Elle est originaire de Madagascar, dans cet Océan indien où baigne également Mayotte, située non loin. Quand L’Oreille… rencontre Malala Andrialavidrazana, pour parler avec elle de sa fresque Figures, le cyclone Chiro n’a pas encore dévasté Mayotte [nb : "L’Oreille est hardie" consacrera dans un prochain numéro une émission à l’île de Mayotte qui mettra un long moment à se relever du lourd bilan humain et matériel de cette catastrophe].
L’artiste entreprend ces photomontages depuis 2015, depuis la prise de conscience d’un paroxysme de la violence, notamment à la suite des attentats parisiens de Charlie Hebdo et du Bataclan. Et c’est à la fois pour raconter le monde tel qu’il est - c’est-à -dire sans les invibilisations de l’Histoire écrite par les peuples dominants - et à la fois pour montrer "un monde plus bleu", comme elle le dit elle-même. Écoutez-la expliquer tout le sens de son impressionnante fresque Figures présentée au Palais de Tokyo, dans le podcast L’Oreille est hardie :
Grand(e) Å“uvre
"Je suis une petite femme…" Tels sont les premiers mots de l’autoportrait signé Malala (prononcez Malal) Andrialavidrazana que L’Oreille est hardie demande à chaque numéro aux invités de dresser. Heureusement le talent ne se mesure pas à la taille des artistes, ni à la taille de leurs œuvres. Et pourtant, c’est une immense fresque que vous pourrez admirer au Palais de Tokyo jusqu’au 5 janvier prochain, une œuvre photo-montage impressionnante par sa certaine démesure mais pas seulement.
Malala fait bonnes Figures
Cette fresque qui porte le titre Figures - comme l’ensemble de la série de tableaux de ce type qu’elle crée donc depuis 2015 - fourmille de détails et multiplie les sources et raconte d’un bout à l’autre, un nombre incalculable d’histoire toutes liés au regarde que pose l’artiste d’origine malgache sur le monde. Et pour autant, son tropisme de l’Océan Indien n’explique pas tout.
Bouts à bouts
Malala collecte tout : gravures issues de l’art académique, des billets de banques, des planisphères, images savantes ou non, pochettes d’albums de musique, éléments venus de la pop culture (Bandes dessinées, cinéma…), tous ces éléments qui entrent dans la composition de ses tableaux lui parlent et évoquent un pan de l’histoire du monde, de ses évolutions, de ses peuplements en douceur ou en douleur avec pas mal d’images évoquant les chocs de civilisation que peuvent, par exemple, constituer esclavage et colonisation…
Écoutez L’Oreille est hardie…
Malgré toutes les interprétations de son œuvre qui lui sont demandées, Malala Andrialavidrazana n’en démord pas : c’est à chacun, à chaque visiteur, de se faire sa propre opinion, de puiser dans cette monumentalité toutes les interprétations possibles, selon sa propre condition, selon ses propres considérations.
Ce à quoi L’Oreille… consent malgré, qu’elle le veuille ou non, un tropisme qui la pousse - peut-être inconsciemment donc - à distiller dans sa fresque bon nombre d’illustrations tournant autour des peuples dits "dominés" à travers l’Histoire et le monde… Quoi qu’il en soit et quelque soit sa finalité, Figures nous pousse à l’observation, à la réflexion et provoque des sensations : l’artiste et sa fresque sont d’ores et déjà à saluer pour cela.
Malala Andrialavidrazana dans L’Oreille est hardie, c’est par ICI !
Ou par là :
"Figures", fresque de Malala Andrialavidrazana à voir jusqu’au 5 janvier au Palais de Tokyo.
Le livre "Figures" en lien avec l’exposition est publié aux editions Dilecta.