Plus nocif que la cigarette classique, le tabac à rouler arrive en tête chez les consommateurs

En Calédonie, le tabac à rouler est particulièrement prisé des jeunes fumeurs.
Face à l’augmentation du prix du tabac, les fumeurs sont nombreux à se reporter sur les "roulées", plus économiques. Au point qu'il est aujourd'hui le tabac le plus consommé. Problème : il est plus dangereux pour la santé que la cigarette industrielle.

C’est l’un des enseignements du dernier Baromètre santé : le tabac à rouler est en plein boom. Certes, le nombre global de fumeurs a baissé depuis 2015. Mais parmi ceux qui continuent de fumer quotidiennement,  61 % disent aujourd'hui fumer du tabac à rouler plutôt que des cigarettes industrielles, contre 47 % en 2015 et 26 % en 2010, années des précédents baromètres santé adultes.


Le prix du tabac en hausse

Cette tendance s'explique par la hausse successive des taxes puisqu’à prix désormais égal, un paquet de "roulé" contient environ deux fois plus de tabac qu’un paquet de 25 cigarettes. Mais quelles répercussions cela peut-il avoir sur la santé des fumeurs, alors que l'objectif de ces augmentations était précisément de lutter contre le tabagisme et ses effets néfastes sur la santé des Calédoniens ? 

Le tabac à rouler est en pleine expansion en Calédonie depuis 2010.



Plus addictif que la cigarette industrielle 

A quantité égale, le tabac à rouler serait deux à trois fois plus toxique qu’une cigarette et trois à six fois plus addictif. Pour comprendre, il faut s'intéresser à la structure de la cigarette. Une roulée est souvent moins bien tassée, avec un papier plus épais. Conséquence, elle brûle moins bien.

La cigarette roulée "s'éteint plus facilement donc quand on n'a plus l'incandescence, on a envie de tirer plus fort pour faire un appel d'air et qu'elle se rallume", précise le docteur Justin Bénet, pneumologue, qui insiste aussi sur l'importance d'utiliser un filtre. "Comme on est toujours en train de tirer un peu plus fort, les particules vont aller plus loin dans l'arbre bronchique (respiratoire, ndlr)".

Cela va être susceptible de faire plus de cancers difficiles à traiter. 

Dr Justin Bénet, pneumologue.

Facteur de cancer et d'asthme

En Calédonie, le cancer du poumon est le deuxième cancer du pays. Neuf cancers broncho-pulmonaires sur dix sont liés à la consommation de tabac. Or, fumer est aussi un facteur aggravant pour d'autres maladies comme l'asthme. 

C'est chez les jeunes de 18-24 que le tabac à rouler est le prisé. Plus de huit sur dix en fument tous les jours. 

Répartition du type de tabac fumé, par tranche d’âge, parmi les fumeurs quotidiens.



"Ni l'un, ni l'autre n'est bon"

Et si tirer plus fort ne fonctionne pas, il faut rallumer la cigarette. Ce qui fait qu'au final, une cigarette roulée implique bien souvent plus de combustion, donc plus de particules fines et de monoxyde qui vont se loger plus loin dans les bronches. Pour autant, hors de question pour le Dr Bénet de dire que telle cigarette est mieux qu’une autre. Entre tabac à rouler et cigarette classique, "il faut rappeler que ni l'un ni l'autre n'est bon", insiste le pneumologue. "Toute combustion et tout tabac sont mauvais". 

Les précisions du docteur Bénet


La cigarette électronique dans le viseur

Le docteur Pascale Domingue Mena, responsable des études à l’Agence sanitaire et sociale, qui a coordonné le baromètre santé adultes, plaide aussi pour une égalité de traitement pour toutes les cigarettes. " Il faut maintenir la taxe tabac sur le paquet de cigarettes et continuer à l'augmenter. Il faut réfléchir à une taxation sur le tabac à rouler. Mais il faut aussi réfléchir sur une taxation sur la nicotine de la cigarette électronique"

La vapoteuse est en effet le nouveau cheval de bataille des autorités sanitaires. Selon le dernier baromètre santé, plus de deux tiers des 18–24 ans l’ont expérimenté et 6 % des adultes calédoniens en font usage tous les jours.