Depuis le 24 septembre dernier, l’actualité politique a été chargée. Au delà des joutes au Congrès, l’avenir institutionnel du pays a occupé l’avant-scène avec en toile de fond, les effets des sénatoriales. Elections marquées par les victoires surprises de l'indépendantiste Robert Xowie et du non indépendantiste Georges Naturel, "deux légitimités calédoniennes" selon l'ancien maire de Dumbéa.
Dans cette dynamique, celle de sortir du clivage, Calédonie ensemble annonçait il y a quelques jours qu'une journée de travail et d'échanges avait eu lieu entre trois de ses élus et le chef de file du groupe UC-FLNKS au Congrès Pierre-Chanel Tutugoro. Objectif de la rencontre, nourrir les discussions à venir avec l'État. Une actualité qui fait réagir Nicolas Metzdorf. “C’est de l’agitation politicienne" résume le député de la seconde circonscription.
"Depuis toujours on discute avec les indépendantistes ! "
Ce type de discussion sous ce format "bilatéral" n'est pas nouveau selon le député et président de Générations NC. “Depuis toujours on discute avec les indépendantistes! J’ai été par exemple à la foire agricole de Ponérihouen (…) j’ai rencontré le maire et secrétaire général de l'Union calédonienne, Pierre-Chanel Tutugoro. On a parlé durant un long moment des sujets de la Nouvelle-Calédonie, mais je ne n’ai pas fait un communiqué derrière pour dire que le dialogue avait été renoué ! (...) Et de poursuivre, "Calédonie ensemble se sent isolé dans la famille non indépendantiste car il ne travaille pas avec les quatre autres partis. Son seul espace politique aujourd’hui est de faire croire aux Calédoniens qu’il n’y a qu’eux qui parlent avec les indépendantistes. Ce qui est faux."
Le format officiel calé entre le FLNKS, les Loyalistes et l’État continue de se dérouler. C’est d’ailleurs ce qui va se passer cette semaine puisque nous sommes en bilatéral ce lundi avec Rémi Bastille. Puis, mardi et mercredi, il y aura les plénières pour préparer la venue de Gérald Darmanin.
L'espoir d'avancer sur un accord d'ici fin novembre
Concernant l'objectif fixé par la Première ministre, Elisabeth Borne, celui de "créer les conditions préalables d'un dialogue serein et constructif entre indépendantistes et non indépendantistes" avant de parvenir à une réforme de la Constitution, Nicolas Metzdorf tente de rassurer : “On fait les choses sérieusement, un calendrier et une méthode de travail ont été fixés. On a réuni la famille non indépendantiste. Quatre partis non indépendantistes sur cinq ont fait des propositions communes (concernant le fameux document martyr de l'État ndlr) , on s’est mis d’accord en amont. Et on le fait en toute transparence." Nicolas Metzdorf l'assure, "le dialogue se poursuit avec les indépendantistes, tout comme l’idée de trouver un accord qui respecte le résultat du vote des Calédoniens. Et on a bon espoir que d’ici la fin du mois de novembre, avec la venue de Gérald Darmanin, nous ayons beaucoup avancé sur cet accord."
La nécessité de reconstruire la Nouvelle-Calédonie
Parmi les suggestions des Loyalistes et du Rassemblement, comme base aux discussions sur l'avenir de la Nouvelle-Calédonie, on retiendra : la désinscription de la Nouvelle-Calédonie de la liste des territoires à décoloniser à l'ONU, la durée de cinq ans pour devenir citoyen, une "période de stabilité" d'au moins 50 ans, c'est à dire sans référendum, la modification de la clef de répartition, un retour de certaines compétences à l’État, la transformation de prêts Covid en subventions, ou encore que l’État lance une politique de grands travaux à hauteur de 100 milliards.
“La philosophie de nos propositions repose sur le respect du résultat démocratique des trois consultations que nous avons menées, ainsi que sur la nécessité de regarder de l’avant et de reconstruire la Nouvelle-Calédonie après cinq années difficiles parce que des référendums ont clivé la population" explique Nicolas Metzdorf. "Nous verrons cette semaine les contre-propositions de nos partenaires et c’est sur cette base que l'on va bâtir un accord et trouver les équilibres."
S'intégrer davantage dans la région et rendre du pouvoir d'achat aux Calédoniens
Pour Nicolas Metzdorf, “le document martyr proposé par l’État, même s’il n’est pas parfait, correspond à l’état d’esprit que nous avons, à savoir notamment la nécessité de renforcer l’identité calédonienne et le vivre-ensemble calédonien et surtout le retour du développement économique et du pouvoir d’achat pour les Calédoniens.” Un sujet évoqué lors d'une réunion-débat organisée par son parti Générations NC, ce samedi 4 novembre à Païta. "Il y a un véritable besoin d’augmenter le pouvoir d’achat des Calédoniens. L’ISEE a démontré qu’on avait perdu 4,5% en salaire. Samedi, nous avons donc mis tous les professionnels, le Medef, la FINC, la CCI, la CPME, pour nous parler des idées qu’ils développent pour permettre aux Calédoniens de retrouver ce pouvoir d’achat. Plusieurs idées ont émergé sur les prix. Par exemple, on voit qu’on importe 40% de nos produits de l’Union européenne mais le transport représente 30% du coût, donc il faudrait importer nos produits de plus près, par exemple d’Australie et de Nouvelle-Zélande, des puissances à proximité (...) Il faut davantage s’intégrer dans la région parce que les coûts de transport seraient diminués, on aurait des prix plus bas."
Diminuer ou supprimer les charges patronales et salariales
Concernant les salaires, Nicolas Metzdorf assure que "les chefs d’entreprise seraient prêts à augmenter les salaires" si les charges patronales et salariales étaient moins importantes. "Quand on veut augmenter un salaire aujourd’hui en Nouvelle-Calédonie, par exemple de 10 000 francs, ça va couter 15 000 francs au patron et le salarié ne va toucher que 8500 francs à cause des charges patronales et salariales. Il faut donc les diminuer sinon les supprimer, pour qu’une augmentation de 10 000 francs pour un salarié coûte réellement 10 000 francs au patron et rapporte réellement 10 000 francs au salarié."
Diminuer les dépenses publiques
Autre cheval de bataille des Loyalistes et du Rassemblement : les taxes. "On taxe beaucoup en Nouvelle-Calédonie. On paye énormément d’impôts parce qu’on a beaucoup de dépenses publiques. Les récentes Assises de la fonction publique organisées par le gouvernement ont révélé qu'il y avait 100 milliards de masse salariale, en sachant que l’ensemble de nos impôts et taxes rapporte 180 milliards. Ces 100 milliards qui partent en masse salariale, c’est beaucoup trop. Il faut optimiser nos services publics, nos dépenses publiques. Cela fait aussi l’objet de propositions dans le document des Loyalistes.”