Les perspectives sont pessimistes mais tout est mis en œuvre pour passer la crise. C'est le message envoyé ce mercredi matin par Aircalin. Deux mois après le début des émeutes, qui ont eu des conséquences lourdes sur le trafic aérien, la compagnie a détaillé sa triple réponse pour tenter de faire face à une situation très difficile.
Affectée par la crise que subit actuellement la Nouvelle-calédonie, Aircalin est contrainte de prendre des mesures pour préserver sa pérennité et adapter son modèle à la nouvelle réalité du marché. Ces mesures concernent les opérations, l'emploi et la gestion de la trésorerie.
Air Calédonie international, le 10 juillet 2024
1Suspension des lignes de Melbourne et Tokyo
Premier volet décidé par le conseil d'administration, l'allègement du programme de vols et le redimensionnement du réseau. En particulier :
- la suspension immédiate de la desserte de Melbourne, en Australie, relancée il y a à peine sept mois.
- et la suspension de la desserte de Tokyo-Narita, au Japon, "à partir de septembre, jusqu'à nouvel avis". Dans l'intervalle, la destination "sera ramenée à un seul vol par semaine aux mois de juillet et août".
À noter également la réduction des fréquences des vols avec :
- Sydney, deux par semaine au lieu de trois. "Au moins un vol hebdomadaire sera opéré en A330 en milieu de semaine afin de répondre aux besoins d'évasan et d'approvisionnement du territoire par le fret".
- Brisbane, un à deux par semaine, "selon les périodes", au lieu de trois.
- Auckland, en Nouvelle-Zélande, un à deux par semaine au lieu de trois.
- Papeete à Tahiti via Fidji, un par semaine au lieu de deux, en A320 ou en A330 en fonction de la demande.
Concernant :
- Wallis, la fréquence sera d'un à trois vols par semaine selon les périodes.
- Port-Vila au Vanuatu, la desserte "reprendra pendant les vacances scolaires d'août à raison d'un seul vol par semaine en A320".
Aircalin résume cette liste sur son site internet.
A cela s'ajoutent les annonces de suspension faites par Air New Zealand pour le Nouméa-Auckland et Qantas pour le Nouméa-Brisbane. "Dans le cadre de ses accords de code-share, Aircalin n'est plus en mesure de commercialiser les vols de ces compagnies sur cette période".
Georges Selefen, directeur général d’Aircalin, au micro de Sheïma Riahi et Claude Lindor
2Une partie du personnel en chômage partiel
Le deuxième train de mesures est présenté comme "le maintien des effectifs, grâce à la mise en place du chômage partiel pour une partie des salariés". Et cela depuis le 1er juin. Il s'applique essentiellement au personnel navigant et au personnel d’exploitation, "en sous-activité", en attendant l'éventuelle ouverture d'une ligne Nouméa-Paris via Bangkok en Thaïlande d’ici la fin de l’année. Cela touche 35 à 40 % des employés, soit 260 personnes sur les 460 que compte la compagnie.
3Des investissements mis en pause et des reports d'échéances
Le troisième axe vise à préserver la trésorerie. Cela passe par la mise entre parenthèses d'investissements qui étaient envisagés. Mais aussi le report des échéances telles que le remboursement des prochaines traites du prêt garanti par l'Etat qui a été contracté pendant la crise Covid, ou celles liées au récent renouvellement de la flotte.
Les deux tiers des vols prévus entre le 13 mai et le 7 juillet ont été annulés
Pour ce qui est des rotations assurées par Aircalin jusqu'au 21 juillet, elles continuent "sur la base d'horaires dégradés en raison des contraintes aéroportuaires qui restent d'actualité" (détail à consulter ici). Rappelons que Tontouta a été fermé du 13 mai au 5 juin. La compagnie en dresse un bilan chiffré.
- Entre le 13 mai et le 7 juillet, 317 vols ont été annulés sur les 477 programmés. Cela représente 66 % des vols, pour 29 005 passagers affectés.
- Sur cette période, 160 vols ont été maintenus (34 % du programme, soit 19 272 passagers transportés.
- Sur ces 160 vols opérés, 37 l'ont été à la demande des autorités, pour les rapatriements ou pour transporter des personnels et du fret.
- Onze vols charters ont été également déclenchés sur sollicitation des autorités.
A cette baisse brutale d'activité s'ajoutent des perpectives pessimistes de reprise des voyages en général et du tourisme en particulier. Une baisse du trafic global d'au moins 50 % est attendue pour les mois à venir.
Air Calédonie international, le 10 juillet 2024
Et comme un rappel de la situation instable que subissent à la fois le pays et sa compagnie internationale, l'agence d'Aircalin a subi mardi soir une tentative d'intrusion.
Synthèse dans ce reportage de Sheïma Riahi et Claude Lindor