Le dix-septième gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ne peut pas assumer ses fonctions faute d'avoir désigné son président. Quatre jours après la dernière tentative, Gilbert Tyuienon, UC, était l'invité du journal télévisé pour évoquer cette impasse et l'absence de consensus avec l'Uni-Palika.
La semaine qui commence s'annonce à nouveau intense, sur le plan politique. Le dix-septième gouvernement calédonien n'arrive pas à se choisir un président. La fracture semble profonde, entre indépendantistes de l'Union calédonienne et de l'Uni-Palika. Des discussions sur l'avenir institutionnel commencent à Paris dans quelques jours...
Dimanche 16 mai, le premier vice-président de l'UC, également vice-président du gouvernement sortant, était l'invité de notre JT pour aborder ces sujets.
Dissensions UC / Palika ? Une "question de recalages"
Pourquoi les indépendantistes, majoritaires au dix-septième gouvernement, n’arrivent-ils pas à s’accorder sur son président ? Qu’est-ce qui ne va pas entre l’Union calédonienne et le Palika, arc-boutés sur leur candidat respectif ? "Question de recalages", répond Gilbert Tyuienon. "Autant nous partageons le même engagement politique pour l’indépendance, autant nous [avons] des visions de politique publique différentes", souligne le premier vice-président de l’UC. "C’est du recalage sur beaucoup de réformes engagées. Des recalages, aussi, compte tenu du fait que nous sommes à la sortie de l’Accord de Nouméa."
"Le candidat de l’UC est Samuel Hnepeune"
Face aux critiques émises côté Palika, l’UC se défend de faire cavalier seul. Revenant sur la convention du FLNKS à Kouaoua, le samedi 1er mai, Gilbert Tyuienon insiste : "Nos représentants sont allés avec des propositions concrètes. Un espèce de package. On allait regarder à la fois la question du président du gouvernement, la présidence du Congrès, regarder vers le Nord, et parler surtout de ce portage politique qu’on allait faire ensemble au niveau du gouvernement… Ça n’a pas matché." Quoi qu’il en soit, ajoute-t-il, "le candidat de l’UC aujourd’hui est Samuel Hnepeune".
A l’UC, on estime qu’il faut continuer les discussions. Il faut absolument qu’on s’entende.
"Bonifier les 47% du référendum"
Ce dix-septième gouvernement aura-t-il un président avant les discussions politiques parisiennes, qui commencent à la fin du mois ? "Ce qu’on a dit depuis notre congrès de Touho l’année dernière, c’est qu’il fallait bonifier les 47% du dernier référendum", a développé l’invité du JT - rappelons que le 4 octobre 2020, le "Oui" à la pleine souveraineté et l’indépendance avait obtenu 46,74 % des suffrages exprimés.
"C’est toujours cet objectif que nous avons. Tout ça doit nous conduire à être en capacité de mettre en place la présidence du gouvernement, et de répondre favorablement aux invitations du Premier ministre. Parce que nous sommes rendus au bout de l’Accord de Nouméa et on veut entendre ce que l’Etat a à nous dire. D’une façon générale, reformule Gilbert Tyuienon, "il faut prendre le temps, en se dépêchant"...
Implications du Oui et du Non : "pas une bonne méthode"
L’actualité politique, c’est aussi le document sur les implications du "Oui" et du "Non". Très attendu, mais pour l’instant remis aux seuls membres du groupe Leprédour. "Les documents qui sortent de manière un peu secrète, ce n’est pas une bonne méthode", commente le premier vice-président de l’UC. "Il faut garder les formats qui ont été validés par les signataires de l’Accord de Nouméa et, quelque part, par la Nation française dans son ensemble puisque l’accord de Nouméa a été constitutionnalisé. Et le suivi de l’Accord, ce n’est pas Leprédour, c’est le Comité des signataires."
Des réformes "réclamées" de longue date
Sur la situation catastrophique des comptes sociaux, problématique qui requiert l’action d’un gouvernement de plein exercice, l’élu indépendantiste a recadré. Il a rappelé la mission menée en Calédonie il y quelques années par l’Igas. L’Inspection générale des affaires sociales avait rendu un rapport et de nombreuses recommandations. "Le gouvernement Germain n’a pas mis ça en route, c’était à l’approche des élections, il fallait un peu de courage politique", a pointé Gilbert Tyuienon, qui faisait déjà partie de l'exécutif à l'époque. "Cette fois-ci, avec le gouvernement du président Santa, on a tardé un peu. Mais les choses avaient commencé à être enclenchées."
S’il fallait prendre des responsabilités pour que le pays ne connaisse pas les difficultés économiques, budgétaires, sociales et tout ça, ce n’est pas hier qu’il fallait le faire, c’est depuis plus de trente ans. On a toujours réclamé ces réformes.
"Le gouvernement existe parce que le FLNKS l’a voulu"
"Avez-vous toujours envie de prendre les rênes du pays ?", a interrogé Steeven Gnipate dimanche. "Les institutions que nous connaissons aujourd’hui, et notamment un gouvernement calédonien, existent parce que le FLKNS l’a voulu", a rétorqué son invité. "Je pense que oui, on veut le prendre, sauf que c’est une question de recalage."
A propos de la chute de l'exécutif, le dirigeant de l'UC, Daniel Goa, avait évoqué une "précipitation". "Comme l’a indiqué le président Goa, il aurait fallu que l’on prenne un peu plus le temps de bien caler les choses", renchérit Gilbert Tyuienon. "Or, on ne l’a pas fait parce que plusieurs choses étaient sur la table, y compris la réunion du conseil des mines que nous avons estimé qu’il fallait absolument empêcher" - l’usine du Sud était alors en cours de cession.
Un entretien à retrouver en entier ici :