Au Congrès, les élus de l'Eveil océanien sont les faiseurs de majorité. Les non-indépendantistes peuvent compter sur 25 conseillers, sur 54. Et les indépendantistes sur 26. L'Éveil océanien n'a plus que deux élus, Maria Isabella Saliga-Lutovika ayant décidé de quitter le groupe. Mais cela suffit à arbitrer. Et pour la cinquième fois, mercredi, lors de l'élection du président du Congrès, ils choisiront la candidature indépendantiste. Pareil au gouvernement, contrairement à 2019, où ils avaient soutenu Thierry Santa.
Nous avons l’impression que tout oppose les non-indépendantistes. Le fossé est abyssal.
Milakulo Tukumuli, président de l'Eveil océanien
Milakulo Tukumuli, le président du mouvement, l'a annoncé ce dimanche soir au journal télévisé de NC la 1ère. "On choisit la continuité." Pour lui, "il n’existe pas de majorité alternative dans notre pays. Lorsque nous observons ce qu’il se passe chez les non-indépendantistes, nous avons l’impression que tout les oppose. Que ce soit sur les politiques publiques, sur la vision de l’avenir institutionnel, sur les candidatures au Sénat ou au Congrès. Le fossé est abyssal." À ses yeux, il n'y a qu'une "seule majorité qui a été construite, c’est celle avec les indépendantistes", "même s'il a fallu cinq mois, en 2021, pour que Louis Mapou soit désigné" président du gouvernement.
Pour réformer, il faut une majorité clairement définie.
"Pour réformer, il faut une majorité clairement définie." Or, les réformes sont indispensables pour sortir la Nouvelle-Calédonie de la crise financière dans laquelle elle se trouve, poursuit Milakulo Tukumuli. Il assure ne pas fermer la porte aux non-indépendantistes. "S'ils venaient à ma rencontre pour dire 'on a un projet pour redresser le pays ou une vision sur l’avenir institutionnel', peut-être que là, on pourrait commencer à discuter", lance-t-il.
La commission permanente en échange ?
"Quand je parle de stabilité et de continuité, bien sûr, je sous-entends qu’au Congrès et au gouvernement, les choses n'évoluent pas", précise-t-il. Revenant sur 2019. "On a essayé de partager le pouvoir. Aucun texte n’est passé", caricature le président de l'Eveil océanien.
En échange de leurs voix, les élus de l'Eveil océanien demanderont à nouveau la présidence de la commission permanente, Milakulo Tukumuli ne s'en cache pas. "Elle nous donne droit à des moyens pour travailler. Avec trois élus, vous n'avez rien."
Quid de la troisième voie ?
Quid du "non pas maintenant" et de la troisième voie prônée aux référendums ? Milakulo Tukumuli assure qu'élire un président indépendantiste n'est pas soutenir l'indépendance. Il s'est surtout dit conforté dans sa position par le président de la République et le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer. "Ils sont clairement dans un non pas maintenant mais sans vraiment le dire."
Nous avons l’opportunité de construire une souveraineté partagée. Pas n’importe quelle indépendance, pas une indépendance avec le ventre vide, au bord de la route, comme le disait souvent Paul Néaoutyine.
"Ils confirment la citoyenneté calédonienne et le droit à l’autodétermination. On ne peut pas faire comme si les trois référendums n’avaient pas eu lieu. Mais on ne peut pas non plus faire comme si les deux accords signés par nos pairs n'étaient pas des accords de décolonisation, donc l’émancipation continue", précise le président de l'Eveil océanien. Il ira à Paris défendre cette position. Discuter du dégel du corps électoral également. Pour lui, "il ne doit pas se résumer à l'élection aux provinciales".
L'intervention complète de Milakulo Tukumuli au journal télévisé du dimanche 27 août, sur NC la 1ère :