une mission préalable envoyée en Calédonie pour discuter avec chaque camp en amont et ainsi essayer de garantir la participation de tous. "Il faut un comité des signataires pour faire un bilan de l’Accord de Nouméa de manière à ce qu’on en tire les éléments positifs, qu’on en constate les dysfonctionnements, et que sur la base de ces éléments et d’autres, on réfléchisse à une méthode et à la manière d’arriver à négocier ce futur statut calédonien le plus consensuel possible". 

Une mauvaise gestion du timing

Pour Thierry Santa, le comité des signataires prévu en septembre ou octobre est un peu prématuré. Il aurait fallu attendre d’avoir le bilan de l’Accord de Nouméa pour avoir une base de discussions.  
"J’apprends que l’État va lancer un audit de la décolonisation et un bilan de l’Accord de Nouméa avec un prestataire, dont les résultats ne sont pas attendus avant le mois de décembre. […] Si on n’a pas ces éléments là au moment de la discussion de ce comité des signataires, ça serait dommage, mais surtout, ça ne serait pas très cohérent. Si c’est juste aller à Paris pour dire que l’Accord de Nouméa est fini, je n’en vois pas trop l’utilité. Par contre, aller à Paris pour analyser le résultat de l’Accord de Nouméa et s’en inspirer pour commencer à définir les discussions à venir et surtout le planning de ces discussions à venir, oui, là, ça a un vrai intérêt".

Oui à des discussions bilatérales, non à des négociations bilatérales

Interrogé sur la demande des indépendantistes d’avoir des discussions bilatérales avec l’État, Thierry Santa la juge "normale". 
"Il y a toujours eu des bilatérales, je ne vois pas trop l’intérêt d’en faire une polémique. Là où je ne serais pas d’accord, c’est qu’il y ait des négociations en bilatérales. Là, ce n’est pas possible, ce sera forcément des négociations à trois. Toute la population calédonienne doit être entendue pour la définition de ce futur statut de la Nouvelle-Calédonie si on veut continuer à vivre en paix les uns avec les autres. Il faut qu’on tienne compte de chacun d’entre nous".

Les tables-rondes citoyennes

En début d’année, le Rassemblement LR avait lancé des tables-rondes citoyennes pour consulter la population calédonienne sur ses attentes dans des thématiques variées allant de l’environnement à la fiscalité en passant par la coutume ou la place de la Calédonie dans le monde. Des tables-rondes où chacun était invité à s’exprimer, quelle que soit sa sensibilité. Thierry Santa souhaite que les politiques comme l’État s’en inspirent pour les négociations futures. 
"Cette réflexion sur la société calédonienne et non pas sur l’avenir institutionnel (on a volontairement écarté cette discussion pour sortir du binaire), va forcément malgré tout influencer cet avenir institutionnel. Les réflexions des Calédoniens sur les différentes thématiques, si tout le monde s’en inspire, auront une incidence sur la répartition par exemple des compétences entre les différentes institutions calédoniennes".
Cette consultation de la société civile a selon lui deux intérêts : un intérêt technique puisque la société civile connaît les sujets et les problématiques évoqués, et un intérêt sociétal. "Face à des difficultés, la société civile cherche des solutions pragmatiques, en dehors de tout dogmatisme, de toute posture politique, de toute idéologie. Ils essayent de trouver des solutions simples, pragmatiques aux problèmes auxquels ils sont confrontés".

La fiscalité 

Interrogé par un internaute-téléspectateur sur les réformes fiscales lancées par le gouvernement Mapou, Thierry Santa évoque une programmation fiscale "mortifère pour l’économie calédonienne". 

Trop d’impôt tue l’impôt.

Thierry Santa


" Si on continue à taxer les Calédoniens et les entreprises calédoniennes de cette façon là, on va tuer la consommation, on va tuer la capacité de production, la compétitivité de nos entreprises et on va rentrer dans un cercle vicieux économique où petit à petit, il y aura de plus en plus de chômage et de moins en moins de rentrées fiscales, de moins en moins de cotisations, de plus en plus de déficit de nos comptes sociaux et c’est surtout pas ce qu’il faut faire. Aujourd’hui, il faut au contraire trouver des mesures pour relancer le système économique calédonien et ça, ça passe par un allégement des charges des entreprises et plus de pouvoir d’achat pour les Calédoniens".
Retrouvez l’intégralité de cet entretien conduit par Steeven Gnipate ci-dessous : 

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