Milakulo Tukumuli sur la réforme du Ruamm : "Il faut un peu de courage politique"

L'invité politique du dimanche : Milakulo Tukumuli ©NC La 1ère
A l’issue d’une semaine de forte contestation dans le pays autour du projet de réforme du Ruamm, Milakulo Tukumuli était l’invité du JT ce dimanche 12 mars. Le président de l’Eveil océanien, qui porte ce texte au Congrès, est revenu sur les points positifs de son projet et les possibilités d’évolution au sein de la nouvelle commission spéciale.

Le conflit est désamorcé mais les contestations persistent. La semaine dernière, plusieurs milliers de personnes avaient manifesté dans les rues de Nouméa et de Koné pour protester contre le projet de réforme du système de protection sociale, porté par Milakulo Tukumuli et soutenu par les indépendantistes. Un protocole d’accord a finalement été signé vendredi matin entre le collectif Agissons solidaire, le président du Congrès et le président de l’Eveil océanien.

"Dire qu’il n’y a pas eu de concertation est un pur mensonge" 

Interrogé sur la création tardive de cette nouvelle commission de travail au moment où la colère s'intensifiait, Milakulo Tukumuli explique : "Nous avons, tout d’abord, évité que le pays s’embrase. En tant que responsable politique, c’est notre devoir de préserver la paix." Avant de rappeler que des concertations avaient déjà été menées, l’année dernière.  "Nous travaillons depuis un an et demi sur ce projet qui a été déposé en juin 2022 sur le bureau du Congrès et nous avions créé un groupe de travail avec l’ensemble des partenaires sociaux et d’ailleurs le texte aujourd’hui n’est plus tout à fait celui de l’Eveil océanien. C’est celui qui a été porté par le groupe de travail. Consensus a été trouvé. Il reste des points de désaccord notamment sur le taux de 13,5%. Mais dire qu’il n’y a pas eu de concertation est un pur mensonge."

Avec trois élus Eveil océanien du Congrès, huit indépendantistes et cinq non indépendantistes, la composition annoncée de cette commission pose la question de l’équilibre. Milakulo Tukumuli relativise : "La commission n’est pas encore créée, c’est le Congrès de la Nouvelle-Calédonie qui a la capacité de la créer. Je suis président de la commission permanente, je déposerai une proposition de délibération pour créer cette commission, on espère l’adopter le 20 mars prochain."  

Pourquoi ne pas repartir à zéro ?

Après cet épisode de vives tensions, l’idée de retirer le texte du Congrès et de repartir à zéro n’est pas envisageable pour Milakulo Tukumuli. Car "les problèmes du Ruamm, on les connaît depuis longtemps. Je suis arrivé dans les institutions en 2019, j’entendais parler du Ruamm, on connaît ses difficultés. Le pire, c’est qu’on connaît les solutions aussi. Le rapport de l’Igas est là." L'Inspection générale des affaires sociales préconise une réforme globale et profonde du système de santé. "Les solutions, on les connaît, il faut juste un peu de courage politique pour les mettre en oeuvre".

"Tout le monde sort gagnant de cet accord" 

Milakulo Tukumuli se défend d’avoir voulu créer un clivage social en pointant du doigt, dans un communiqué signé de l'Eveil océanien, les manifestants " riches déguisés en pauvres" qui dénonçaient pendant le conflit les difficultés quotidiennes des Calédoniens. "Ce n’est pas moi qui ai créé un clivage social. Tout le monde a personnifié la réforme en mettant un visage dessus, mais là on parle de la préservation d’un système de solidarité, la protection sociale d’une manière générale, et du Ruamm en particulier. Donc cet accord [de discussions] vient juste rappeler que les difficultés dans notre pays ne sont pas dans la rue mais autour de la table. C’est ce qu’il s’est passé jeudi soir et je crois qu’il faut s’en féliciter car tout le monde sort gagnant de cet accord.

"Un taux unique n’est pas le souci, c’est le taux qui pose problème"

Dans ce projet de réforme du Ruamm, les bas salaires seront touchés par cette réforme, bien que les exonérations de cotisations seront annulées. Les cotisations des travailleurs indépendants devraient, elles, tripler. Pour Milakulo Tukumuli, il faut "changer de paradigme, en se demandant si on souhaite que les travailleurs indépendants aient la même couverture que les salariés, contractuels, fonctionnaires. Nous disons oui, il n’y a aucune raison que cette catégorie d’actifs ait les mêmes prestations avec des taux de cotisation différents". Et sur la possibilité de revenir sur ce taux de 13,5%, d’expliquer "Un taux unique n’est pas le souci, c’est le taux qui pose problème. Et là, c’est la confrontation d’idéologies entre le travail et la fiscalité. Mais ce taux sera bien sur la table des négociations. Comme il l'a été depuis le début du groupe de travail.