New Century Resources retire son offre, l'usine du Sud pourrait fermer

Usine du Sud (nickel et cobalt) Vale Nouvelle-Calédonie
La rumeur a été confirmée : l'Australien New Century Resources se retire des négociations exclusives pour le rachat de l'usine du Sud. Dans cette situation, le groupe Vale et sa filiale calédonienne envisagent un arrêt de l'activité. Explications.
La rumeur est devenue réalité mardi matin. Alors que la période de négociation exclusive ouverte le 26 mai entre Vale et l'Australien New Century Resources, alias NCZ, arrivait à son terme, la nouvelle est tombée sur le site du groupe dédié aux métaux de base. 
 

Sans ambiguïté 

Une annonce sans ambiguïté : « New Century Resources Limited informe que l'entreprise a décidé de ne pas poursuivre en présentant d'offre ferme pour la reprise potentielle de 95 % des actions émises par Vale Nouvelle-Calédonie SAS, qui possède et exploite la mine de nickel et de cobalt de Goro en Nouvelle-Calédonie. » 
 

Larges négociations

L’Australien, qui a récemment vu l’un de ses actionnaires (IGO, détenteur jusqu’au début du mois de 18,4 % des parts) quitter le groupe pour des divergences sur le dossier calédonien, n’a donc pas finalisé le dossier, en dépit de l'avancée des négociations. « NCZ s'est engagé dans un vaste processus de diligence raisonnable et de négociations commerciales avec Vale, l'Etat français et les autres parties prenantes du dossier concernant le financement du plan simplifié d'investissement et des besoins généraux en fonds de roulement à long terme », ajoute NCZ. 
 
Accès à la mine de l'usine du Sud en janvier 2020, image d'illustration.
 

Fort potentiel

New Century rappelle également les négociations menées avec la province Sud sur les exigences environnementales. Et avec la SPMSC (Société de participation minière du Sud calédonien), structure actionnaire de VNC au nom des trois provinces. Autant d'étapes franchies pour aboutir à la conclusion d'un « fort potentiel pour mener sur le long terme des opérations durables ». Mais des négociations qui n'ont pu aboutir à un scénario équilibré, entre risques et rendements, aux yeux des partenaires de New Century Resources. 
Le communiqué de New Century Resources (en anglais) :  

« Soins et entretien »

Vale a rapidement confirmé ce retrait de NCZ des négociations exclusives engagées fin mai, prolongées fin juillet et désormais closes. Le groupe brésilien a précisé, lui aussi par voie de communiqué (à retrouver ici en anglais), qu'il va maintenant « engager les étapes nécessaires pour placer VNC "on care and maintenance" ». Expression anglaise traditionnellement utilisée pour désigner une installation minière mise en sommeil le temps d'une éventuelle reprise des opérations. 
 

Les efforts continuent

Dans le même temps, Vale précisait poursuivre ses efforts avec l'Etat, la province Sud, la Nouvelle-Calédonie et la direction de VNC. « Toutes les parties prenantes de cette négociation ont fait des efforts significatifs dans le but d'aboutir à une solution pour un avenir durable de VNC », a commenté Eduardo Bartolomeo, PDG de Vale. 
 

Nous espérons toujours une issue positive et nous travaillons avec toutes les parties engagées, toutes avec cet objectif à l'esprit.
- Eduardo Bartolomeo, PDG de Vale

 
Antonin Beurrier devant la presse, le mardi 8 septembre.

 

Deux scenarii

Une situation précisée mardi après-midi par Antonin Beurrier. Depuis Nouméa, le PDG de la filiale Vale Nouvelle-Calédonie a dépeint deux options, relatées par Erik Dufour dans notre journal radio de 17 heures. 
 

Option 1

Maintenir l'activité jusqu’à la fin d’année 2020 avant - les mots étaient pesés - un programme planifié d’arrêt de l’activité. «Ce n’est pas une menace, ce ne sont pas des éléments de langage, c’est une réalité», a insisté Antonin Beurrier. «Si nous ne pouvons plus payer, nous allons arrêter.»
 

Option 2

Se donner deux mois pour monter un nouveau scénario, avec un nouveau repreneur. Selon le dirigeant de Vale Nouvelle-Calédonie, l’Etat serait prêt à suivre, et à continuer à accompagner financièrement le projet.
 

Actionnariat salarié

Des annonces alarmistes, qui se veulent atténuées par certaines propositions. Par exemple une proposition d’actionnariat salarié. Ça signifierait qu’une partie des salariés de l’usine du Sud accepteraient, d’un côté, de baisser leur salaire, et de l’autre, de prendre une participation financière dans l’entreprise. Ce qui génèrerait un peu de cash, de l’ordre de trois milliards de francs Pacifique d’après Antonin Beurrier. 
 

Vale NC prête à jeter l'éponge

En résumé, le temps est compté et la société Vale, prête à jeter l’éponge. Le PDG n’a pas caché que le climat ambiant, les manifestations et l’attitude de l’Ican, notamment, ont influé sur la décision de New Resources. 
Antonin Beurrier sera mercredi l'invité de la matinale radio et répondra peu après 7 heures aux questions de Charlotte Mestre. 

Et bien évidemment, ces nouvelles ont provoqué de nombreuses réactions. Retrouvez-les ici.  

Le reportage d'Erick Dufour et Nicolas Fasquel : 
©nouvellecaledonie