Renfort de pompiers depuis la Provence-Alpes-Côte d'Azur, après une série éprouvante d'incendies en Calédonie. Mais n'est-ce pas tard ? Invité du journal télévisé dimanche 7 janvier, le président du gouvernement a répondu à Valentin Deleforterie : "Nous pensions avoir suffisamment anticipé les choses depuis le mois d'août, a lancé Louis Mapou. Là, compte tenu des difficultés et surtout de la fatigue rencontrée par l'ensemble des pompiers de la Nouvelle-Calédonie, que ce soit de la Sécurité civile, des communes, des entreprises privées (Prony resources, Sud forêt), des militaires (…), nous avons demandé à l'Etat de nous apporter ce renfort supplémentaire."
Vers la création d'un "centre d'urgence"
Reste que le modèle actuel de réponse aux feux pose question. "Nous fonctionnons avec un système mis en place à la suite du transfert de la Sécurité civile et nous sommes arrivés au terme de ce que pouvait amener ce système", pose le chef de l'exécutif. "Nous avons engagé, depuis un an, des travaux de telle manière qu'on puisse définir une politique publique de gestion des risques au niveau de la Nouvelle-Calédonie. Nous avons le soutien de deux provinces, d'un certain nombre de communes. Nous ne sommes pas arrivés, encore, au terme de ce travail." Mais d'annoncer : "Nous allons, dès le troisième trimestre de cette année, enregistrer [la] création d'un centre d'urgence, qui va pouvoir centraliser l'ensemble des besoins en matière d'appel."
Un rapport de la Chambre des comptes sur la sécurité civile
Et quid du statut de pompier ? "Une question qui est aussi à l'ordre du jour", dit Louis Mapou, en rappelant : "Il y a eu un grand conflit des sapeurs-pompiers, lors de la présidence de Philippe Germain, sur lequel nous ne sommes pas revenus. Mais la Chambre territoriale des comptes vient de rendre un rapport sur la sécurité civile en Nouvelle-Calédonie, avec un certain nombre de recommandations que nous allons devoir travailler de telle manière qu'à la fin 2024, nous puissions déjà être dans une dynamique collective".
"Nous avons les moyens"
Le président du gouvernement écarte l'idée que la compétence devrait revenir à l'Etat. "Je reste convaincu que nous avons les moyens. Simplement, nous devons surmonter une des difficultés que nous rencontrons : la multiplicité des acteurs. Nous sommes arrivés aux limites de ce système. Nous allons devoir, c'est ce que nous avons commencé, engager un travail de telle manière qu'on puisse regrouper les efforts."
Ces déficits que la Calédonie "traîne"
Autre sujet brûlant du moment, la situation financière d'Enercal et les positions prises sur le sujet. "Nous traînons des déficits depuis plusieurs années, j'aurais bien voulu que mes prédécesseurs s'en occupent", se défend l'invité du JT. "Il faut qu'on revienne à la raison. Il y a des concessions faites avec les distributeurs d'électricité. Nous n'avons pas décidé de tout réaffecter. Nous avons simplement demandé de regarder jusqu'où on pouvait toucher le pourcentage prélevé par les mairies auprès des concessionnaires, de telle manière qu'on puisse faire des efforts en faveur des autres besoins que nous avons.
La Nouvelle-Calédonie a les moyens de prendre en charge un certain nombre de besoins mais cela passe par des réformes sur le fond.
Louis Mapou, président du gouvernement
Besoin de "discussions de fond"
Ces dossiers de taille qui prennent du temps à être gérés laissent comme une impression de paralysie. Pour Louis Mapou, c'est moins lié aux négociations sur l'avenir institutionnel qu'aux "discussions entre les groupes au Congrès (…) Les urgences font partie des priorités que nous avons décidé de traiter depuis que nous sommes arrivés en 2021. Je pense que nous sommes en train d'en sortir", déclare-t-il. "Ce sont les derniers grands sujets : le Ruamm, Enercal, le nickel qui s'invite… Tous ces sujets, pour pouvoir les traiter convenablement, doivent faire l'objet de discussions de fond sur la base des propositions de textes que nous faisons au Congrès."
Engagement sur le nickel
Concernant la situation de la filière nickel, en particulier les difficultés des trois usines, le chef du gouvernement se montre optimiste. "C'est l'engagement que nous avons pris avec la province Nord, la province du Sud et l'Etat : d'arriver à un accord-cadre d'ici fin janvier. Il est réalisable, il y a simplement des étapes à franchir (…) Lorsque la mission [du ministère de l'Economie] reviendra, mi-janvier, nous aurons à examiner ensemble les desiderata des uns et des autres mais sur la base des plans qui nous auront été évoqués par les trois industriels pour qu'on évalue le besoin demandé en matière de soutien des collectivités publiques".
"Une dynamique positive"
Un internaute s'interrogeait : "Entre défaites aux référendums, dégel du corps électoral, échec des politiques actuelles, la position des indépendantistes est-elle encore tenable ?" Réponse de Louis Mapou : "Si elle n'était pas tenable, on n'en serait pas là. Depuis décembre 2021, il y a une situation difficile dans les discussions qui ont été ouvertes. Je constate que depuis trois mois, il y a énormément d'échanges entre les formations politiques locales (…) Nous sommes dans une dynamique qui, pour moi, est positive et peut être constructive".
Un budget bouclé "sans aide de l'Etat"
Autre considération d'un téléspectateur : "La Calédonie est dépendante des fonds de l'Etat et la hausse des impôts est une contrepartie au prêt de l'Etat. Contribuera-t-il à renflouer les budgets si vous ne satisfaites pas à cette exigence ?" Ce qui inspire cette remarque à l'invité politique : "Nous allons boucler le budget 2024 sans l'aide de l'Etat, ce sera la première fois depuis que je suis arrivé (…) Nous sommes sur la bonne voie. Il faut maintenir les efforts." L'occasion de répondre aux détracteurs en matière de fiscalité.
On a à peine commencé sur les mesures fiscales que les uns et les autres parlent de matraquage fiscal. On n'y est pas encore.
Louis Mapou
L'occasion, également, de réitérer ses vœux à la Calédonie pour 2024. "Surtout demander qu'on ait une préoccupation la plus importante pour la vie humaine. Beaucoup d'incendies, beaucoup d'accidents, beaucoup de conflits, beaucoup de violences intrafamiliales. Il faut qu'on fasse attention à nos vies, parce que notre pays est petit, nous ne sommes pas nombreux, et l'impact de ce que nous faisons est important."
Il faut une grande préoccupation de la part des responsables politiques pour que cette année 2024, nous puissions sortir la tête de l'eau.
Louis Mapou