Nouvelle-Calédonie: l'IGAS préconise une "réforme globale et profonde" du systéme de santé

C.H.T Gaston Bourret à Nouméa
Le systéme de santé de Nouvelle-Calédonie a besoin d'une réforme "globale et profonde", compte tenu de son manque d'outils de régulation et de pilotage qui mettent en péril sa pérennité, a conclu l'Inspection générale des affaires sociales dans un rapport publié mercredi.     
Sollicitée par le gouvernement calédonien, l'Igas a mené depuis février "une mission d'appui-conseil" sur l'organisation de la protection sociale et de la santé, qui traverse une crise financière et de gouvernance.     

Dette cumulée

Qualifiée "d'électron libre", la CAFAT (Caisse de protection sociale, ndlr) accuse une dette cumulée de 23,7 milliards de Francs Pacifique (FCFP) (197,5 millions euros) et un déficit estimé pour 2018 de 9,9 milliards FCFP (82,5 millions euros). Les libéraux de santé contestent ces chiffres.            
   
"La mission recommande qu'un ensemble ambitieux et cohérent de mesures qui font sens, soit adopté marquant la claire volonté de faire bouger sérieusement et durablement les choses", indiquent Philippe Calmette et Jean-Louis Rey, membre de l'Igas, qui ont présenté leur rapport lors d'une conférence publique mercredi soir.      
    

Absence d'objectif       

Les experts ont notamment relevé l'absence d'objectif annuel de dépenses d'assurances maladie, d'organe de régulation lisible et reconnu, de système partagé d'information, de plan de santé numérique ou encore de plan stratégique à moyen terme sur les enjeux de santé.      
 

Réforme de la CAFAT          

En tout, 35 recommandations ont été regroupées sous 11 volets. Une réforme de la CAFAT, la création d'une Autorité indépendante de régulation, d'une commission des comptes de la protection sociale ainsi que la fixation chaque année "d'un objectif de maîtrise des dépenses" sont préconisés.       
           

Supression de l'agence sanitaire et sociale

L'Igas prescrit en outre la compensation "intégrale" à la CAFAT des allégements de cotisations (11,2 milliards FCFP en 2018) et la suppression de l'Agence sanitaire et sociale par laquelle transite chaque année "de manière opaque" 44 milliards FCFP d'impôts et taxes.  
   

Volonté politique

La volonté politique, depuis vingt ans, d'améliorer le niveau sanitaire et social de la population et la mobilisation "de moyens de financements significatifs" (23% du PIB en 2018) ont en revanche été soulignés comme des points positifs par l'Igas.
       
"C'est un rapport de grande qualité. (...) Les préconisations vont permettre de passer d'une organisation archaïque à un système moderne, structuré à tous les niveaux", a déclaré aux Nouvelles-Calédoniennes, Philippe Germain, président du gouvernement.