NICKEL. Les réactions se poursuivent après la mise en sommeil de l’usine du Nord

Vue aérienne de l'usine métallurgique Koniambo nickel SAS.
Dans les sphères politique et économique, comme dans la presse spécialisée, la décision de KNS de mettre sa production sur pause continue de susciter réactions et commentaires.

Deux jours après le séisme provoqué par l’annonce d’une mise en sommeil de l’usine du Nord, la nouvelle continue de secouer le Caillou. Pendant six mois, plus aucune tonne de nickel ne sortira des fours du complexe métallurgique. C’est le temps que s’est donné KNS (Koniambo nickel SAS) pour trouver un successeur au géant anglo-suisse Glencore, qui a annoncé sa volonté de céder ses parts (49 %). Du côté politique, l’information continue de susciter de nouvelles réactions. A l’image de ces propos incisifs de Calédonie Ensemble.


“Pacte nickel : où est l’Etat stratège ?”

Dans un communiqué envoyé ce mercredi, Philippe Gomès presse l’Etat d’en faire plus pour sauver la filière nickel en Nouvelle-Calédonie, face à la concurrence chinoise et indonésienne. L’élu du Congrès estime “que des perspectives sérieuses existent, mais à condition que celles et ceux qui nous gouvernent traduisent leurs paroles en actes”.

Le leader de Calédonie ensemble rappelle ainsi les propos du président Macron quand il déclarait, à Nouméa, en juillet 2023 : “le nickel calédonien est un enjeu stratégique majeur pour la France et pour l’Europe”. Un discours qui fait écho au plan “France 2030” pour “développer la compétitivité industrielle” et “sécuriser l’accès au matières premières”, parmi lesquelles figure le nickel pour la fabrication des batteries de voitures électriques.


Davantage d’investissements

Pour Philippe Gomès, la réponse de Paris reste insuffisante. “Je peine, malgré une attention soutenue, à trouver trace de ces engagements de haut niveau stratégiques dans le pacte nickel calédonien qui se dessine péniblement”. Un pacte dans lequel l’Etat s’engage à soutenir davantage la filière, à condition que les actionnaires des trois usines (KNS, SLN et Prony resources), toutes en grandes difficultés financières, mettent eux aussi la main à la poche. Calédonie ensemble attend de la France et de l’Europe l’engagement à “faire pour le nickel calédonien ce que la Chine a fait pour le nickel indonésien : sécuriser l’accès à “l’or vert”, et investir dans une industrie métallurgique puissante, compétitive et décarbonée”.


Un outil de rééquilibrage menacé

La suspension des activités de KNS est vécue de manière difficile, plus particulièrement chez les indépendantistes, pour lesquels cette usine est, depuis l’origine, un symbole de la politique de rééquilibrage économique. “On va se battre”, a assuré à NC 1ère Dominique Fochi du bureau politique du FLNKS, qui se dit “confiant” envers les institutions - gouvernement local et provinces- “pour trouver les conditions favorables à ce qu’il y ait une reprise de l’activité”. “Nos anciens se sont battus par rapport à la politique de rééquilibrage, poursuit le porte-parole du Front. Il y a toute une dynamique qui s’est installée autour de l’usine du Nord et de la zone VKP (ndlr : Voh-Koné-Pouembout). Il va falloir trouver des solutions pour l’avenir.”

Poursuivre les discussions et vite

Du côté des acteurs économiques, l’inquiétude est manifeste. Dans un communiqué daté de ce mercredi, le Medef-NC salue l’engagement de KNS à préserver les emplois pendant cette période de transition de six mois. Mais il rappelle “la nécessité impérative de trouver un repreneur dans un délai très court sur un marché du nickel sinistré”.

L’organisation patronale appelle à “la plus grande responsabilité de toutes les parties prenantes” et assure qu’elle “sera pleinement investi(e) dans l’identification de solutions constructives permettant d’atténuer les effets de cette décision, notamment via sa participation au comité technique du Gouvernement”. 


La piste Posco évoquée dans la presse

Cette décision de mettre l’usine de KNS sur pause fait aussi réagir bien au-delà de la barrière de Corail,  notamment la presse spécialisée. Dans un long article consacrée à ce sujet, le site Internet l’Usine Nouvelle rappelle le risque d’une crise sociale de grande ampleur, en cas de fermeture de l’usine.

“Reste à trouver la perle rare", résume le journal en ligne. Et ce, alors que Glencore a indiqué sur son communiqué de presse que KNS restait “une opération non rentable”, "même en prenant en compte l’aide proposée par le gouvernement français”. Raison invoquée par le géant suisse : des “coûts opérationnels élevés et (d)es conditions actuelles de forte faiblesse du marché du nickel”.

Parmi les candidats potentiels à cette reprise, la piste d’industriels chinois plane, sans être confirmée par le cabinet du ministre de l’économie Bruno Le Maire, indique l’Usine nouvelle. Autre hypothèse : “le coréen Posco – qui possède déjà une raffinerie de nickel avec SMSP (ndlr : actionnaire majoritaire de l’usine du Nord), afin de traiter en Corée du nickel extrait par les compagnies minières calédoniennes – pourrait aussi être un candidat naturel”.