Le groupe UC-FLNKS et Nationalistes dépose un texte sur le "drapeau de la Nouvelle-Calédonie"

Les deux drapeaux dressés côte à côte, image d'illustration.
Une initiative, dans le délicat débat sur la bannière à arborer pour identifier la Nouvelle-Calédonie. Jeudi 1er décembre, le groupe UC-FLNKS et Nationalistes au Congrès a déposé une proposition de loi de pays concernant le drapeau.

MISE A JOUR DU 2 DECEMBRE AVEC EXPLICATIONS, REACTION ET MISE EN PERSPECTIVE

"Une proposition de loi du pays relative au drapeau de la Nouvelle-Calédonie pour marquer la personnalité du pays et unifier la société calédonienne qui construit une communauté de destin." C’est en ces mots que le groupe UC-FLNKS et Nationalistes a déposé sur le bureau du Congrès un texte concernant un signe identitaire aussi important que sensible. 

"Le seul qui permette de se démarquer"

"Notre groupe a manifesté durant les élections provinciales de 2019 sa volonté d’unifier la société calédonienne en développant une politique culturelle qui contribue à construire notre communauté de destin, et cette proposition de loi de pays manifeste cette ambition", explique le communiqué diffusé le jeudi 1er décembre. La date a son importance : le premier lever du drapeau FLNKS a eu lieu le 1er décembre 1984, tribu de La Conception, au Mont-Dore.

Echo au drapeau tricolore ?

Le drapeau du front indépendantiste peut-il devenir le drapeau de tous les Calédoniens ? Oui, selon l'UC-FLNKS et Nationalistes. Les couleurs du peuple français s'y retrouvent, argumente le groupe. "Jean-Marie [Tjibaou] voulait à tout prix que les couleurs initiales de la Révolution française soient représentées : le bleu et le rouge, à l’exception du blanc de la monarchie", développe son président, Pierre-Chanel Tutugoro. D'autre part, défend-il, "tous les étudiants qui sont en France, tous les Calédoniens qui sont partout dans le monde, arborent ce drapeau, ces couleurs, quand ils cherchent fièrement à affirmer leur identité. C'est une histoire identitaire pour se différencier par rapport aux Français de France. Mais ce n'est pas forcément en lien avec la question politique de l'avenir institutionnel du pays. C'est une question de patriotisme."

Enfin, la recherche d'un drapeau commun est inscrite à la fois dans l'Accord de Nouméa signé en 1998 et dans la loi organique de 1999, souligne encore le groupe. "Les signes identitaires ont été traités, mais que partiellement. Il faut traiter la dernière partie, avoir ce courage politique." Devise, hymne et graphisme de la monnaie, les autre signes identitaires ont fait l'objet d'un accord politique en 2010.

Pierre-Chanel Tutugoro à propos du drapeau FLNKS, au téléphone de Charlotte Manevy

Pour honorer l’Accord de Nouméa en allant jusqu’à son terme, notre proposition de loi du pays vise à revoir le sens des éléments graphique du drapeau du FLNKS, afin de permettre que celui-ci devienne la bannière du pays.

UC-FLNKS et Nationalistes, communiqué du 1er décembre

Pendant une visite ministérielle importante  

Cette annonce est intervenue en pleine visite de Gérald Darmanin, venu relancer le dialogue autour de l'avenir institutionnel et installer différents groupes de travail sur le sujet. Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer que le groupe UC-FLNKS et Nationalistes a rencontré mardi après-midi, au haut-commissariat.

Rappelons que le drapeau de Kanaky est déployé depuis douze ans devant les institutions en Nouvelle-Calédonie aux côtés de l'étendard tricolore. L'expression "les deux drapeaux" est devenue courante. Par ailleurs, il est souvent utilisé pour symboliser le Caillou à l'extérieur… ce qui engendre des polémiques de façon régulière au sein d'une partie de la population.

En réaction

La proposition du groupe UC-FLNKS a fait réagir. Le député de la seconde circonscription, par exemple, alors que Nicolas Metzdorf était l'invité de la matinale radio. "C'est un travail qui doit être mené par le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en associant de multiples acteurs", a-t-il déclaré à Sheïma Riahi. "Aujourd'hui, c'est le FLNKS qui vient imposer son drapeau, comme d'habitude". L'élu loyaliste parle d'une méthode qui "n'est pas la bonne". "On est dans la provocation, dans le coup de com' politique pendant la visite du ministre, pas dans une attitude constructive de discussion sur l'ensemble des sujets."

©nouvellecaledonie

Retour en 1998

Les tentatives ont été nombreuses, pour trouver un accord sur la question, mais sans réel succès. La première initiative a eu lieu dès l’Accord de Nouméa : un concours baptisé "Mon drapeau pour la Nouvelle-Calédonie / Kanaky" reçoit 87 propositions. En 1999, sept d’entre elles ont reçu un nombre de voix non négligeable et sont présentées à part, avec le nombre de suffrages et le nom de leurs auteurs. Une initiative qui reste lettre morte

2004

En 2004, le parti Calédonie mon pays reprend l’idée à son compte en organisant à son tour un concours, qui reprend largement les propositions de 1999. Un drapeau unissant l’emblème tricolore et le drapeau du FLNKS arrive en tête, le drapeau du front prenant d’ailleurs la deuxième position. Encore une fois, rien n’aboutira. 

2010

Le débat ressurgit avec le lever des deux drapeaux en 2010. Calédonie ensemble milite alors pour l’adoption d’un emblème commun. Le collectif pour un drapeau commun relance, devinez quoi ? Un concours… 72 propositions sont soumises au vote des internautes et au terme de quatre tours éliminatoires,  un drapeau avec deux bandes rouge et une bande blanche ornée d’un pin colonnaire, d’un nautile et d’une flèche faitière remporte le plus de voix. Projet qui avait suscité beaucoup de débat, mais rejoindra les précédentes initiatives, au fond du tiroir législatif.

2020

Bref, c’est un fait : si les autres signes identitaires ont pu faire l'objet d'un consensus, la question du drapeau n’a jamais été tranchée. On l’a bien vu pendant les campagnes référendaires, notamment celle de la deuxième consultation prévue par l'accord de Nouméa, qui a eu lieu en 2020 : le drapeau n’est pas un sujet neutre, mais un emblème fort qui permet d’afficher ses positions.

Cette même année 2020, Générations NC a formulé un vœu pour que le Congrès se saisisse de la question d’un drapeau commun peine. Perdue. Le texte déposé au congrès par le groupe UC-FLNKS  propose de faire du drapeau indépendantiste l’emblème du pays, en adaptant sa signification pour que tous les Calédoniens s’y reconnaissent. Une proposition similaire a déjà été faite en 2011, sans succès.

Et ce clin d'œil de la dessinatrice IceTea, pour le mensuel Le Chien bleu :