Guy-Olivier Cuénot, délégué du Rassemblement national : "Il faut éviter les statuts ambigus"

Guy-Olivier Cuénot (RN), invité du dimanche ©NC la 1ère
Il est devenu cette année le porte-parole du Rassemblement national en Nouvelle-Calédonie. Guy-Olivier Cuénot, élu au Congrès, était l’invité politique de ce dimanche 20 août, dans le sillage de la visite présidentielle et à l’horizon de l’avenir institutionnel qui se dessine.

Quatre semaines se sont écoulées depuis le déplacement d’Emmanuel Macron en Calédonie. Invité du journal télévisé, dimanche 20 août, sur NC la 1ère, Guy-Olivier Cuénot est revenu sur le fameux discours prononcé par le chef de l’Etat place des Cocotiers. “Il faut se méfier des effets d’annonce. Nous, on attend les actes”, résume le délégué territorial du RN, âgé de 57 ans. 

“Paradoxe”

“Le paradoxe, c’est par exemple qu’il a pointé comme difficulté majeure l’énergie, en termes de possibilité de développement pour les industries minières et comme difficulté majeure (…). Mais c’est exactement le contraire qu’il conduit au niveau national, en faisant payer quatre fois le prix de l’énergie aux Français”, argue-t-il, en évoquant aussi les allusions du président à l’autonomie alimentaire. “Effectivement, elle est de 17 % aujourd’hui. Elle était de 34 %, le double, il y a un peu plus de vingt ans. Là aussi, on en entend parler de sa part, mais on fait l’inverse au niveau national. Comment un gouvernement qui conduit une politique inverse au niveau national va pouvoir aller dans le sens des intérêts de la Nouvelle-Calédonie au niveau local ?”

Le plan de relance, "grand absent du discours"

Guy-Olivier Cuénot, qui siège au Congrès avec le groupe Rassemblement, retient un autre aspect : “le grand absent du discours d’Emmanuel Macron, c’est la possibilité d’un plan de relance de notre économie. On n’a eu aucun engagement là-dessus. Or, la Calédonie n’a pas les ressources pour faire face à sa situation économique et sociale dramatique, n’a pas les ressources propres pour générer la fiscalité suffisante et le montant significatif pour pouvoir relancer notre économie.” La relance, un sujet de prédilection, pour le représentant du Rassemblement national.

Pour un futur référendum d’initiative citoyenne

Comme le dégel du corps électoral pour les provinciales, sujet sensible présent en bonne place dans le discours présidentiel. Guy-Olivier Cuénot est-il partisan d’une ouverture totale ? “C’est une question qu’on doit se poser, répond-il, parce qu’il n’y a pas d’enjeu ‘indépendance ou non indépendance’, aux provinciales. Le cycle des trois référendums est passé. Le nouveau statut va définir les conditions d’exercice du pouvoir politique et l’organisation entre les provinces en Nouvelle-Calédonie (…) Mais à quel titre doit-on restreindre l’expression du droit de vote sur les sujets du quotidien ?” Et là, “on ne parle pas d’une éventuelle consultation future”. A ce niveau, le RN défend le principe d’un référendum d’initiative citoyenne. “Ce n’est pas le politique qui doit avoir la main sur le calendrier. Il faut se donner une respiration, au moins d’une génération, pour construire le pays.”

"Le régalien doit rester à l’Etat"

L’aspect institutionnel de cet avenir doit être à nouveau abordé, dans quelques semaines, à Paris. Lui, n’en sera pas. D’où cette considération : “Nous sommes le seul parti exclu de ces discussions.” Parti dont la vision se veut limpide. “Il n’y a pas d’ambiguité à partir du moment où on s’est exprimé trois fois : on est dans la France (…) On a une pleine autonomie, il faut en définir les conditions d’exercice, il faut balayer ce mille-feuilles administratif qui nous empêche de gouverner correctement (…) Mais surtout, il faut éviter les statuts ambigus. Nous avons placé des lignes rouges très claires (…) Le régalien doit rester à l’Etat. Il faut déjà exercer correctement les compétences que nous avons aujourd’hui.”

L’invité du JT écarte par ailleurs les pistes évoquées par Calédonie ensemble"par exemple un gouvernement qui serait composé pourquoi pas de ministres et d'un Premier ministre (…) avec en plus un président de la Nouvelle-Calédonie qui aurait un rôle de représentation sur la scène internationale”. Guy-Olivier Cuénot de réagir : “Il faut faire évoluer [les institutions]. Par contre, faire une sorte de simulacre de République locale, ça n’a pas de sens. Il faut d’abord penser à l’efficacité.”

Traditions, formation, spiritualité

“Quel socle de valeurs communes pourriez-vous proposer aux indépendantistes ?”, questionne un internaute. A quoi il répond en défendant trois forces : le poids de la tradition et du patrimoine, la formation et le travail, ainsi que la spiritualité. L’élu a aussi été interrogé en tant que président de la commission travail et formation professionnelle au Congrès. “Nous devons à tout prix adapter notre cadre réglementaire et législatif local (…) dans le sens de l’intérêt de la jeunesse calédonienne. Il y a des pistes à développer, a-t-il défendu. Nous avons une jeunesse pleine d’appétence et de savoirs mais qui parfois n’a pas les voies et moyens adéquats pour pouvoir se former et la formation, c’est le point clé.” 

On retiendra enfin, "sur le nucléaire, une position qui est claire. C’est la seule énergie disponible massivement, sur laquelle la France a une avance considérable, décarbonée".