Que dit le bilan de l’Accord de Nouméa sur les provinces ? Rééquilibrage politique, économique, et exercice des compétences, Dave Waheo-Hnasson a dressé le bilan de ces années sous l’angle provincial.
Quel bilan pour le rééquilibrage ?
Invité du journal télévisé avec Thérèse Waïa ce dimanche 18 juin, Jacques Lalié, à la tête de la province des îles Loyauté depuis quatre ans, a évoqué cette période de rééquilibrage.
Trente-cinq ans d’accords de Matignon et de Nouméa ont-ils été bénéfiques pour le développement économique et le quotidien des habitants des îles ? "Le bilan est bénéfique mais peut-être pas suffisamment puisque les choses n’ont pas été mises en place pour qu’on soit efficace dans la mise en œuvre des politiques publiques" estime Jacques Lalié.
Selon lui, les îles Loyauté sont les lésées du rééquilibrage et de l’Accord de Nouméa. "Notre réalité n’est pas très bien prise en compte" dit-il, évoquant la particularité de sa province faite de trois îles différentes et des difficultés que cela entraîne.
Ou de souligner la problématique des compétences comme l’aide médicale ou l’enseignement privé, "que la Nouvelle-Calédonie aurait dû prendre en charge, au moins en partie" estime Jacques Lalié. "Ça handicape vraiment la volonté politique de promouvoir le développement économique".
"Le président de province a certainement beaucoup plus de pouvoirs dans le cadre de ses compétences que le président du gouvernement", mais "si les compétences qui appartiennent à la Nouvelle-Calédonie ne sont pas réparties comme il faut, on sera toujours handicapés pour faire le travail sur le terrain".
Faut-il revoir la clé de répartition ?
À l’heure actuelle, le budget de la province des Îles bénéficie d’une clé de répartition du budget de la Nouvelle-Calédonie qui est supérieure au poids de sa population : 18 % de la clé de répartition pour 7 % de la population. Avec 18 % de la population, le Nord reçoit 32 % de la part du budget et 50 % pour le Sud, avec 75 % de la population calédonienne. Une situation régulièrement dénoncée par les élus du Sud qui réclament une révision de cette clé de répartition.
Jacques Lalié estime que les Loyauté sont "handicapées par rapport à une situation coloniale qui a conforté Nouméa".
"Il faut d’abord revoir les taxes affectées, parce que les structures de développement sont toutes basées à Nouméa, les chambres consulaires, etc. On démantèle le budget de la Nouvelle-Calédonie, donc les effets induits de la clé de répartition, il faut d’abord soigner tout ça et après, on pourra en parler".
"Pour asseoir le développement économique, il faut un marché et le premier marché qui doit aider à ça, c’est la fonction publique. Nous prenons en charge les médecins alors que dans les deux autres provinces, il y a des hôpitaux. Il y a vraiment quelque chose qui manque et qu’il faudra qu’on revoie" conclut Jacques Lalié.
L’hôtel Wadra Bay en octobre
Initialement attendu en 2021, l’hôtel cinq étoiles qui ouvrira dans la baie de Wadra à Lifou sous la bannière de l’InterContinental a pris du retard. Mais Jacques Lalié l’a confirmé, l’ouverture est proche.
"Quand on avait lancé le projet, c’était d’abord un quatre étoiles et aujourd’hui, c’est un cinq étoiles. Aujourd’hui, le partenaire est beaucoup plus exigeant et donc, on a du retard des travaux avec la crise économique et la crise sanitaire [du Covid]. On a bien avancé, on a prévu qu’à la fin août, ce soit terminé. On démarrera la marche à blanc pendant deux mois et on devrait inaugurer pendant la première quinzaine d’octobre" annonce le président Lalié.
Un aéroport international et une compagnie régionale ?
Pour développer encore plus les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie sur les îles, Jacques Lalié compte sur les projets d’aéroport international et de compagnie régionale Air Océania.
"Pour l’aéroport international, c’est une infrastructure de la Nouvelle-Calédonie. On vient de voter 200 millions au Congrès pour pouvoir terminer la partie fret", explique Jacques Lalié, qui rappelle ses interventions auprès de l’État pour classer l’aéroport comme international.
Concernant le projet de compagnie régionale Air Océania, l’idée est de pouvoir offrir des billets d’avion à moindre coût tant pour les touristes que pour les locaux. "Mais il y a aussi une dynamique d’emmener des passagers pour remplir Aircalin à partir d’ici, de faire de Tontouta une plateforme aéroportuaire qui est intéressante. Et derrière tout ça, on demanderait de diminuer un peu les tarifs d’atterrissage. C’était cette idée. Aujourd’hui, Air Loyauté va être à Wallis et Futuna à partir de début 2024, il y a des partenaires qui veulent rentrer avec nous, et s’ils le veulent, on sera obligé de transformer la société", explique Jacques Lalié.